Dakarmidi – La Chine a-t-elle espionné le siège de l’Union africaine ? C’est en tout cas ce qu’affirme Le Monde dans un article publié vendredi 26 janvier. Citant plusieurs sources internes à l’organisation panafricaine, le quotidien assure que les informaticiens de cette institution se sont rendus compte il y a environ un an que le contenu des serveurs de l’UA était transféré vers d’autres serveurs à Shangaï.
Ces mêmes sources indiquent que ces transferts auraient commencé dès 2012, lorsque s’est achevé la construction du siège de l’Union africaine, offert par la Chine. Les serveurs de l’UA ont été changés l’année dernière, lorsque cette faille du système a été découverte. Une nouvelle architecture informatique a été déployée.
Après cette découverte, des experts éthiopiens en cybersécurité auraient inspecté le bâtiment et y auraient trouvé des micros, rapporte encore Le Monde.
Dans le couloirs de l’Union africaine, le sujet fait beaucoup parler. Mais devant les micros, les langues ont du mal à se délier. Le président nigérien affirme n’avoir pas lu l’article en question. Pour le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, « la relation entre l’Afrique et la Chine est une relation saine ». « Le Maroc ne commente jamais les allégations », répond-il.
Le principal intéressé, lui, dément formellement. « Comment un journal sérieux comme Le Monde peut publier ce genre d’article ? Ils l’ont fait dans un but, celui de créer un trouble. Ils ne sont pas contents des réussites permises par nos relations avec l’Afrique ces dernières années », a ainsi déclaré Pékin, par la voix de son ambassadeur à l’Union africaine, Kuang Weilin.
Ce lundi matin, par la voix de l’ambassadeur de Chine à l’Union africaine, Pékin a démenti cette information. « Il s’agit d’une histoire sensationnelle mais elle est cependant fausse. C’est une absurdité », a dit le diplomate chinois.
Il a finalement fallu attendre la toute fin d’après-midi pour qu’un dirigeant africain s’exprime. En l’occurrence, le tout nouveau président de l’institution, le Rwandais Paul Kagame. « Si les Chinois veulent entendre ce qu’on dit, lire ce qu’on écrit, ou n’importe qui d’autre… Je ne pense pas que l’espionnage soit une spécialité uniquement des Chinois. Nous sommes entourés d’espions, partout dans le monde », a-t-il estimé
« Je n’ai aucune évidence d’espionnage et cela fait un an que j’occupe ce bâtiment », a pour sa part ajouté le Tchadien Moussa Faki Mahamat qui préside la Commission de l’Union africaine.
Cela dit, dans les couloirs, off the record, beaucoup de délégués africains plaisantent sur d’éventuels Chinois espions et ne seraient pas plus surpris que cela par les révélations de notre confrère Le Monde.