Chroniques du Midi
By Gentle Mara
Ils sont nombreux de nos jours, les »Oustaz », terme le plus répandu dans le pays pour désigner ces maitres coraniques à se lancer dans le »Tafsir » ou l’interprétation du Coran, une exégèse du noble livre pour mieux expliquer les zones d’ombres et quelques mystères jusque là inconnus du grand public pour leur apporter une meilleure appréhension et compréhension des versets sacrés et la bonne pratique de leur religion.
Dans ce sens abonde mes propos qui portent sur ce débat de l’interprétation du Livre sacré parmi nos religieux sénégalais dont les plus célèbres sont le Docteur Ahmed Khalifa Niasse, Iran Ndao et Oustaz Mactar Sarr, pour ne citer que ceux là dans le contexte actuel où leurs noms sont associé à une polémique sur le droit islamique relatif à la question du Mariage suite à la diffusion de la série télévisée » WIRI WIRI » sur le cas d’un papa ayant auparavant violé une jeune fille que son fils veut épouser.
Des positions qui m’ont poussé à me poser tant de questions en essayant de voir pourquoi à chaque fois nos »Oustaz » polémiquent sur des questions d’interprétations, de fikh entre autres, quelqu’un parmi eux détiendrait t-il le monopole de la connaissance religieuse, mieux, comment interpréter le Coran aujourd’hui ? à l’heure où l’image de l’islam s’atrophie de jours en jours par des gens prônant des positions diverses, voire très radicales, ce qui a fait dire Hassan Rohani, président iranien que la « plus grande responsabilité » des pays musulmans était de « corriger l’image de l’islam dans l’opinion publique mondiale » et « Nous devons éliminer l’image négative de l’islam dans le cyber-espace et l’espace réel d’aujourd’hui », a déclaré M. Rohani lors d’un discours prononcé à Téhéran à l’ouverture d’une conférence internationale consacrée à « la crise actuelle du monde islamique ».
Il a noté que la grande majorité « de la violence, de la terreur et des massacres avait malheureusement lieu dans le monde islamique en Afrique, Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Asie occidentale ».
Ibn Kathir a dit dans l’introduction de son célèbre Tafsir : « ….il est du devoir des oulémas de dévoiler la signification de la Parole d’Allah, de l’expliquer et, à ce titre, de faire toute recherche pertinente pour y arriver, pour l’apprendre et l’enseigner comme les y incite le Coran dans les versets suivants:
« Allah prit, de ceux auxquels le Livre était donné, cet engagement : “Exposez-le, certes, aux gens et ne le cachez pas”. Mais ils l’ont jeté derrière leur dos et l’ont vendu à vil prix. Quel mauvais commerce ils ont fait » (Coran : 3/187).
Dans le contexte du Sénégal objet de notre analyse c’est pire, si des » Oustaz » censés expliquer la religion à travers des »Tafsir » ont des malentendus sur des sujets de Fikh ou droit islamique que fait le croyant lambda, même si au sein de la religion les écoles diffèrent sur certaines positions mais si des religieux d’une même école ne s’entendent pas sur leur législation, osons dire qu’il y a véritablement un problème d’interprétation qui ne dit pas son nom.
Et Personne ne me dira que Dieu n’a pas dit ceci dans le :
» C’est le Livre au sujet duquel il n’y a aucun doute, c’est un guide pour les pieux. » S2-V2 ou » Alif, Lām, Rā. Tels sont les versets du Livre explicite. » S1-V1
Qui a tort, qui a raison ?
je ne cherche point des coupables car très mal placé pour juger ou trancher en faveur de qui que ce soit, mais juste interpeller la conscience des croyants sur l’utilité de prendre des précautions sur la législation islamique et aussi vis à vis des prêcheurs.
En profiter pour ouvrir le débat et engager des pistes de réflexions et quelques perspectives selon des auteurs et divers auteurs et intellectuels du monde musulman.
Je rappelle à travers des recherches que Le Coran (en arabe : القُرْآن, al-Qor’ân, signifiant « la récitation ») est le texte sacré de l’islam. Pour les musulmans, le Coran regroupe les paroles d’Allah, révélations (āyāt) faites au dernier prophète et messager de Dieu Mahomet (محمد, Muḥammad, « le loué ») à partir de 610–612 jusqu’à sa mort en 632 par l’archange Gabriel (جبريل, Jibrîl).
