La lourde porte en bois de l’ambassade est bien fermée, les policiers déployés, quelques militants arrivent, puis un groupe de jeunes : drapeau, pétards, fumigènes… La plupart n’ont connu qu’Idriss Déby comme président du Tchad.
Ce mardi, ils oscillent entre l’espoir d’une nouvelle page pour le Tchad après le décès d’Idriss Déby, et la crainte d’un embrasement de la situation, en raison principalement de la prise de pouvoir des militaires, qu’ils qualifient d’anticonstitutionnelle.
Plus vieux, le militant Mahamat Saleh Daoud espère enfin une transition vers un pouvoir civil : « On a une institution, on a une société civile, on a des partis politiques, il est temps que des partenaires du Tchad comme la France réfléchissent et travaillent avec la société civile plutôt que de privilégier un militaire ou un fils de Déby pour une succession. »
Le rôle de la communauté internationale, de la France en particulier, est souligné. En exil à Paris depuis 2013, le blogueur Makaila Nguebla espère une nouvelle approche. « Paris doit reconsidérer toute son approche, toutes ses analyses et miser sur d’autres hommes capables de lui apporter l’aide nécessaire. On ne peut pas dissocier la politique française de cette situation et nous souhaitons vivement que la France nous écoute. »
La France est face à ses responsabilités pour ces membres de la diaspora. Mais Abakar Moussa, militant du parti les Transformateurs à Paris, souligne que se sont avant tout les Tchadiens qui doivent combattre pour la démocratie : « On a été attentistes et spectateurs, on n’a pas pris notre destin en main, raison pour laquelle on n’a pas réussi à faire assoir cette vraie démocratie. Donc c’est aux Tchadiens de se rendre compte que ce n’est pas fini. Pour moi, tout commence maintenant. »
Les militants présents reconnaissent néanmoins que la mainmise des militaires place la société civile dans une position difficile.