Je me souviens de l’avoir connue au ministère de la modernisation de l’état où elle travaillait après sa sortie de l’école nationale d’administration et de magistrature du Sénégal. Avec son voile qui la range au rang des démiurges, avec son incandescence spirituelle et son regard pétillant d’intelligence, elle affichait une sobriété étonnante pour une femme de sa classe.
Son franc parler et son sourire à peine voilé , démontraient son allure de femme de caractère, très sûre d’elle avec aucun nœud de fragilité. Partie de son grade d’infirmière, elle a gravi comme une fusée toutes les échelles de la fonction publique pour atterrir à l’échelle la plus haute à laquelle appartiennent les inspecteurs généraux d’état. Sa probité morale et intellectuelle, son allant et son alacrité, sa fermeté sur les principes généraux de la haute administration et sa compétence professionnelle avérée , l’élevèrent à la station privilégiée de vérificatrice d’état. Dès lors, elle peut se vanter d’être dans l’histoire, la première femme sénégalaise à avoir ce prestige et cet d’honneur. Après la création de l’office national de lutte contre la fraude et la corruption OFNAC, elle fut tout indiquée pour être aux commandes. C’est delà malheureusement que les problèmes vont commencer. Sa liberté de ton, sa personnalité fascinante et son incorruptibilité , vont délier sa langue au point de la mettre en conflit avec l’obligation de réserve imposée aux cadres de l’administration. Elle quitta le poste non sans avoir accompli un travail de qualité exceptionnelle au niveau de cette instance. Intelligente, très cultivée, professionnellement compétente et viscéralement nationaliste, elle montre partout l’exemple d’une égérie à l’image des célèbres femmes de Nder qui ont fait du refus le socle de leur vie glorieuse.
De Yacine boubou au Cayor en passant par Aline Sithoé de la Casamance des lagunes et des palétuviers et Dieunbeut Mbodj l’immortelle reine du Oualo, la femme se veut la parfaite régulatrice de la société. Elle incarne toutes les valeurs et vertus de leur prestigieuse société à laquelle nous sommes fiers d’appartenir. Nafi Ngom Keïta est l’image fidèle de toutes ces héroïnes d’hier qui ont emporté dans leurs tombes, toute la gloire de leurs générations.
Que dire de sa religiosité sinon qu’elle se déploie sous les yeux comme étendard au vent. Avec son voile qui ne la quitte jamais, elle se positionne parmi les vénérables femmes qui pratiquent la religion musulmane avec une exemplarité digne d’éloges. C’est sans doute cela qui fait d’elle une femme équilibrée, qui se distingue merveilleusement dans sa société d’appartenance.
Déwénety
Doyen Majib Sène