Le président américain menace de suspendre indéfiniment la contribution américaine à l’OMS à moins que l’agence onusienne s’engage à procéder à des «?améliorations?» majeures sous 30 jours. Donald Trump avait, plut tôt, pointé du doigt l’échec de l’organisation face à la pandémie de coronavirus et dénoncé «?l’absence d’indépendance?» de son directeur général vis-à-vis de la Chine sur la question taïwanaise.
Les États-Unis ont étrillé lundi «?l’échec?» de l’OMS, qualifiée par ailleurs de «?marionnette de la Chine?» par Donald Trump, lors de la réunion annuelle de l’organisation au cours de laquelle le monde a demandé une «?évaluation?» de la riposte internationale face à la pandémie.
«?Je ne suis pas content de l’Organisation mondiale de la santé?», a tempêté le président américain depuis la Maison Blanche. «?Ils sont une marionnette de la Chine?».
Donald Trump a ensuite annoncé qu’il suspendrait le financement américain à l’OMS de manière définitive à moins que l’agence onusienne s’engage, sous 30 jours, à procéder à des «?améliorations?» majeures.
Dans une lettre adressée au directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qu’il a partagée sur Twitter, le président américain prévient qu’il pourrait aussi remettre en cause l’adhésion des États-Unis à l’OMS.
Il réclame de l’OMS qu’elle «?démontre son indépendance?» à l’égard de la Chine.
Les pays membres avaient décidé, lundi, de reporter les débats sur la participation de Taïwan comme observateur, réclamée par les États-Unis et une quinzaine d’autres pays. Après avoir bénéficié d’un statut d’observateur, l’île a été exclue de l’OMS en 2016 sous pression chinoise, la présidente taïwanaise refusant de reconnaître le principe de l’unité de l’île et de la Chine continentale au sein d’un même pays.
«L’échec de l’OMS a coûté de nombreuses vies?»
Le report des débats a été accepté lundi sans opposition des États-Unis mais peu après, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a condamné dans un communiqué l’«?exclusion?» de Taïwan, et dénoncé «?l’absence d’indépendance?» du directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, accusé d’avoir «?choisi de ne pas inviter Taïwan sous la pression de la République populaire de Chine?».
Donald Trump, qui soupçonne Pékin d’avoir caché un accident de laboratoire qui aurait été à l’origine de la pandémie, a déjà accusé l’OMS de s’être «?plantée?» en s’alignant sur les positions chinoises au début de l’épidémie.
S’adressant à la réunion de l’OMS, son secrétaire d’État américain à la Santé, Alex Azar, a assuré que l’«?échec?» de l’agence onusienne face à la pandémie de Covid-19 a coûté de «?nombreuses vies?», réclamant une OMS «?bien plus transparente?» et qui «?rende davantage de comptes?».
Dans un discours diamétralement opposé, la très grande majorité des hauts dignitaires ayant pris la parole à l’occasion de ce marathon diplomatique virtuel ont chanté les louanges de l’OMS et de son patron, tout en reconnaissant la nécessité de renforcer cette agence spécialisée des Nations unies.
Le monde paye au «?prix fort?» les stratégies divergentes
Alors que l’OMS «?dépend à 80?% des contributions volontaires?» des pays, «?est-il décent d’exiger tellement d’elle et de payer de manière aussi arbitraire?», a notamment lancé la présidente suisse, Simonetta Sommaruga.
Ouvrant les discussions, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a pour sa part critiqué les pays ayant «?ignoré les recommandations de l’OMS?», estimant que le monde payait aujourd’hui au «?prix fort?» les stratégies divergentes. Appelant à un «?effort multilatéral énorme?» face à cette «?tragédie?», il a dit espérer «?que la recherche d’un vaccin pourra en être le point de départ?».
Comme en écho, le président chinois Xi Jinping a assuré qu’un éventuel vaccin chinois deviendra un «?bien public mondial?», promettant que son pays consacrerait par ailleurs deux milliards de dollars sur deux ans à la lutte mondiale contre le Covid-19.
Dans un message vidéo, le président français Emmanuel Macron a également affirmé que si un vaccin est découvert, il «?sera un bien public mondial, auquel chacun devra pouvoir avoir accès?».