La déception a été immense vendredi matin : l’économie américaine n’a créé que 266 000 emplois au mois d’avril, soit quatre fois moins que le million d’emplois attendus par les économistes. Ainsi, le taux de chômage est remonté de 6 % à 6,1 % aux Etats-Unis, selon les chiffres publiés vendredi 7 mai par le département du travail.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, l’économie américaine a perdu 8,2 millions d’emplois et le pays compte 9,8 millions de chômeurs pour un taux de participation à l’emploi en légère hausse, de 61,7 %. « Nous savions que ce ne serait pas un sprint, ce serait un marathon. Franchement, nous avançons beaucoup plus rapidement que je ne l’aurais cru », a déclaré dans la foulée le président américain Joe Biden. « La montée est raide et nous avons encore un long chemin à parcourir. »
L’allocation fédérale controversée
La contreperformance d’avril a donné lieu à de nombreuses explications. Il y aurait d’abord une pénurie d’offre de travail. Trois arguments conjoncturels sont également avancés : la persistance de l’épidémie due au coronavirus, même si un Américain sur trois est complètement vacciné ; les écoles, pas complètement rouvertes – ce qui pose des problèmes de garde d’enfant, comme l’a expliqué la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, dépêchée en urgence dans la salle de presse de la Maison Blanche ; et l’allocation fédérale de 300 dollars (246 euros) par semaine pour les chômeurs, qui doit durer jusqu’en septembre.
Le sujet de l’allocation fédérale fait l’objet de vives controverses. La chambre de commerce américaine, qui s’oppose depuis le début à cette mesure, estime qu’elle incite de nombreux travailleurs à ne pas accepter d’emploi. « L’aide de 300 dollars fait qu’un récipiendaire sur quatre gagne plus au chômage qu’il ne gagnait en travaillant », a accusé son vice-président Neil Bradley.
Le Montana et la Caroline du Nord ont d’ailleurs annoncé qu’ils allaient supprimer cette aide fédérale fin juin, en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Jason Furman, professeur à Harvard et ancien conseiller économique de Barack Obama, a estimé sur CNN que cette allocation était utile au pire de la crise, en 2020 et en janvier 2021, lors de la deuxième vague de l’épidémie, mais l’était beaucoup moins pour cet été. Le président Biden a, lui, rejeté ce qu’il a appelé « des propos vagues selon lesquels les Américains ne veulent tout simplement pas travailler ». « Les données montrent que davantage de travailleurs recherchent un emploi et que beaucoup ne peuvent pas le trouver », a-t-il déclaré.