Des troupes israéliennes ont pénétré dans la nuit de jeudi au vendredi 14 mai dans la bande de Gaza dans le cadre de l’opération militaire en cours contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, a annoncé l’armée.
« L’aviation israélienne et des troupes au sol mènent actuellement une attaque dans la bande de Gaza », a déclaré l’armée dans un bref message. Interrogé par l’AFP, le porte-parole de l’armée, Jonathan Conricus, a confirmé que des soldats israéliens étaient entrés dans l’enclave palestinienne, mais n’a pas précisé leur nombre.
Quelques heures plus tard, l’armée s’est finalement rétractée et a soutenu ne pas être entrée dans la bande, évoquant un problème de « communication en interne ». L’armée a publié une « clarification » pour dire qu’il n’y avait « pas de soldats » à Gaza. Guerre psychologique ou simple erreur? Interrogé à nouveau, le porte-parole de l’armée a expliqué cet imbroglio apparent par un « problème de communication en interne » et que des troupes bombardaient Gaza mais de l’extérieur du territoire.
Peu après minuit, des groupes armés palestiniens dans la bande de Gaza ont tiré un nouveau barrage de roquettes vers le sud d’Israël, limitrophe de l’enclave palestinienne. Dans la nuit, l’aviation israélienne a poursuivi ses bombardements de sites du Hamas, alors que des centaines d’habitants palestiniens ont dû quitter leurs maisons précipitamment pour fuir les frappes, selon des témoins et des journalistes de l’AFP sur place.
Face à la multiplication des tirs de roquettes par le Hamas et le Jihad Islamique, l’armée israélienne a en tout cas déployé chars et autres véhicules blindés le long de la barrière séparant Israël de l’enclave palestinienne d’où l’armée israélienne s’était retirée unilatéralement en 2005.
Mobiliser au besoin des milliers de réservistes
« Nous sommes prêts et nous continuons à nous préparer à différents scénarios », avait plus tôt déclaré le porte-parole de l’armée, précisant qu’une invasion terrestre était « l’un des scénarios ». Le ministère de la Défense a donné lui le feu vert à l’armée pour mobiliser au besoin des milliers de réservistes.
« Toute incursion terrestre dans n’importe quelle zone de la bande de Gaza sera l’occasion d’augmenter le nombre de morts et des prisonniers chez l’ennemi », a averti la branche armée du Hamas qui continuait dans la nuit de lancer des roquettes vers le sud israélien limitrophe de Gaza.
Le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra une réunion virtuelle publique sur le conflit israélo-palestinien dimanche à 14H00 GMT, ont indiqué jeudi des diplomates. Cette réunion, initialement prévue vendredi, a été demandée par la Tunisie, la Norvège et la Chine. Les Etats-Unis, qui avaient bloqué la session de vendredi et envisagé une réunion en début de semaine prochaine, ont accepté qu’elle soit avancée à dimanche, selon les mêmes sources.
Vols suspendus vers Tel-Aviv
Trois roquettes ont été tirées jeudi soir du Liban vers Israël mais sont tombées en Méditerranée, selon l’armée. D’après une source militaire libanaise, les projectiles ont été tirés d’un secteur proche d’un camp de réfugiés palestiniens.
Le nouveau conflit a été déclenché après un barrage de roquettes du Hamas tirées vers Israël en « solidarité » avec les plus de 700 Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Ces heurts sur l’esplanade, troisième lieu saint de l’islam, avaient suivi plusieurs jours de vives tensions et de heurts à Jérusalem-Est, dus principalement aux menaces d’expulsion de familles palestiniennes d’un quartier de la Ville sainte au profit de colons juifs.
D’après l’armée israélienne, environ 90% des plus de 1750 roquettes lancées depuis lundi à partir de la bande de Gaza ont été interceptées par le bouclier antimissile.
Appelant les compagnies aériennes à suspendre leurs vols vers Israël, le Hamas a annoncé avoir tiré une roquette d’une portée de 250 km en direction du deuxième aéroport d’Israël, dans le Sud, vers lequel les autorités aéroportuaires ont détourné les vols à destination de Tel-Aviv en raison des tirs.
Plusieurs compagnies ont d’ailleurs suspendu leurs vols vers l’aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv. Les autorités américaines ont d’ailleurs appelé jeudi leurs ressortissants à « éviter de se rendre en Israël » en raison de la flambée de violence.
Nouveau cycle de violences, nouvelles pertes
Depuis le début lundi de ce nouveau cycle de violences, 103 Palestiniens, dont 27 enfants, ont été tués dans la bande de Gaza, et 580 blessés, selon un dernier bilan du ministère local de la Santé.
En Israël, sept personnes, dont un enfant de 6 ans et un soldat, ont péri.
La dernière opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, territoire de deux millions d’habitants soumis à un blocus israélien depuis plus de 10 ans, remonte à 2014.
La guerre entre Israël et le Hamas avait alors duré 50 jours et fait au moins 2251 morts côté palestinien, en majorité des civils, et 74 côté israélien, presque tous des soldats.