Dakarmidi – Le premier ministre éthiopien a été emporté par une crise politique majeure. Hailemariam Desalegn, 52 ans, au pouvoir depuis 2012, a présenté sa démission jeudi 15 février. Des rumeurs circulaient depuis plusieurs mois sur son remplacement lors du congrès prévu en mars du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), la coalition au pouvoir depuis plus d’un quart de siècle. Lors d’une allocution télévisée, Hailemariam Desalegn a qualifié sa démission d’ « inévitable pour permettre de mener les réformes qui établiront une paix durable et la démocratie « .
Ses trois dernières années à la tête du gouvernement ont été entachées par la répression sanglante de manifestations contre le pouvoir, faisant des centaines de morts. Cette mobilisation exprimait la frustration des Oromo (sud et ouest) et des Amhara (nord), qui représentent près des deux tiers de la population éthiopienne (100 millions d’habitants), face à la surreprésentation de la minorité des Tigréens au sein du pouvoir, et plus largement contre une limitation des libertés individuelles et un déséquilibre dans le partage des richesses.
Malgré l’instauration de l’état d’urgence en octobre 2016, levé au bout de dix mois, la colère du peuple n’a pas faibli. « La pression populaire a conduit à la démission du premier ministre « , affirme Bekele Gerba, vice-président du Congrès fédéraliste oromo (OFC). Elle a également permis la libération de cet opposant, mardi, après des manifestations et deux jours d’une grève massive dans la région Oromia, où des jeunes avaient bloqué les routes et brûlé des pneus. Lors de cette grève, de nombreux commerçants ont fermé boutique pour exprimer pacifiquement leur mécontentement.
source:le monde.fr