Comme nous avons l’habitude de le chanter sous tous les toits, le football est aujourd’hui devenu la religion la plus prisée à travers le monde. Les colossales sommes d’argent investis dans la construction des stades et diverses infrastructures connexes, les gains faramineux alloués aux joueurs, encadrements techniques et autres services, prouvent l’attrait irrésistible qu’exerce cette discipline sur l’étendue de notre planète. En Afrique, le football, qu’on ne s’en cache pas, est victime d’une politisation à outrance, parce que devenu une réelle affaire d’état. Chaque victoire remportée fait l’objet d’une glorification à forte connotation politique, tant il est vrai que le contraire est sujet à des remous et contorsions préjudiciables au pouvoir en place. Les supporters sont endoctrinés et souvent orientés vers les négations du sport, ce qui provoque et entretient les germes de la violence sous toutes ses formes. Le nationalisme exacerbé et exclusif qui en découle, nous éloigne dangereusement de ce qu’autrefois, le sport était vu comme un creuset d’éducation et de formation globale de l’homme.
Aujourd’hui, on ne pratique le sport uniquement que pour gagner. De Coubertin, initiateur et inspirateur des jeux olympiques modernes souffre dans sa tombe en constatant que sa devise selon laquelle « l’essentiel en sport est de participer », est jetée par plus d’un aux orties. Les récents barrages de la coupe du monde de football qui se sont déroulés récemment dans notre continent avec les violences constatées et consumées qui les ont accompagnées, nous incitent à nous poser des questions relatives à la viabilité du système actuel. Les confrontations qui se sont déroulées au Caire, à Dakar, à Blida, à Abuja, au Mali avec parfois mort d’homme rien que pour vaincre ou périr, ternissent l’image de l’Afrique et partout où cela puisse se passer dans le monde. Quand j’entends de la bouche d’un dirigeant inciter ses compatriotes à faire preuve totale de chauvinisme rien que pour gagner, je suis inquiet. C’est l’une des raisons pour lesquelles je ne serais pas contre si la Confédération Africaine de Football renonçait aux barrages en aller et retour au profit d’un tournoi qualificatif dans un pays neutre. Cela créerait moins de tensions et les équipes victorieuses le seraient hors de tous subterfuges. J’invite mes compatriotes à donner leurs points de vue sur cette question dans la perspective de bien faire sinon, de mieux faire. Merci d’avance à tous ceux qui voudront bien participer à ce débat qui n’est rien d’autre que de la confrontation féconde des idées.
Ce qui s’est passé lors de la rencontre retour Sénégal vs Égypte, n’est rien d’autre que la réplique du match aller au Caire. Les égyptiens en avaient fait voir de toutes les couleurs à l’équipe visiteuse chahutée, l’hymne sifflé, en plus de l’utilisation excessive des lasers rien que pour gagner. Les sénégalais excédés par l’attitude inhospitalière, condescendante des cairotes, ont mis en œuvre la dure loi du talion. Si dans le passé, le Sénégal a été sanctionné par la CAF pour des faits de même nature avec la suspension du stade Léopold Sédar Senghor à l’occasion d’un match entre le Sénégal et la côte d’ivoire, on n’est pas prêt d’oublier les sanctions qui ont été infligées au Jaraaf qui recevait au stade Lat Dior de Thiès. En tant que sportif, nous déplorons où qu’ils puissent se passer, ces faits qui jurent d’avec la sportivité. Si nous n’y prenons garde, les relations sportives inter états seront difficiles et pouvant aller jusqu’à la rupture des relations diplomatiques. Prévenir, valant mieux que guérir, la CAF doit impérativement commanditer une étude évaluation sur le système actuel des barrages tels qu’ils se déroulent dans la zone Afrique. Voilà tout le sens de notre proposition qui consiste, à la place des matches aller-retour, à organiser un tournoi qualificatif dans un pays neutre.
Majib Sène