Le bien-être de l’homme a toujours été une préoccupation majeure des différentes sociétés. En effet, plusieurs théories ont été élaborées pour promouvoir l’épanouissement de l’individu. Il est clair qu’aujourd’hui, lorsqu’on parle de défense des droits humains, l’on pense le plus souvent aux différents instruments juridiques internationaux adoptés par des organisations comme l’ONU. A juste titre, l’on ne déniera pas à ces organisations leur mérite : elles ont donné du contenu à la défense des droits humains. Maintenant, à la question de savoir, sont-elles les seules à légiférer pour une prise en charge exhaustive des besoins de l’Homme pour la préservation de ses droits ? Nous répondons, en ce qui nous concerne par la négation.
En réalité, bien avant la Société des Nations ou l’ONU, l’islam a enseigné à l’humanité les contours des droits humains. Dieu donna à l’être humain toute la considération qu’il méritait. Et son messager, paix et salut sur lui, à travers ses actions, a matérialisé tous ces enseignements. De ce fait, l’Islam offre une vision fondamentalement riche des droits de l’homme, en particulier ceux de l’enfant. Les principes énoncés dans le Coran et illustrés par la vie du Prophète, constituent une source d’inspiration pour toutes les sociétés qui souhaitent garantir le bien-être des plus vulnérables. C’est l’être humain qui est consacré, comme l’indique le verset 70 de la sourate Al Isra (sourate 17). La femme et l’enfant ne sont pas en reste, et d’ailleurs, contrairement à d’autres civilisations, l’islam leur réserve un traitement spécial en termes de protection. C’est pourquoi l’accusation selon laquelle l’islam serait une religion phallocrate est dénuée de tout fondement et s’oppose aux enseignements coraniques. Cependant, nous comptons mettre le focus sur la protection de l’enfant.
En effet, cet être tout à fait particulier bénéficie d’une double protection suivant les prescriptions islamiques. Premièrement, en tant qu’être humain, il est protégé et valorisé et, deuxièmement, il bénéficie d’une prise en charge spécifique. Il sera question dès lors ici de mettre en lumière les principes islamiques relatifs à la protection de l’enfant.
Le Coran, une source d’inspiration pour la protection de l’enfant
Prenant le contexte préislamique où les droits des enfants et ceux des femmes n’étaient pas du tout valorisés, les hommes avaient l’habitude d’abuser de leur position pour à la limite persécuter les couches vulnérables. L’Islam a apporté une solution face aux détresses des enfants et des femmes. Pour les premiers, Dieu interdit qu’on les tue sous prétexte de la pauvreté (verset 31 de la sourate 17, Al Isra). Plus loin, dans le même verset, le Seigneur précise qu’il assure leur substance. La dimension protectrice de l’enfant est très large à ce niveau. C’est dire que l’islam, par la même occasion, prohibe même de mettre fin à la vie de l’enfant avant sa naissance sous le poids de la pauvreté. Là, on peut relever la miséricorde divine envers ces êtres particuliers.
Donc comprenons que l’islam a trouvé un environnement qui n’était pas soucieux des droits des enfants. Cela se confirme par les versets 8 et 9 de la sourate At-Takwir (sourate 81) où Dieu évoquait le cas de la fillette enterrée vivante. Sachons que c’est une pratique récurrente dans l’Arabie préislamique. Dans un tel contexte, l’enseignement du dernier des messagers doit être perçu comme réformateur, changeant fondamentalement la vision du monde vis-à-vis de l’enfant.
