Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
journalistes de la presse nationale et internationale,
Nous vous remercions de votre présence à cette conférence de presse dans des moments où vous êtes, assurément, fort sollicités par une actualité foisonnante, celle qu’adorent nos compatriotes parce que créée par des perspectives politiques et politiciennes.
Nous vous y avons conviés parce que le Sénégal s’achemine vers des élections cruciales pour son avenir politique, économique et social.
En mars dernier, notre pays a vécu une 3e alternance démocratique depuis son indépendance. L’histoire n’a donc pas été créée ce jour-là. Elle s’est simplement répétée faisant la fierté de notre Nation comme exemplaire en Afrique avec la belle confirmation qu’au Sénégal, ce sont les électeurs qui décident.
Nous avons vécu depuis 8 mois une nouvelle gouvernance. Un premier bilan impose de constater qu’elle est dans la stricte continuité de la précédente dont il était indispensable de se débarrasser. Rien de neuf. Rien de nouveau. Sinon des cris de « aux voleurs » pour l’instant sans suite connue et quelques rumeurs de scandales financiers tout frais.
Au-delà de cette continuité, nous considérons que des circonstances aggravantes donnent des motifs de s’inquiéter de l’avenir immédiat du Sénégal. La seule digue, le seul frein qui pourrait empêcher ce que nous percevons comme une catastrophe probable ne peut naître que du résultat du scrutin du 17 novembre 2024 qui permettra à notre pays de disposer d’une nouvelle Assemblée nationale.
Or des actes et appels à la violence pourraient les perturber, confirmant d’ailleurs une volonté en projet de transformer notre Sénégal en un pays de non-droit.
Nos premiers mots seront donc un nouvel appel à la paix et à des élections paisibles, suivant en cela le discours du Président de la République, particulièrement inspiré avant le démarrage de la campagne électorale.
La provocation est tôt venue par des propos d’un haut responsable du parti au Pouvoir qui n’a pas fait l’objet de condamnation ; ils ont été suivis du saccage du siège d’un parti de l’opposition ; nous avons ensemble noté que les Autorités se sont dispensées d’appels publics aux ministres de l’Intérieur et de la Justice pour retrouver le plus rapidement possible les fauteurs de troubles et leurs commanditaires.
Nous avons ensuite été témoins d’un début d’escalade.
Notre message de campagne a été très tôt très clair à ce sujet : tous ceux qui appellent ou usent de la violence pour gagner des voix, quel que soit leur bord, ne les cherchent pas pour l’intérêt du Peuple qu’ils doivent représenter, mais pour le leur propre. Le sacerdoce est une peine ; il n’est pas recherché par la violence.
Aujourd’hui, le Sénégal apparaît comme un îlot de stabilité dans la sous-région. Il a pour l’instant échappé à l’instabilité et à l’extension inexorable des zones de non-droit depuis plusieurs années en Afrique de l’Ouest et dans d’autres régions du Continent.
Leur dramatique progression s’opère sous l’effet de plusieurs causes :
1. Le terrorisme, à la fois cause et conséquence,
2. Les trafics internationaux en tout genre,
3. Et bien entendu, les violences faites aux constitutions par des régimes, souvent en place à la suite d’élections non ou peu contestées.
Pour l’instant à l’abri du terrorisme, le Sénégal est déjà dans le risque des conséquences probables de violences faites à notre Constitution. Nous relevons parmi elles les suivantes considérées majeures :
1- Sans doute à la suite de mauvais conseils, le Président de la République a bloqué le fonctionnement des assemblées constitutionnelles consultatives que sont le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) et le Haut Conseil des Collectivités. Territoriales (HCCT). Ce faisant, le Président de la République s’est rendu parjure, violant l’article 42 de notre Constitution qui dispose qu’ « il est le garant du fonctionnement régulier des institutions », et donc aussi son serment devant Dieu et la Nation de respecter et faire respecter la Constitution (Art.37). Ces institutions existent toujours, il en a certes souhaité la suppression ; l’Assemblée nationale du Sénégal a rejeté ce projet. Ce sont donc des institutions qui existent. Mais le président de la République a immédiatement décidé de mettre fin à leur « fonctionnement régulier », avec même l’objectif de les bloquer par 2 décrets qui les ont privés de présidents. Ces actes sont d’une gravité extrême. Nous avons pris l’habitude de ne considérer comme coup de force le seul dirigé contre un président de la République en exercice. Mais le coup de force est également contre toute institution constitutionnelle. C’est d’ailleurs pourquoi, le programme de législature de la Coalition SENEGAAL KESE prévoit des réformes mettant à l’abri les institutions constitutionnelles de tout coup de force.
2- Je relèverai comme 2e cas grave cette complicité entre le Président de la République et son Premier ministre visant et ayant réussi par une ruse peu digne à empêcher ce dernier de faire sa déclaration de politique générale, qui, rappelons-le, est une obligation constitutionnelle (art. 55).
