Les mesures d’‘’assouplissement’’ de l’état d’urgence annoncées jeudi par le gouvernement sont la conséquence des manifestations survenues durant les jours précédents, selon les quotidiens reçus vendredi à l’APS, dont certains dénoncent le ‘’pilotage à vue’’ des autorités et leur reprochent d’avoir fait machine arrière devant les manifestants.
Des manifestations quelquefois émaillées de violence ont éclaté mardi et mercredi dans plusieurs villes du pays. Les manifestants réclamaient la levée de certaines mesures prises par l’Etat pour atténuer le rythme de propagation du Covid-19, notamment l’interdiction du transport interurbain.
Jeudi, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures d’‘’assouplissement’’ de l’état d’urgence sanitaire, dont la levée de l’interdiction du transport interurbain et la réduction de la durée du couvre-feu ramenée de 21 h-6 h à 23 h-5 h.
Les rassemblements sont également autorisés de nouveau, et le port du masque reste obligatoire. La distance physique minimale d’un mètre entre les personnes qui fréquentent les endroits publics reste également en vigueur.
Ces décisions ont été largement commentées par la presse.
Tribune dénonce ‘’la gestion hasardeuse de la pandémie de coronavirus’’, se demandant si elle ‘’découle (…) d’une incompétence ou d’une insouciance notoire’’.
‘’Cette question mérite d’être posée, d’autant plus qu’au moment où les cas d’infection au Covid-19 ne cessent de se multiplier, le gouvernement, qui aurait dû prendre des mesures plus hardies pour freiner la propagation de la maladie, semble encore tâtonner, trois mois après la déclaration du premier cas enregistré au Sénégal’’, ajoute-t-il.
Sud Quotidien estime que l’‘’assouplissement’’ de l’état d’urgence ‘’s’explique à bien des égards par la pression exercée (…) par des jeunes’’ sur les autorités gouvernementales.
Ces jeunes protestaient contre les ‘’mesures de restriction qui ne leur permettraient plus de mener correctement leurs [activités et de] subvenir à leurs besoins, à ceux de leurs familles’’, constate le même journal.
‘’Ce dégoût généralisé des jeunes (…) est à mettre sous le compte du pilotage à vue dont ont fait montre les autorités’’, affirme-t-il, ajoutant : ‘’Entre reculades spectaculaires, décisions controversées et stratégie de riposte inexistante (…), des citoyens ne sachant plus à quel saint se vouer ont décidé de prendre leur destin en main.’’
‘’Les manifestations des acteurs du transport semblent avoir porté leurs fruits’’, car le gouvernement a ‘’desserré l’étau en décidant de la reprise du transport interurbain’’, fait remarquer WalfQuotidien.
‘’C’est le corps médical sénégalais qui doit se sentir frustré par autant de concessions faites au nom d’autres impératifs autres que celui d’endiguer la propagation du coronavirus. L’on veut nous faire croire que le pic de progression est derrière nous, alors que la réalité du terrain donne à avoir une tout autre lecture’’, commente WalfQuoidien.
‘’Bonjour le pilotage à vue !’’ s’exclame-t-il, ajoutant : ‘’En lieu et place des avis médicaux avisés et scientifiquement documentés, le gouvernement n’en a que pour la rue. C’est elle qui tient le thermomètre, imprime le tempo et la cadence, fixe timing et échéancier devant un pouvoir qui a choisi le profil bas comme mode de gouvernance.’’
‘’Ce n’est plus le Comité national de gestion des épidémies qui fixe les règles de conduite. La rue s’en charge, donnant l’impression d’une espèce de vacuité dans le cockpit’’, analyse WalfQuotidien.
Un avis que partage Source A en affirmant que, ‘’entre la rue et les experts’’, le gouvernement ‘’a fait son choix’’.
Le président de la République ‘’n’écoute plus le Comité national de gestion des épidémies, mais plutôt le peuple, quand il s’agit de prendre des mesures’’ pour éradiquer le Covid-19, ajoute le même journal.
Le Témoin Quotidien se demande ‘’pourquoi commencer le couvre-feu à cette heure tardive (23 h) où ne circulent en général que les chats gris et autres noctambules invétérés’’.
‘’Une partie de la nuit où le méchant coronavirus n’a pas de grandes chances de rencontrer beaucoup de monde’’ sur son chemin, ajoute-t-il, concernant la durée fixée désormais pour le couvre-feu.
EnQuête estime que ‘’de l’état d’urgence, il ne reste plus que quelques ‘mesurettes’’’. ‘’Face à la montée du mécontentement populaire, le gouvernement desserre l’étau’’, lit-on dans le journal.
‘’Lever les restrictions liées au transport interurbain et permettre la réunion dans certains endroits publics comme privés’’, c’est ‘’un aveu d’échec de l’état d’urgence’’, soutient L’As.
‘’Aujourd’hui, ajoute-t-il, le chef de l’Etat est passé à une vitesse supérieure en mettant presque une croix sur le couvre-feu et en permettant à nouveau la circulation interurbaine. Signe d’un aveu d’échec de l’état d’urgence !’’