Par ailleurs, l’islam s’inscrit parfaitement dans une dynamique d’éducation, considérant l’enfant d’aujourd’hui comme l’adulte de demain : celui qui doit perpétuer les valeurs et les bonnes manières. C’est pourquoi, tout un système est prévu pour lui assurer efficacement cette phase cruciale de sa vie. C’est pour cette raison que le Sceau des Prophètes (PSL) a enseigné à sa communauté des invocations à l’endroit des enfants, avant même la naissance. Après celle-ci, l’Islam met en exergue la responsabilité des parents. A ce sujet, nous prenons l’exemple des exhortations de Luqman à son fils. Du verset 13 à 19 de la sourate portant son nom (sourate 31), les différents principes qui gouvernent l’éducation de l’enfant en l’islam sont dégagés et interpellent les parents. De l’unicité de Dieu à l’humilité et la modestie, en passant par la bienfaisance envers les parents, la patience et la sagesse, le sage Luqman dresse les axes incontournables pour une réussite de l’éducation juvénile. Par conséquent, disons que les conseils de Luqman à son fils visent à former un individu vertueux, pieux et équilibré. Ainsi donc, ses orientations deviennent un droit pour les enfants de les connaitre, mais une fois majeurs, elles se transforment en devoir. C’est cette démarche bivalente qui caractérise l’éducation de l’enfant dans l’islam, dans le cadre de sa protection.
Pour une exacte compréhension de ces énoncés coraniques, le Prophète Mouhammad paix et salut sur lui, les a matérialisés. Voyons dans la tradition prophétique, au chapitre de la protection de l’enfant.
La tradition prophétique : un modèle de protection de l’enfant
La sunna du messager (PSL) présente un modèle exemplaire de protection de l’enfant, comme en témoigne la relation qu’il entretenait avec les enfants. A titre d’exemple, des récits sont revenus à plusieurs reprises, racontant la tendresse du Prophète à l’endroit d’Al Hassan et Al Hussayn, ses deux petits-fils. Autrement dit, le Messager de Dieu est une parfaite illustration d’un bon parent qui se souciait du bien-être des enfants. Il consacrait du temps à ses enfants, leur accordant de la douceur et de l’amour. A ce niveau, ce que nous pouvons retenir de la tradition prophétique, c’est qu’elle a tracé une excellente piste dans le cadre de la protection de l’enfant, en favorisant la proximité des parents auprès des enfants. Elle insiste également sur l’importance d’accompagner cette phase d’évolution du futur adulte avec une bonne instruction religieuse qui doit garantir dans l’avenir la mise en œuvre des préceptes islamiques.
En outre, saisissons la protection de l’enfant à l’autel de la sunna comme l’ensemble des pratiques qui encouragent le plein épanouissement du jeune dans un cadre cultuel et spirituel. C’est pourquoi, le messager a recommandé aux parents d’initier les enfants à la prière dès l’âge de 7 ans. C’est l’autre marque de fabrique de la protection de l’enfant, avec l’islam. La vie n’étant pas uniquement d’ordre matériel, la législation musulmane protège l’enfant et le prépare à une vie de responsable en lui inculquant les fondamentaux d’ordre cultuel qui doivent le servir comme bouclier : la prière préserve de la turpitude et du blâmable (verset 45 de la sourate 29, Al Ankabut).
En somme, ces lignes ne résument pas toute la richesse autour de la protection de l’enfant en Islam. Cependant, nous signalons que l’islam et la protection de l’enfant font effectivement bon ménage, comme en atteste tous ces versets coraniques exposant aux croyants les postures à adopter à l’endroit de cette couche vulnérable. De plus, notre lecture de ce sujet nous pousse à considérer que contrairement à ce que certains véhiculent, ce qui ressemble plus d’ailleurs à des idées reçues, l’éducation doit être excessive pour bâtir un bon croyant. Au contraire, le Prophète a montré une démarche différente : les enfants de son temps ont bénéficié de sa tendresse. Donc, la maltraitance des talibés est à ranger plus dans le registre de la culture que celui de la religion musulmane.
L’autre point important, nous estimons que la protection de l’enfant par l’islam est antérieure à celle des institutions contemporaines qui font le beau temps de nos jours. C’est pourquoi, en guise d’analyse prospective, nous pouvons approfondir en faisant une lecture combinée de la législation musulmane en la matière et des dispositions contemporaines de protection de l’enfant.