Le Coran est parfois appelé simplement al-kitâb (« le Livre »), adh-dhikr (« le Rappel ») ou encore al-furqân (« le Discernement »). En ce sens, il est, pour les musulmans, l’expression d’un attribut incréé de Dieu adressée à l’intention de toute l’humanité. Les conditions de la mise par écrit puis de la fixation canonique du texte, plus complexes que la tradition qui la fait remonter au troisième calife, Uthmân, font toujours l’objet de recherches et de débats parmi les exégètes et historiens du xxie siècle.
Quant au »Fikh » et La charia les deux mots charia et fikh étant polysémiques et ayant donné lieu à une multitude d’interprétations et de définitions par les savants islamiques, il n’existe pas réellement dans le détail de consensus sur la relation entre les deux. Pour ibn Manzûr (1233-1312), « le terme fikh signifie la perspicacité, la compréhension et la maîtrise d’un savoir quel qu’il soit ». S’il n’apparaît pas en tant que tel dans le Coran, le verbe dérivé, fhq lui y est présent à vingt reprises. Tareq Oubrou, décline les conceptions proposées par différents auteurs. Certains incluent le fikh dans la Charia, comme Chaarany. L’imam Chawkany lui, considère que « les charias » sont des ensembles de dogmes communs à toutes les religions monothéistes (unicité, résurrection et prophétologie), auxquelles il convient d’opposer les formes différentes prises par les lois cultuelles et juridiques. Tareq Oubrou conclut que le fikh, « compréhension profonde de la vérité des choses », qu’il traduit par « canonisme », est « dans son acception scolastique classique se présente donc à la fois comme une lecture de la charia et se borne à classer les actes des individus responsables selon cinq degrés[…] C’est une photographie de la charia prise dans un temps donné dans un contexte donné. ». Pour Éric Chaumont, « les différents fiqh-s [sont] des systèmes normatifs englobant la totalité des actes humains et consignés dans une monumentale littérature légale ».
Maintenant Comment interpréter le Coran aujourd’hui ?
Une question essentielle qui conduit notre réflexion et dont les tentatives de réponses nous ont amené à vous proposer ces quelques analyses de savants ou spécialistes en la matière:
je vous renvoi au Livre de Bilal Philips, Le Fikh et son évolution – Introduction à l’histoire des écoles de pensées juridiques de l’Islam, l’auteur tente d’esquisser un tableau du développement historique de la jurisprudence musulmane (fiqh) et des écoles juridiques (madhâhib), montrant leurs relations réciproques et leur contribution à une compréhension générale et profonde de l’islam.Il faudrait noter que le fikh et les madhâhib furent et sont toujours des compléments nécessaires à la révélation divine, qui définit les principes de base gérant les droits et les responsabilités de l’homme envers Dieu d’une part, et de l’homme envers son prochain de l’autre. Quel que soit l’époque ou le lieu, le théologien musulman – animé d’une foi profonde, et d’une raison éclairée – a le devoir de fournir des interprétations contextualisées et pertinentes du Coran et de la Sunna. C’est là le véritable rôle du fiqh et des écoles juridiques dans l’islam.Malheureusement la pensée libérale et dynamique qui caractérisa les premiers Savants de l’islam fut progressivement remplacée par une rigidité et un dogmatisme évident.Depuis le treizième siècle, non seulement les écoles furent des moyens menant au sectarisme, mais le fikh perdit sa vitalité d’origine illustrée par le principe de l’ijtihâd, devenant incapable de faire face aux situations changeantes.
