Dakarmidi – Le président haïtien est finalement sorti de son mutisme, après une semaine de violences. Alors que dans les rues, depuis huit jours, ils ont été des milliers à réclamer quotidiennement sa démission, Jovenel Moïse campe sur sa position : il assure qu’il finira son mandat de cinq ans.
Le président n’a laissé aucun doute quant à sa volonté de rester en poste. Dans l’allocution diffusée jeudi 14 février sur la télévision d’Etat, il a rappelé qu’Haïti avait déjà connu des gouvernements de transition et que, ce sont ses mots, ces régimes ont « donné un paquet de catastrophes et de désordre ». Et d’ajouter que « la transition, l’instabilité et le trafic de drogues sont toujours liés ».
Jovenel Moïse a fait plusieurs allusions aux trafiquants de drogue. Pour comprendre ce ton ferme, il faut rappeler que son allocution intervient au lendemain d’une après-midi très tendue dans le centre-ville de Port-au-Prince. Un des plus puissants chefs de gang a paradé avec ses hommes, armes automatiques bien en vue, sans n’être inquiété par personne.
Une fusillade a notamment éclaté entre certains manifestants et la police dans une rue à proximité des bureaux présidentiels. Aussi, Jovenel Moïse a tenu à montrer de la fermeté. Il a notamment dit qu’il ne « laisserait pas le pays aux mains des gangs armés et des dealers de drogue ».
Le Premier ministre en première ligne
Après être resté muet face aux contestations populaires qui ont gagné tout le pays depuis une semaine, il a également annoncé des réformes, « un paquet de mesures », selon ses mots.
Mais le problème, c’est que durant ces plus de sept minutes de discours, le président Jovenel Moïse n’en a nommé aucune. Il a simplement dit avoir demandé à son « Premier ministre de venir les expliquer et les appliquer rapidement, pour soulager la misère », ce sont ses mots. Une « annonce d’annonces » qu’il a renouvelée dans la foulée sur Twitter.
Cette allocution tant attendue aura donc finalement laissé la majorité des Haïtiens sur leur faim, voire attisé l’amertume sinon la colère vis-à-vis d’un pouvoir qui n’a pas encore concrétisé sa lutte contre la pauvreté et la corruption, tant de fois déclarée.