Des jeunes en furie ont tout cassé sur leur passage, n’épargnant ni grandes surfaces, ni stations-service encore moins des brigades de gendarmerie qui ont fait l’objet d’attaques sans commune mesure.
Des scènes dignes d’une guérilla urbaine qui ont mobilisé tout ce que le pays a compté comme forces d’intervention pour contenir cette colère. La situation était devenue incontrôlable au point que des représentations diplomatiques ont pris en main leur propre sécurité et celle de leurs ressortissants.
Il nous revient de sources bien informées que suite au saccage du supermarché Auchan des Almadies le vendredi 5 mars, l’ambassade des États-Unis qui se trouve à quelques jets de pierre a dépêché sur les lieux une force d’intervention composée d’hommes armés se déplaçant à bord de véhicules banalisés. Il a été signalé parmi ces hommes des tireurs d’élite.
Leur mission ne consistait pas à empêcher l’attaque de la grande surface française, mais de sécuriser les alentours où l’inquiétude commençait à gagner du terrain chez les diplomates occidentaux. Les forces de sécurité sénégalaises préposées au maintien de l’ordre se faisaient désirer dans les parages car elles étaient à court d’effectif. Ce qui veut dire que cette zone d’intervention de la gendarmerie était laissée à la merci des manifestants et des casseurs.
Dans un contexte de menace terroriste qui hante le sommeil des dirigeants de la sous-région, les américains ne voulaient pas prendre de risque. Depuis quelques années, il faut noter que les Almadies sont placés sous haute sécurité. Peuplé d’hôtels, ce quartier chic dakarois est prisé par les représentations onusiennes et où se reveille la majorité des diplomates occidentaux.
À ce protocole bien huilé mis en branle que lorsque les choses deviennent ingérables pour les autorités locales, s’est ajoutée la mise à disposition de téléphones satellitaires aux diplomates. C’était pour contourner les perturbations que connaîtraient les télécommunications.
Aux premiers jours des manifestations, les réseaux sociaux ont connu quelques perturbations à l’image de Youtube qui était devenu inaccessible pendant au moins une demi-journée. Il était également impossible d’envoyer ou de recevoir des messages vocaux via WhatsApp. Craignant une généralisation de ces restrictions, les chancelleries étrangères ont préféré prendre les devants pour organiser leur « fuite » quand les choses partiraient en vrille. Car, il était prévu que certains d’entre eux prennent le large quand ils auront constaté le naufrage du Bateau Sénégal. Déjà, des messages ont été envoyés aux expatriés français et américains pour leur demander de limiter leurs déplacements.
Dakaractu a appris qu’au moment où la situation se dégradait de plus en plus, des plans d’évacuation étaient déjà prêts à être déployés pour sauver ce qui pouvait l’être.
Preuve de cette inquiétude, les ambassades de l’Union européenne et de ses États ont sorti un communiqué le dimanche 7 mars pour appeler les différentes parties à la retenue et à éviter la violence. Le communiqué signé également par les États-Unis, le Canada, la Corée du Sud, le Royaume Uni et la Suisse, a insisté sur la nécessité de protéger les personnes et leurs bien ainsi qu’à la restauration pacifique du calme et du dialogue.
Heureusement, la raison a prévalu et le chaos tant craint ne s’est pas produit. Les uns et les autres se sont arrêtés à temps et sont revenus à de meilleurs sentiments pour préserver la paix au Sénégal même si des pertes en vies humaines ont été déplorées lors des troubles qui ont au moins duré une semaine.