Peut être pour répondre à la question qui sous tend le débat lisons ceci :
Celui qui interprète le livre de Dieu — Exalté soit-Il — se doit de chercher son sens dans le Coran lui-même. S’il ne l’y trouve pas, qu’il le recherche dans la Sunnah authentique et avérée. S’il ne l’y trouve pas, qu’il le recherche dans les propos des Compagnons en évitant les narrations faibles ou controuvées ainsi que les israélismes (isrâ’îliyyât). S’il ne trouve pas ce qu’il cherche dans les propos des Compagnons, qu’il cherche dans les propos des Successeurs. L’accord de ces derniers sur une chose indique — avec une forte probabilité — qu’ils le reçurent de la part des Compagnons. En cas de divergence, qu’il choisisse la meilleure opinion et qu’il donne l’avantage à l’opinion la mieux appuyée par des preuves. S’il ne trouve rien dans leurs propos pouvant servir d’interprétation pour un verset, car ces propos sont jugés faibles, controuvés ou faisant partie des israélismes rapportés par les gens du Livre qui embrassèrent l’islam, alors qu’il emploie sa raison au mieux et qu’il n’épargne aucun effort à condition qu’il possède tous les instruments de l’ijtihâd (effort intellectuel de déduction à partir des textes)
En somme le » Message de l’islam » de Roger Garaudy bien entendu, l’auteur commence par opposer aux malentendus et «malentendants» une première approche sur l’essence même du mot islam, il écrit : «Islam signifie soumission volontaire à Dieu, ce qui est le dénominateur commun de toutes les religions révélées : juive, chrétienne, musulmane … depuis Adam, le premier homme.»
Et de citer T. Ramadan dans cette autre interprétation : «Dans l’islam, il y a cette notion de l’istislam, c’est-à-dire de se donner à Dieu, de se soumettre, mais il y a également la notion de salam, c’est-à-dire paix.»
«Le message de l’islam» est plus que jamais d’actualité avec les retombées négatives qu’ont engendrées les attentats «islamistes» commis contre des journalistes et des citoyens au cœur de la capitale française. Depuis cette tragédie, jamais la religion musulmane n’a été autant stigmatisée par un grand nombre de Français et d’Occidentaux, parce que des individus, exclus dans une obscure marginalité, rejetés par leur société, ont commis l’irréparable, le renouveau de l’islam apparaît comme une menace universelle. C’est une bénédiction pour une certaine presse occidentale manipulant délibérément peur, méfiance et effroi dans la conscience collective européenne. Parcourir les onze chapitres du livre, c’est interpeller pour un nouveau regard empreint de discernement. C’est se soustraire aux préjugés en lisant les réflexions émanant d’un grand érudit, un islamologue et philosophe, lequel souligne : «Nous ne considérons point cette religion telle quelle est aujourd’hui, mais à travers ce qu’elle apporta à l’humanisation de l’homme et ce qu’elle peut apporter encore…», et de rappeler les croyants à une relecture contemporaine du Coran sur un certain affaiblissement des préceptes «…si l’on ne se contente pas de réciter des fragments du Coran, toujours les mêmes, triés depuis mille ans, mais si on relit le message dans sa totalité organique, vivante, si l’on ne confond pas le Coran parole divine de la révélation avec la parole humaine des traditions…, ainsi seulement l’islam reviendra vivant, universel, ouvert à tous…» Parmi les grandes lignes de l’éthique islamique évoquées, on citera «la vision dynamique du monde dans le Coran», «le Coran donne à la raison toutes ses dimensions», «vers une conception islamique du développement et «les femmes dans le Coran». Pour revenir à la chari’a, qui fait couler encore beaucoup d’encre, comme étant un droit archaïque, contradictoire avec les droits de l’homme et le monde contemporain, Garaudy, que les grands débats sur le droit musulman n’ont pas laissé indifférent, manifeste ainsi sa pensée en lançant un appel à une ré-interprétation des textes juridiques, conforme au monde contemporain : «Pourquoi cette chari’a, cette loi de Dieu, ne rayonnerait-elle pas sur le monde ? Pourquoi les peuples musulmans, même libérés du colonialisme, demeurent-ils objet et non sujet agissant, créateur de l’histoire ? Parce que cette loi, cette chari’a a été défigurée, arrêtée dans son développement vivant, dès les premiers siècles de son histoire…quelle que soit la richesse de la tradition, de la Sunna du Prophète, des grands exégètes et des grands jurisconsultes du passé…nous ne pouvons pas laisser occulter la parole divine par la parole humaine. »
Est-il besoin de rappeler que comme la Bible ou la Torah, le Coran apporte un message divin universel et de parler de la destinée éternelle de sa créature : «Nous sommes à Dieu et vers lui nous retournons.»