Le concept de jihad doit être compris autrement que comme un appel à la violence, à la lumière des écrits et de la pratique religieuse de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme, une des principales confréries musulmanes du Sénégal, ont estimé des chercheurs et des islamologues.
Ils participaient à un « grand panel de discussion islamique » sur « le +vrai sens du djihad+ selon Cheikh Ahmadou Bamba », samedi, à la mosquée Massalikoul Djinane de Dakar, dans le cadre de la commémoration de la bataille de Badr, présentée comme la première bataille décisive de l’islam.
Selon l’écrivain et chercheur Khadim Lô, par exemple, le fondateur du mouridisme, également appelé Serigne Touba, a plutôt orienté le jihad vers la recherche de toute science qui aiderait à « bien vivre sur terre ».
Dans le but de mieux saisir cette orientation du fondateur du mouridisme, M. Lô a ainsi appelé à « une lecture plus scientifique des écrits de Serigne Touba dont tout le monde peut tirer profit ».
De l’avis de l’ancien ministre des Affaires religieuses Bamba Ndiaye, par ailleurs islamologue, la peur du jihad et du jihadiste vient de « la guerre conceptuelle opérée par les Occidentaux sur des mots tirés de nos croyances ».
Il reste que l’ancien ministre chargé des Affaires religieuses trouve que la forme de jihad prônée par Serigne Touba est « plus efficace et plus conforme à nos temps ».
« C’est une réponse au terrorisme », pour l’instauration d’une « paix mondiale », estime la consultante en développement international Mariama Samb Dieng.
Selon Mme Dieng, le cheikh « a converti les énergies négatives dirigées vers lui en énergies positives, et a même prié pour ses ennemis et pour qu’il ne puisse porter préjudice à personne ».
Elle note par ailleurs que la mondialisation se présente comme une « menace » sur la culture et la spiritualité, même si ce processus historique peut aussi permettre « un brassage des peuples qui tend à abolir les barrières raciales ».