L’odeur de la mort. La grande faucheuse vient d’avoir raison de « l’immortel » Ballago. Lui aussi ! Triste de devoir vivre sans la voix sociale, socialisante et sociologique de Thione Seck. Cette voix, toute de paroles qui font sens, qui indiquait la voie, la bonne voie à une société sénégalaise souvent déboussolée. Adieu « Papa Thione » ! Près de mille morts donc, c’est le bilan macabre de la pandémie du coronavirus depuis que l’intrus nous pourrit la vie. Sans nous demander notre avis.
1 000 morts comme les 1 000 milliards du Fonds consacrés par l’Etat à la riposte contre la covid-19. Mille milliards de mille sabords ! aurait dit le Capitaine Haddock. De quoi être de mauvaise humeur avec une telle maladie. Qui n’épargne ni le riche ni le pauvre, ni le puissant ni le faible.
Nous sommes le 19 mars. Date historique. C’est le jour de la victoire, il y a 21 ans – que le temps passe vite ! – d’un opposant de 26 ans nommé Abdoulaye Wade. Victoire éclatante sur un régime socialiste, vieux, vermoulu et finalement vaincu. Pas seulement par l’usure du pouvoir mais aussi et surtout par la soif de « Sopi » d’un Peuple debout. Et le « Pape du Changement » avait un nom : Me Wade. L’espoir suscité par l’avènement du « Grand Soir » était tel que des gauchistes n’avaient pas hésité à parler de « vrai jour de l’indépendance du Sénégal ». L’euphorie, c’est connu, va souvent de pair avec l’imprudence. Qu’a fait « l’homme du 19 mars » de sa Victoire après 12 années de Présidence ? On n’a pas encore fini d’en dresser bilan. Nous étions en 2000 et Dakar (n’était) pas comme Paris et ne l’est toujours pas. Dakar, c’est Dakar. Paris, c’est Paris. La vie des êtres et des choses est faite de ceci : aujourd’hui les ténèbres, demain les lumières. Ou la lumière, après les ténèbres.
Mais le 19 mars, c’est-à-dire ce Vendredi saint, marque également la fin de l’état d’urgence sanitaire décrété contre la « Seconde vague » de Covid-19. Seconde vague, et nous disons bien « seconde ». Pour qu’il n’y ait pas une « troisième » même si, selon le dicton, il n’y a jamais deux sans trois. Il nous faut bien exorciser le mauvais sort. Car, si la première vague de l’espiègle virus nous a tués, la seconde nous a presque achevés. A l’image des Première et Seconde Guerres mondiales, faisons de sorte que la triste Histoire sanitaire ne se répète plus. Il y a déjà eu assez de « tragédie » et de « farce » comme ça ! Le non-choix s’impose entre la peste et le choléra. Heureusement que quand le vaccin vient, le virus s’en va. Des espoirs. Ou désespoir.
Viols ou pas viols. Menaces de mort ou pas menaces de mort. C’était bien d’entendre la version de la présumée victime, Adji Sarr, après la thèse du « complot » soutenue par le présumé innocent, Ousmane Sonko. En tous cas, l’odeur de la mort s’est échappée du fameux salon de massage, « Sweet Beauté » qui porte mal son nom. 10, 11, voire 14 morts pour rien. Tout ça… pour ça ! Choquant. Justice pour Adji Sarr et pour Ousmane Sonko, assurément ! Mais justice aussi et surtout pour toutes ces victimes innocentes d’une « affaire de massage ». La masseuse, le massé, l’État, la Société : la responsabilité de tous est engagée. Impossible de convaincre les Sénégalais raisonnables et raisonnés que certaines causes égoïstement défendues en valent les morts. Dressons les comptes du « massage » et décortiquons les messages.
La République avec des Républicains. La Démocratie avec des Démocrates. Dieu sait qu’il en existe dans ce pays qui s’appelle le Sénégal ! Dans la Classe politique comme dans la Société civile. Un sursaut républicain pour un salut républicain, voilà ce qu’il nous faut. À tous les niveaux. Tirant les leçons des égarements et des dérapages, le maître-mot pour panser les maux consiste, ici et maintenant, à conjuguer, à tous les temps et à toutes les personnes, le verbe : SE RESSAISIR. Le ressaisissement du Pays en dépend. Le Sénégal l’a échappé belle. Pour l’instant ou définitivement ? Il faut se dresser en rempart.