Dakarmidi – C’est avec beaucoup de soulagement que les sénégalais, particulièrement les parents d‘élèves de l’école publique ont appris la signature d’un accord en 6 points entre les 6 syndicats d’enseignants et le gouvernement.
Il est évident qu’après presque quatre mois de troubles, la signature de cet accord qui hélas n’en est pas le premier, la véritable question est bien celle de savoir comment devons-nous faire pour qu’un tel désastre ne se répète plus.
Plutôt que de perdre du temps à polémiquer sur les responsabilités des uns et des autres dans cette catastrophe nationale, nous pensons plutôt qu’un certain nombre de leçons devraient être apprises de cet épisode douloureux, et certains changements envisagés.
L’une des premières et sans doute des plus importantes leçons est, me semble-t-il, la nécessité pour le gouvernement de savoir tenir parole. Bien que je sois conscient que souvent acculé pendant des processus de négociation positionnelle, il ait été amené à signer des accords juste pour mettre fin à des grèves tout en sachant qu’il ne pourrait respecter sa parole, cette fois-ci, la mise en place d’un comité de suivi de la mise en œuvre des points de l’accord pourrait l’aider à éviter de contraindre les syndicats à retourner dans la rue pour raison de non-respect des accords signés.
Cependant, la fonction de monitoring, d’alerte et d’accompagnement attendue de tout comité de suivi ne pourrait être correctement remplie que si et seulement si ce comité inclut, outre les syndicats et le gouvernement, les associations de parents d’élèves et, pourquoi pas quelques facilitateurs qui auraient aidé à atteindre cet accord.
Ainsi seulement, ce comité serait en mesure, à l’issue de chacune de ses évaluations trimestrielles, de prendre les dispositions utiles pour exiger le respect de ce qui a été convenu ou si nécessaire, faciliter un accord de moratoire, et au besoin, rendre publics les manquements éventuels de la partie en défaut, informer les leaders de tous ordres ayant été sollicites pour le règlement de cette crise-ci.
Une deuxième leçon, encore plus importante à , me semble être qu’aussi longtemps que les syndicats d’enseignants ne compteront que sur l’abandon des cours pour obtenir la satisfaction de leurs revendications, les élèves et leurs parents seront toujours les premières victimes de ces bras de fer entre gouvernement et syndicats d’enseignants.
Pour éviter l’itération à l’infini de ce malheureux cycle que nous avons toujours connu, il faudrait que les associations de parents d’élèves jouent véritablement leur rôle, et ceci ne se pourra réaliser que si les syndicats d’enseignants, en appui à certains chefs d’établissements qui se battent constamment avec les associations fantoches de parents d’élèves, dirigées souvent par des opportunistes qui n’y sont que pour leurs propres avantages (savoir capter des marches de travaux divers, de confection des blouses des élèves, ou encore pour renforcer leurs bases politiques), prennent résolument en charge le vaste chantier de la refondation et de la réforme nécessaire desdites associations.
Je ne suis ni un idéaliste ni un pessimiste, mais je pense rigoureusement que des associations fortes de parents engagés et déterminés à sauvegarder leurs intérêts d’abord et les intérêts de leurs enfants ensuite, devraient pouvoir éviter aux syndicats d’enseignant d’avoir recours aussi régulièrement à des grèves. Pour un tel résultat voici ce qu’il me semble qu’on devrait faire :
– Profitant de ce Momentum, les leaders des syndicats d’enseignants devraient, dans un élan unitaire, inviter la presse à une conférence très médiatisée, afin de partager dans le maximum de langues connus des sénégalais, le contenu de l’accord ainsi que les modalités de sa mise en œuvre et de son monitoring, tout en les invitant à être des observateurs responsables et disposés à dénoncer tous manquements éventuels aux engagements du gouvernement et à exiger le respect du calendrier de mise en œuvre conjointement convenu.
– Durant une telle conférence de presse, les leaders syndicaux devraient insister fortement sur la responsabilité des associations de parents d’élèves à prendre connaissance désormais, de tous les griefs des syndicats d’enseignants avant que ces derniers ne déclenchent des bras de fer, de les évaluer de façon objective lors de conversations franches et ouvertes avec les leaders syndicaux, et lorsqu’elles les trouvent justifiées, de prendre les initiatives de plaidoyer et de sensibilisation nécessaires, auprès des instances et personnes les plus adéquates (gouvernement, Assemblée Nationale, leaders religieux etc.), afin de prévenir toute escalade qui nous serait collectivement préjudiciable.
– Que les syndicats d’enseignants (pourquoi pas avec le gouvernement ?), prennent dès à présent les dispositions pour une vaste campagne de sensibilisation et de persuasion des parents d’élèves les plus intègres, dignes et disposant de réelles capacités de contribution à l’amélioration de notre système éducatif (il y en a beaucoup, dans tous les quartiers), afin qu’ils s’impliquent dans le fonctionnement de l’école publique, d’abord en rejoignant et en prenant des positions dans le leadership des associations de parents d’élèves, positions qui ont très souvent été laissées à des gens douteux et opportunistes, soucieux de leurs seuls intérêts égoïstes.
Les propositions ci-dessus peuvent paraitres irréalistes, notamment aux pessimistes qui diront très vite qu’on ne pourra jamais changer les associations de parents d’élèves. A ceux-là je voudrais bien répondre…que ceux qui pensent ainsi veuillent donc laisser essayer ceux qui croient comme moi, qu’un tel changement est possible !
Nous ne devons plus laisser aux enseignants l’ultime et souvent l’unique option de déserter les classes, et en ces circonstance, à nos enfants celle d’être privés de leurs droits à l’éducation, chaque fois que les premiers auront des revendications face au gouvernement.
N’est-t-il pas temps que des associations de véritables parents d’élèves, engagés, compétents, intègres et disponibles, soient prêtes à prendre désormais en charge, de façon proactive, toutes revendications légitimes des enseignants de l’école publique sénégalaise ?
Ainsi seulement, les grèves des enseignants pourront être drastiquement réduites.
Déthié Djoli