Jimmy Carter a battu Gerald Ford aux élections en 1976. Les deux hommes ne s’entendaient pas. Ça ne les a pas empêchés de partager une limousine le jour de le passation de pouvoir. David Hume Kennerly, le photographe de Ford à la Maison Blanche, gagnant du prix Pulitzer, se rappelle pour CNN: “Ça a été incroyablement douloureux pour Ford lorsqu’il a perdu les élections, mais il n’a pas laissé ça l’empêcher de concéder la victoire ou de faire une bonne transition, parce que c’était la bonne chose à faire.”
Les Bush n’étaient “pas heureux de voir les Clinton monter les marches du Capitole mais ils ont joué le jeu”, note-t-il encore. “Ce jeu est important pour l’Amérique et le président Bush le savait.”
La tradition qui veut que le président sortant et le président entrant se rendent ensemble au Capitole le jour de l’investiture remonte au 19e siècle. Qu’ils s’apprécient ou non, ils s’affichent ensemble. “Harry Truman n’aimait pas Eisenhower mais il l’a fait. Nixon l’a fait avec Lyndon Baines Johnson, Ford avec Carter… Même Obama l’a fait avec Trump.”
Trump, par contre, ne serrera pas la main de Biden. Il n’assistera pas à son investiture. Hume, qui a couvert 13 présidentielles, regrette: “C’est une célébration de la démocratie américaine, c’est une célébration de la manière dont nous transférons pacifiquement le pouvoir. La symbolique et l’imagerie sont essentielles”, selon lui.
Donald Trump continue à déclarer que l’élection lui a été volée. Des affirmations sans aucun fondement.
David Hume Kennerly se souvient de l’élection de George W. Bush en 2000. Il affrontait Al Gore. Il s’agit de l’une des élections les plus controversées des États-Unis. La Cour suprême a dû s’en mêler, les votes ont été recomptés, Gore a fini par admettre sa défaite. Même si ce fut douloureux, il était à l’investiture de Bush, aux côtés du président sortant, Clinton. Etre là, ce jour-là, même quand on a perdu, c’est “montrer au peuple que nous pouvons le faire de la bonne manière et c’est pourquoi nous sommes différents de tant d’autres endroits dans le monde”.
Parmi les autres passations de pouvoir qui ont marqué le photographe: celle de Nixon à Ford. Nixon a démissionné: un moment historique dans l’histoire américaine. “Vous pouvez voir ses lèvres pincées. Ca a dû être extrêmement douloureux pour lui. Il a abandonné la présidence. Personne l’a jamais fait ça de cette façon. C’était un leader disgracié qui partait sous la contrainte. Mais une fois de plus, ce fut une transition pacifique. Quelques minutes plus tard, Ford a prêté serment en tant que président des États-Unis. Aucune arme n’a été utilisée, aucun coup d’État n’a été tenté.”
Le dernier geste de Trump, un geste “anti-patriotique”
Le fait que Donald Trump ne passe pas le pouvoir à Joe Biden face aux Américains, “c’est vraiment la chose la plus anti-américaine, anti-patriotique et incroyable que j’ai jamais vue au cours de mes 55 années de travail”, lâche le photographe.
On ne verra donc pas Trump serrer la main de celui qui prendra sa place aujourd’hui, mais le photographe rappelle: “La photo la plus importante est celle de Joe Biden avec sa main droite en l’air. C’est la seule qui compte.”