Plus de 175 Palestiniens et six policiers israéliens ont été blessés vendredi 7 mai, la plupart sur l’Esplanade des Mosquées, dans les plus importants heurts des dernières années à Jérusalem-Est occupé, théâtre d’un regain de tension qui inquiète jusqu’à Washington.
Des dizaines de milliers de fidèles étaient réunis dans l’enceinte de l’Esplanade des Mosquées -appelée Mont du Temple par les Juifs – pour la dernière grande prière du vendredi avant la fin du mois de ramadan.
Des centaines d’émeutiers
Mais des heurts ont éclaté entre Palestiniens, qui ont lancé des projectiles, et la police israélienne ayant fait usage de grenades assourdissantes et tiré sur des manifestants avec des balles en caoutchouc, a constaté un photographe de l’AFP. Celui-ci a aussi vu une dizaine de manifestants blessés au visage.
Des « centaines d’émeutiers ont lancé des pierres, des bouteilles et d’autres objets en direction des officiers qui ont riposté », a indiqué la police israélienne, dont le porte-parole, Wassem Badr, a évoqué des « troubles violents ».
Des accrochages ont également eu lieu dans le quartier voisin de Cheikh Jarrah, où des manifestations nocturnes quotidiennes contre la possible éviction de familles palestiniennes au profit de colons israéliens ont dégénéré ces derniers jours en heurts avec la police. Le Croissant rouge y a fait état d’au moins quatre Palestiniens blessés vendredi.
Un calme fragile semble être revenu dans la nuit à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée par Israël depuis 1967 puis annexée, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Selon le Croissant-Rouge palestinien, au moins 178 Palestiniens ont été blessés vendredi soir, dont la plupart sur l’Esplanade des Mosquées. La police israélienne a fait, elle, état de six blessés dans ces rangs.
« Profondément préoccupé »
Ces manifestations sont les plus violentes à Jérusalem depuis les heurts ayant fait 125 blessés fin avril, mais aussi depuis des échauffourées liées au transfert en 2018 de l’ambassade des États-Unis dans la ville disputée, voire à celles de l’été 2017 liées à la mise en place par Israël de détecteurs de métaux à l’entrée de l’Esplanade, troisième lieu saint de l’Islam.
Alliés clé d’Israël, les États-Unis ont appelé vendredi à la « désescalade » des tensions et à « éviter » l’éviction de familles palestiniennes.
Le porte-parole du Département d’État américain Ned Price a averti vendredi qu’il était « essentiel » d’éviter toute action susceptible d’aggraver la situation, comme les « expulsions à Jérusalem-Est, les activités de colonisation, les démolitions de maisons et les actes de terrorisme ».
Résistance
Le coordinateur de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, s’est dit « profondément préoccupé » par la situation et appelé à la « responsabilité » et au « calme ».
« Nous tenons Israël pour responsable des dangereux développements dans la Vieille Ville », a affirmé de son côté Mahmoud Abbas, le président palestinien en qualifiant les Palestiniens rassemblés sur l’Esplanade des Mosquées de « peuple héroïque ».
Le mouvement islamiste palestinien armé Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a appelé les Palestiniens à rester sur l’esplanade de samedi soir à jeudi matin, date à laquelle pourrait prendre fin le ramadan.
« L’occupation israélienne doit réaliser que la résistance est prête à défendre (la mosquée) Al-Aqsa à tout prix », a affirmé le Hamas, tandis que des partis arabes israéliens ont appelé à des manifestations dans les villes à majorité arabe d’Israël.
La Jordanie, pays qui est officiellement le gardien des lieux saints musulmans à Jérusalem-Est, a dénoncé une « agression sauvage » des forces de sécurité israéliennes.
Tensions en Cisjordanie
Les nouvelles violences surviennent dans un contexte de vives tensions à Jérusalem-Est mais aussi en Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Plus tôt dans la journée, les forces israéliennes ont tué deux Palestiniens et blessé un troisième, qui avaient ouvert le feu sur des gardes-frontières dans le nord de la Cisjordanie, sans faire de victimes israéliennes.
Fin avril, des centaines de personnes avaient déjà été blessés lors de plusieurs nuits d’échauffourées entre Palestiniens et Israéliens aux abords de la Vieille ville de Jérusalem.
Les violences de vendredi ont coïncidé avec la « Journée d’Al-Qods (Jérusalem en arabe) » célébrée annuellement dans des pays de la région et principalement en Iran, ennemi juré d’Israël, en soutien aux Palestiniens.
À Téhéran, l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique d’Iran, a prôné le combat contre Israël, qualifié de « base terroriste ». Pour lui, la « chute du régime sioniste ennemi » est inéluctable.