Même si les résultats définitifs ne sont pas encore connus, il ne fait désormais plus aucun doute que ce sera une victoire par K.-O. Le président islandais Gudni Johannesson se dirigeait samedi vers une réélection triomphale pour quatre ans avec près de 90 % des voix, selon des résultats partiels, son unique adversaire actant sa très large défaite.
Les sondages dans le vrai
Comme prévu par les sondages, le chef de l’Etat sortant, un universitaire et historien sans étiquette, a donc écrasé son adversaire de droite populiste, Gudmundur Franklin Jonsson. Seul rival du président dans cette élection à un tour, ce dernier a félicité le président Johannesson pour sa victoire, affirmant à la télévision publique RUV qu’il ne s’attendait pas à dépasser les 10 %. Il a même reconnu n’avoir jamais vraiment cru durant la campagne pouvoir faire un score à deux chiffres.
Venu voter à vélo près de Reykjavik, le président Johannesson avait dit samedi matin sa volonté de « continuer dans la même voie » en cas de réélection. Dans le régime parlementaire de l’île nordique, le chef de l’Etat a un rôle essentiellement protocolaire. Un seul véritable pouvoir lui revient, et il est important : un droit constitutionnel de bloquer la promulgation d’une loi et de la soumettre à référendum.
« Le choix le plus facile de ma vie pour voter »
Johannesson, plus jeune président élu depuis l’indépendance en 1944, a joui d’une forte popularité depuis son arrivée au poste en 2016. « Je crois que ça a été le choix le plus facile de ma vie pour voter. J’avais décidé depuis longtemps » a confié une de ses électrices, Ragnhildur Gunnlaugsdóttir, 47 ans. « Pourquoi changer quand c’est bien », abonde Helga Linnet, une autre électrice de 46 ans. Contrairement à son prédécesseur Grimsson, qui n’hésitait pas alimenter la controverse partisane, Gudni Johannesson a insisté sur le consensus pendant son bail à la résidence présidentielle de Bessastadir.
Son unique rival peinait lui à fédérer avec son côté polémiste. Dirigeant depuis l’Islande un hôtel au Danemark, cet ex-agent de change à Wall Street de 56 ans s’était engagé en politique en 2010 en créant le parti de droite populiste Haegri graenir. Dans un pays où le gros des pouvoirs repose sur le gouvernement et l’actuelle Première ministre de gauche écologiste Katrin Jakobsdottir, l’opposant Jonsson voulait rendre la fonction présidentielle plus active, en utilisant par exemple davantage le référendum.
Après la Serbie dimanche dernier, et avant la Pologne et la France ce dimanche, l’Islande est le deuxième pays à organiser une élection depuis le début des mesures de confinement en Europe. En dehors de mesures de précaution comme la distanciation de deux mètres et des gels hydroalcooliques dans les bureaux, l’épidémie, pratiquement éteinte depuis des semaines dans l’île nordique, n’a pas eu d’impact.