Les quotidiens reçus jeudi à l’APS commentent largement les ‘’émeutes’’ survenues mardi et mercredi à Dakar et dans d’autres villes du pays.
Ces manifestations sont organisées par des jeunes qui, selon la presse, réclament la levée des mesures de restriction des déplacements prises par l’Etat pour éradiquer la pandémie de coronavirus, notamment l’état d’urgence, le couvre-feu et l’interdiction du transport interurbain.
‘’Dakar s’embrase’’, écrit L’As, ajoutant que ‘’la révolte gagne la capitale’’. ‘’L’état d’urgence imposé par les autorités gouvernementales n’est plus du goût des Sénégalais’’, écrit-t-il, ajoutant que ‘’dans plusieurs villes, les jeunes sont descendus dans la rue, brûlant des pneus pour réclamer la levée des mesures restrictives’’.
Pourtant, quelques heures avant la série de manifestations survenues mercredi, le président de la République, Macky Sall, avait demandé au gouvernement de ‘’réfléchir avec les acteurs concernés sur les conditions de la levée des mesures de restriction, dans les prochains jours’’, rapporte L’As sur la base du communiqué publié après le dernier conseil des ministres.
‘’Le virus embrase la rue’’, lit-on dans EnQuête. Malgré l’‘’assouplissement des mesures de restriction’’ prises par le gouvernement, ‘’des manifestations ont éclaté, hier soir, dans diverses villes du Sénégal, de Dakar à Nioro du Rip, en passant par Kaolack et Kaffrine’’, affirme le même journal, qui annonce des arrestations et des auditions de manifestants à Mbacké, Touba et Diourbel.
Une ‘’illégalité manifeste’’
‘’Soixante personnes ont été arrêtées à Touba, 38 à Mbacké’’, après que des manifestants ont saccagé un bâtiment de la Senelec, la Société nationale d’électricité du Sénégal, et incendié un véhicule de la même entreprise et une ambulance, selon Sud Quotidien.
Après les ‘’manifestations musclées’’ survenues mardi dans plusieurs villes qui ‘’jouent aux allumettes’’, le gouvernement ‘’suit désormais la boussole des émeutiers, marche lentement, mais sûrement, vers un assouplissement des mesures de restriction’’ censées atténuer le rythme de propagation de la maladie à coronavirus, commente Source A.
La violence des manifestations fait dire au psychologue-clinicien Serigne Mor Mbaye que ‘’tous les ingrédients sont réunis pour alimenter la tension’’.
‘’Les populations se sont senties peu délaissées et quelque peu malmenées [avec] des mesures qu’elles n’ont pas comprises. Des gens se sont sentis humiliés et violentés par les mesures’’ prises par l’Etat pour éradiquer le Covid-19, a dit M. Mbaye à WalfQuotidien.
Tribune estime que pour ne pas en arriver à la ‘’tension’’ redoutée par le psychologue-clinicien, ‘’Macky Sall doit jouer cartes sur table avec toutes les composantes de la population sénégalaise’’.
Dans le même journal, l’avocat Assane Dioma Ndiaye, leader de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, estime que c’est ‘’le rapport de confiance entre l’Etat et la population qui s’effrite’’.
‘’On est fatigués de rester chez nous’’, a lancé un manifestant, cité par Sud Quotidien.
Les quotidiens ont commenté aussi les recours déposés auprès de la Cour suprême par des leaders de l’opposition en vue de l’annulation du décret du président de la République octroyant plusieurs avantages (salaire mensuel de 4,5 millions de francs CFA, voiture et chauffeur) aux anciens présidents du Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Les opposants réunis au sein du Congrès de la renaissance démocratique (CRD) ont déposé les recours mercredi auprès de la haute juridiction, pour que cette mesure d’une ‘’illégalité manifeste’’ soit annulée, rapporte Sud Quotidien.
‘’Les leaders du [CRD] sont passés à l’acte hier en saisissant la Cour suprême au moyen de deux recours en annulation et de deux requêtes en référé, dans l’affaire du décret portant sur l’honorariat des anciens présidents du CESE’’, rapporte WalfQuotidien.
‘’Boughazelli s’en tire à bons comptes’’
‘’L’honneur et la réputation de la République doivent être protégés, et le CRD ne manquera jamais de le rappeler et de combattre pour que le Sénégal devienne et demeure un Etat où le droit est respecté d’abord par ses dirigeants’’, déclare le député Mamadou Lamine Diallo, porte-parole du Congrès de la renaissance démocratique, après la saisine de la Cour suprême.
Les quotidiens se sont également intéressés à la libération provisoire accordée au député Seydina Fall dit Boughazelli, ‘’pour des raisons de santé’’, selon L’As.
Le parlementaire, membre de l’APR, le parti de Macky Sall, était écroué pour ‘’association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux, corruption et contrefaçon de signes monétaires’’, rappelle le même journal.
‘’Pour son avocat, c’est une petite victoire, en attendant la fin de l’instruction du dossier’’, écrit EnQuête.
‘’Boughazelli s’en tire à bons comptes’’, écrit WalfQuotidien, expliquant que ‘’si l’on tient compte de la nouvelle loi sur le trafic de faux billets de banque, l’affaire sera jugée en flagrant délit devant le tribunal correctionnel de Dakar’’.