La mairie de la ville de Ziguinchor a été le théâtre d’un événement digne des pratiques du dictateur Amine Dada de l’Ouganda. Alors qu’il est impliqué dans des histoires de bradages du foncier, dans la commune de Ziguinchor, le maire a demandé à être entendu par les journalistes de Kewoulo. Mais, mis à mal par les questions de Babacar Touré qui exigeait des documents pour conforter ses propos, le maire adjoint de Ziguinchor a fait appel à ses gros bras pour séquestrer le journaliste…Kewoulo a décidé de porter plainte ce matin.
Jeudi 26 juillet 2018. Il est 16 heures dans la capitale régionale de la Casamance. Et à Ziguinchor, le ciel est couvert de nuages. Dans cette ville à l’hivernage abondant, la pluie a momentanément abandonné les populations laissant la place à un débat houleux qui pollue l’atmosphère dans la commune.
Depuis plusieurs mois déjà, des confidences parvenues à la rédaction de Kewoulo font état de bradage du foncier à Ziguinchor. Et comme une litanie, les accusateurs ont toujours pointé du doigt le premier adjoint au maire. Après les accusations, une enquête a été ouverte par la rédaction de Kewoulo. Et M.Tahibou Diédhiou interpellé pour apporter des précisions sur des accusations portées à son encontre.
« Nous étions en mai et j’avais demandé a mes équipe de ne jamais mettre quelqu’un en cause sans lui avoir, au préalable, donné la parole. C’est ce que nous avons fait en venant à Ziguinchor voir le maire. » A déclaré Babacar Touré.
Contacté le 7 mai dernier par l’équipe de Kewoulo arrivée a Ziguinchor, Tahibou Diédhiou a fait savoir qu’il était indisponible; parce que étant à Dakar. « Mais, 30 minutes plus tard il nous a appelé et nous a donné rendez-vous dans un hôtel, la nuit. Nous avons décliné la proposition pour éviter tout quiproquo. » S’est justifié le directeur de publication de Kewoulo.
Après un premier rendez-vous manqué en mai, l’équipe de Kewoulo est, une fois de plus, revenue à la charge pour recueillir les témoignages du maire adjoint de Ziguinchor. Cette fois-ci, Tahibou Diédhiou a demandé au journaliste de passer dans son bureau.
« Ce que nous avons fait en venant à son rendez-vous. Mais, au lieu de nous donner des documents qui montrent que tout ce qu’il a fait était légal, il a passé son temps à dire qu’il serait victime de cabale. Que des ennemis lui en voulaient » a fait remarquer Babacar Touré.
Ramené à l’objet de la rencontre -il avait promis de donner des documents qui montreraient que tout est légal dans la procédure- le maire renvoie la responsabilité à un certain Me Bodian qui serait responsable du domanial à Ziguinchor.
Comme le fameux Bodian serait injoignable, Tahibou Diédhiou nous a donné rendez-vous dans l’après midi.
« Comme nous voulions coûte que coûte lui donner l’occasion de se défendre, nous sommes revenus l’après midi« , a déclaré Babacar Touré.
Alors que le directeur de publication de Kewoulo s’attendait à faire face à Me Bodian qui devait mettre des documents à sa disposition, le journaliste découvre que des confrères régionaux étaient dans le bureau du maire. « J’ai appris, plus tard, que les confrères étaient venus dans le bureau du maire pour régler des détails inhérents à une rencontre que la presse régionale organisait au Cap Skring . » A déclaré Babacar Touré qui a déposé une plainte au pénal, ce matin devant le parquet de Ziguinchor.
Comme dans la matinée, le face à face entre le maire et le journaliste tourne en défaveur de Tahibou Diédhiou arc-bouté à sa défense de « chasse aux sorcières » dont il serait la victime
. « C’est à ce moment que nous lui avons, clairement, dit que, à défaut d’avoir des documents qui l’innocentaient, nous allions publier ceux qui l’incriminent. » A témoigné Babacar Touré.
Comme si c’était la phrase de trop, le maire a perdu tous ses moyens de défense et s’est perdu dans une kyrielle de menaces: de plainte judiciaire d’abord. Ensuite dans des invectives et menaces physiques. Comme l’atmosphère devenait ombrageux, le journaliste a décidé de quitter le bureau.
Mais, comme un forcené piqué au vif, Tahibou Diédhiou s’est levé de son bureau et a foncé directement sur le journaliste pour l’empêcher de sortir. « Il m’a empoigné et avec un homme qui doit être son gros bras, m’ont plaqué contre la porte pour m’empêcher de sortir. »
C’est à ce moment que les deux journalistes sont intervenus pour empêcher le lynchage. « Il ne sortira pas de ce bureau » a ordonné Tahibou Diédhiou. Et alors que son garde du corps fait obstacle à la sortie du directeur de publication de Kewoulo, Tahibou Diédhiou a fermé la porte à clé et rejoint bureau. »
« C’est à ce moment que je lui ai fait comprendre que l’affaire était en train de tourner en un crime de séquestration. » A rappelé le journaliste à ses geôliers. Après plusieurs minutes de dialogue entre le geôlier en chef et les journalistes présents au moment des faits, Tahibou Diédhiou a consenti de libérer son otage.
Au préalable, il a été très clair et très précis: « si vous publiez ne serait-ce qu’un seul article sur moi, je vais vous poursuivre en justice. »
La Rédaction