Six ans déjà qu’ils croupissent dans la maison d’arrêt et de correction de Thiès. Les 16 thiantaçônes, talibés de Cheikh Béthio Thioune acceptent de continuer à faire preuve de longanimité, mais ne comptent pas tomber dans l’oubli. Ils veulent un procès, accusés qu’ils sont d’avoir participé au double meurtre de Bara Sow et d’Ababacar Diagne. Nous étions le 22 avril 2012 à Médinatoul Salam.
Dans cette tumulte d’informations qui jaillissent de la prison depuis quelques jours et qui sont relayées différemment dans les médias, un Thiantacône a voulu apporter des éclaircissements. Au téléphone de Dakaractu, l’homme tiendra d’abord à préciser que l’information qui les donne tous partants pour observer une grève de la faim est fausse. Nous sommes 16 thiantaçônes à séjourner dans cette prison. Seuls 8 refusent de s’alimenter. Nous autres n’observons aucune forme de grève. »
Notre interlocuteur de nous filer la liste de ceux qui ont choisi de ne pas suivre Cheikh Faye, reconnu comme étant l’initiateur principal de cette diète. » Il s’agit, dit-il, de Serigne Khadim Seck, Demba Kébé, Aly Diouf, Mamadou Gueye, Moussa Dièye, Mouhamed Sène, Massamba Fall, Pape Ndiaye. » Naturellement de ceux qui sont sur cette liste, ce thiantaçône estime que s’abstenir de boire et de manger ne fait pas partie de la conduite que prodiguerait leur guide spirituel. » En tant que talibé de Cheikh Béthio Thioune, nous sommes des musulmans croyants. Nous comptons demeurer croyants. Nous savons que tout ce qui nous arrive relève du décret divin. Nous ne pouvons échapper à celui-ci. C’est pourquoi nous nous sommes résolus à vivre dignement ces moments avec le soutien de nos familles, de nos amis. Toutefois, nous ne voulons pas rester en prison. C’est la raison pour laquelle, par l’entremise de nos avocats, nous avons introduit des demandes de liberté provisoire. Accordées ou non, nous allons continuer à bien nous comporter. »
Le détenu de nous confier que ses condisciples et lui ont convenu de ne jamais avoir de mauvais comportements vis-à-vis de l’administration pénitentiaire. » S’il ne dépendait que de nous, l’administration pénitentiaire peut dormir tranquille. Notre éducation ne nous permet pas de braver l’autorité. Nous entretenons d’excellentes relations avec les gardes. Et eux-mêmes peuvent en témoigner. »
CHEIKH BÉTHIO THIOUNE ?
Interpellé sur la question de savoir s’ils ne regrettaient pas d’être les compagnons de Cheikh Béthio, notre interlocuteur se voudra clair : » Nous sommes aujourd’hui plus que jamais attachés à lui. Depuis que nous sommes là, tous les jours et sans exception, il nous fait parvenir nos repas. Nous mangeons comme nous n’aurions pu faire chez nous. Il envoie des émissaires pour s’enquérir de nos nouvelles. Il est en permanence parmi nous. Par conséquent, nous ne regrettons nullement de l’avoir, par la grâce de Serigne Saliou, comme guide spirituel. »
D’une voix limpide laissant transparaître une certaine sérénité de vie, il se réjouira de toujours garder la foi. » Les autres et moi n’avons pas la possibilité de chanter en chœur et à haute voix les khassida de Serigne Touba. Nous nous suffisons tout de même à parcourir ces vers des yeux, chacun dans un coin de sa cellule… »
La Rédaction