Dakarmidi – Celle qui a sublimé les foules avec sa voix et sa grâce s’est éteinte mardi. Elle laisse derrière elle une centaine de films et des coeurs éplorés.
Son prénom en arabe signifie « celle qui chante », fredonne, entonne des mélodies. Dans la langue arabe, le mot « chant » est représenté par plusieurs termes en fonction de la nuance des sons. Celui que l’on a donné à Chadia – de son vrai nom Fatma Ahmed Kamal – est celui qui qualifie le son des oiseaux.
Mardi 28 novembre, l’oiseau du Nil a cessé de chanter. L’actrice et chanteuse égyptienne des années 1950-1960 est décédée à l’âge de 86 ans des suites d’une longue maladie. Cela fait déjà une trentaine d’années qu’elle avait mis fin à sa carrière, porté le hijab et se consacrait à ses prières. À ceux qui lui demandaient pourquoi une telle rupture après une si belle carrière, elle répondait qu’elle commençait à ressentir « une gêne » et qu’elle avait entendu « un appel pour se consacrer à Dieu ».
Gabbar, chanson monument
Elle avait pourtant toutes les foules arabes à ses pieds. Du Maroc au Liban, on l’appelait « l’idole du public » – « Maâboudat Al Jamahir » -, référence à un célèbre film qu’elle avait tourné en 1967 avec Abdelhalim Hafedh, le plus grands chanteur arabe de tous les temps.
Elle y a joué le rôle d’une diva de la bonne société cairote qui tombe amoureuse d’un jeune chanteur anonyme et puis s’en détourne, croyant qu’il la trompe. Ce dernier, pour se venger, décide de travailler dur pour acquérir la célébrité qui lui manque. Il lui dédie une chanson puissante, Gabbar (« despote cruel »), pour lui dire combien elle a brisé son cœur.
Elle pleure, se met à boire, veut même se donner la mort… Le public est éploré face à cette scène shaksperienne. Mais les deux tourtereaux finissent par se réconcilier. Aujourd’hui, cette chanson est l’un des monuments de la musique arabe.