Nous avons tous entendu le Premier ministre dire « Je suis prêt mais je n’y vais pas tant que le Règlement intérieur de l’Assemblée ne sera pas modifié ». Ce dernier a été modifié, il n’y est pas allé. Cela a un nom : une défiance et une impolitesse à l’endroit de la représentation populaire, à l’endroit du Peuple du Sénégal véritable audience de cette DPG.
La Constitution a de nouveau été violée.
3- En 3e cas, je soulignerai ce qui est sans aucun doute la plus grosse source d’instabilité constitutionnelle en cours au Sénégal : il s’agit bien entendu de la dualité que nous constatons au sommet de l’État. Et aujourd’hui, un Premier ministre qui ne s’embarrasse plus de formes pour s’afficher comme le vrai patron de l’Exécutif, ce qui est objectivement porteur de confusion et d’instabilité à court ou moyen terme, dans la mesure où notre Constitution ne reconnait qu’un seul chef de l’Exécutif et un Gouvernement qui dépend de lui.
Je me contenterai à cet égard de rappeler 3 faits fort graves qui nous conduisent vers une incertitude et au-delà vers une instabilité probable au niveau de notre Exécutif.
a. Nous avons un Premier ministre qui se permet de promettre de corriger un décret présidentiel. Je fais référence évidemment à l’affaire Samba NDIAYE, et il le fait à travers un post désobligeant publié dans les réseaux sociaux.
b. Nous avons un Premier ministre qui, en meeting électoral, corrige et redéfinit la stratégie militaire du Sénégal à ses frontières, usurpant des responsabilités du Chef de l’Etat et de ses chefs militaires.
c. Enfin, nous avons un Premier ministre qui dénonce publiquement l’incapacité à agir de ministres placés sous sa direction (ceux de la justice et de l’Intérieur), et menace de leur substituer les milices de son parti pour affronter physiquement ceux qui perturbent sa campagne. Le tout dans une déclaration étonnante qui les cite après un Président de la République ramené au même stade.
Pourtant, notre Constitution fait totalement dépendre Premier ministre et ministres du Président de la République.
Pourtant, dans le même temps, la justice suit son cours. Des individus ont été arrêtés. Mais le Premier ministre tient dans la même déclaration à confondre, ministre de la Justice qu’il met à ses ordres et La Justice dans des déclarations de campagne. Qu’il sache que le ministre de la Justice n’est pas la Justice dans notre pays.
Ces exemples sont cités afin que nous puissions constater ensemble que, dans notre pays, le droit est en train d’être nié, l’État malmené, comme si l’objectif du projet est de plonger le Sénégal dans un chaos propice à une remise en cause définitive de son statut d’État de droit, par petites touches aujourd’hui et par des séries de lois prétextes demain.
C’est la raison pour laquelle cette conférence de presse vise à souligner à quel point l’heure est grave.
Que tous, citoyennes et citoyens soyons debout pour dire « non », et nous opposer à ce funeste projet. Non par des pierres ou des cocktails Molotov, mais par les bons choix que nous permet le fonctionnement de notre démocratie le 17 novembre prochain. L’Assemblée nationale est la pierre angulaire de toute démocratie. Mais jamais au Sénégal elle n’a tenu son rôle. L’Assemblée nationale s’est contentée d’accueillir une majorité automatique. Elle se contente d’applaudir, et plus récemment, en y ajoutant des insultes et bagarres entre députés.
L’heure est venue de rompre avec ce passé.
L’heure est venue de quitter une continuité tout dernièrement vécue avec Benno Benn Yakaar.
L’heure est venue de ne pas donner une majorité automatique au régime en place, ouvrant ainsi la porte à une quasi-dictature dont les prémisses sont déjà vécues.
L’heure est venue de choisir des députés indépendants, plaçant l’intérêt général avant tout et celui de la patrie avant celui de leur parti.
L’heure est au choix d’homme et de femmes de valeurs. Non parce qu’ils se seraient déclarés tels, mais parce que leurs actes passés le prouvent.
Il est essentiel pour l’avenir du Sénégal que son Peuple soit représenté à l’Assemblée nationale par ces femmes et ces hommes de valeur. Ils se trouvent sur la liste de la coalition SENEGAAL KESE dirigée par le ministre Thierno Alassane Sall.
Leurs députés refuseront les attitudes sectaires et de politique politicienne. Ils accompagneront le régime dans tous leurs projets considérés à l’avantage de la Nation. Ils exerceront pleinement leurs droits de contrôle de l’activité du Gouvernement et d’évaluation des politiques publiques. Ils auront pour seule vision l’intérêt de la Patrie.
Notre Peuple a gagné le combat de l’alternance à la présidence de la République.
Il est urgent désormais de gagner celui de l’alternance à l’Assemblée nationale en rejetant résolument ce faux slogan de campagne électorale : Peuple, donnez-nous une majorité de mains pour nous applaudir afin de mieux vous servir.