Le maire de Minneapolis a déclaré, lundi 12 avril, l’état d’urgence et décrété un couvre-feu après les échauffourées qui ont suivi la mort dimanche de Daunte Wright, un jeune Afro-Américain tué par la police dans la banlieue de cette grande ville du nord des États-Unis.
« La douleur que nous ressentons ne peut pas se traduire par la violence, la destruction de moyens d’existence ou de petits magasins locaux », a expliqué Jacob Frey, en annonçant un couvre-feu de 19 h à 6 h locales, qui sera également en vigueur dans les trois comtés de l’agglomération. Il a souligné que les forces de l’ordre et la Garde nationale du Minnesota seraient déployées en nombre.
Le président américain Joe Biden a quant à lui déploré lundi cette mort « tragique » tout en appelant les manifestants à rester « pacifiques ». « Ce qu’il s’est passé » dimanche à Brooklyn Center, une banlieue de Minneapolis, « est vraiment tragique mais je pense qu’il faut attendre de voir ce que nous dira l’enquête », a-t-il déclaré aux journalistes depuis le Bureau ovale. Les manifestations pacifiques » sont « compréhensibles », a-t-il ajouté. « En attendant, je veux le redire clairement: il n’y a absolument aucune justification, aucune, aux pillages.
« Un tir accidentel » selon la police
Daunte Wright, 20 ans, a été tué dimanche par une policière qui a « sorti son arme à feu à la place de son taser », un pistolet à impulsion électrique censé être non létal, a déclaré le chef de la police de Brooklyn Center, Tim Gannon lors d’une conférence de presse lundi.
Le véhicule de Daunte Wright, qui roulait avec sa petite amie, a été stoppé pour un contrôle routier. Les policiers se sont alors aperçus qu’il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt et ont tenté de l’interpeller.
« L’agente avait l’intention d’utiliser son taser mais au lieu de cela, elle a tiré une seule balle » sur Daunte Wright, a expliqué le chef Tim Gannon. Pour étayer ses propos, il a présenté l’enregistrement du drame par la caméra-piéton de la policière.
Sur ces images, on voit des agents sortir le jeune homme de son véhicule et commencer à lui passer les menottes quand Daunte Wright remonte brusquement dans sa voiture et tente de se dégager de la pression d’un agent.
On entend la policière crier « taser, taser », pour signaler qu’elle va tirer. À la place, un coup de feu résonne. La voiture continue de rouler quelques centaines de mètres avant de heurter un autre véhicule.
La policière, qui était « expérimentée » selon son chef, a été placée en congé. Son nom n’a pas encore été rendu public. « Elle a le droit d’être entendue et de donner sa version », a affirmé le chef de la police, réagissant aux appels à limoger la policière.
Colère à Minneapolis
Le décès de Daunte Wright a ravivé la colère à Minneapolis, cette grande ville des États-Unis, qui s’était embrasée après la mort de George Floyd, le 25 mai 2020, sous le genou du policier blanc Derek Chauvin.
Dimanche soir, quelque 200 manifestants ont protesté devant le poste de police de Brooklyn Center.
Des échauffourées ont opposé les manifestants et les forces de l’ordre, et une vingtaine de magasins ont été pillés, selon les autorités locales qui ont arrêtés une trentaine de personnes. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes pour disperser la foule.
Le maire de Brooklyn Center a finalement décrété un couvre-feu et quelques 500 soldats de la Garde nationale ont été déployés pour ramener le calme.
Un nouveau drame en plein procès du meurtre de George Floyd
La région est déjà sous haute tension puisque c’est à Minneapolis que se déroule le procès de Derek Chauvin, le policier blanc accusé du meurtre de George Floyd l’an dernier.
La mort de ce quadragénaire afro-américain avait été à l’origine d’une vague historique de manifestations antiracistes aux États-Unis et dans le monde.
Dans ce climat tendu, l’avocat de Derek Chauvin a demandé lundi matin au juge Peter Cahill, qui préside ce procès historique, de placer immédiatement les jurés à l’écart pour empêcher qu’ils ne subissent des pressions.
« Je comprends qu’il y ait des troubles civils » mais « je ne crois pas que cela soit un motif d’inquiétude supplémentaire », a répondu le magistrat.
Le maire de Brooklyn Center a fait le parallèle entre les deux dossiers. « Cela n’aurait pas pu arriver à un pire moment », a déclaré Mike Elliott. « Le monde entier regarde notre communauté qui est bouleversée depuis la mort de George Floyd, et anxieuse depuis le début du procès de Derek Chauvin ».
Avec AFP