La résidence du Pape du Sopi à Fann est devenue, depuis quelques temps, le lieu de rendez-vous privilégié de quelques sommités de tous les secteurs. Me Abdoulaye Wade est aujourd’hui, le politique le plus sollicité depuis qu’il a installé ses quartiers à Dakar à l’orée de la présidentielle de 2019. Depuis, il multiplie des audiences, la dernière en date est celle accordée à l’ambassadeur des Etats-Unis ce mercredi. Ce qui pousse à s’interroger sur la fréquence de ces audiences avec Wade.
Le leader du Parti démocratique sénégalais (Pds), Abdoulaye Wade n’est plus président de la République depuis la seconde alternance survenue en 2012. Mais le Pape du Sopi, depuis son retour au pays après sa retraite à Versailles en France, fonctionne comme un chef… d’Etat. Son domicile à Dakar s’est transformé en Palais. Il accorde des audiences à tout va. Et pas des moindres. Hommes politiques, leaders de la société civile et des journalistes ont fait le déplacement jusqu’à chez lui à Fann résidence pour tailler bavette avec l’ancien président de la République. Et ces mouvements chez Wade ont commencé à intriguer au point que d’aucuns se demandent ce que prépare l’ancien chef de l’Etat sénégalais. Certaines indiscrétions pensent que cette attitude est pour mettre la pression sur Macky Sall qui a contraint son fils à s’exiler au Qatar. Par conséquent manquant tous les rendez-vous électoraux qui se sont passés ces quatre dernières années. Le leader du Pastef/les Patriotes, Ousmane Sonko ancien candidat malheureux à la dernière présidentielle est le premier a été être reçu par le Pape du Sopi. Le leader de Pastef avait indiqué avoir trouvé une convergence de vue avec l’ancien chef de l’Etat. Ensuite ce fut le tour du leader de AfrikaJom, Alioune Tine d’être reçu chez Wade. M. Tine avait confié avoir discuté avec lui sur plusieurs questions d’ordre idéologiques et politiques notamment la question de la Démocratie en Afrique, plus précisément au Sénégal, les réformes des institutions, ainsi que celles afférentes à la justice. Le Secrétaire général national du Pds a reçu aussi le leader du Mouvement Tekki, Mamadou Lamine Diallo. Leur discussion portait sur l’actualité politico-économique nationale. Mais aussi comment définir des stratégies pour aller à l’assaut de Macky Sall et faire la lumière sur le «scandale pétro-gazier».
Et c’est mercredi dernier qu’il a repris ses audiences. Et c’est l’ancien Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye ; d’ailleurs, le dernier chef du gouvernement de Wade avant l’élection présidentielle de 2012 remportée par Macky Sall, qui a rouvert ce ballet de personnalités devenu incessant. Seulement, il faut dire que ce ne sont pas seulement les hommes politiques de l’opposition et des membres de la société civile qui sollicitent les conseils de l’ancien président de la République. Des diplomates étrangers veulent tailler bavette avec le Pape du Sopi. En effet, l’ambassadeur des Etats-unis à Dakar Dr Tulinabo S. Mushingi a été reçu, ce mercredi par le fondateur du parti libéral. Rien n’a filtré de cette audience. Mais ce qu’on peut dire, c’est qu’on est loin des relations tumultueuses entre Wade et la diplomatie américaine quand il était aux affaires. On se souvient de la convocation, le 7 février 2012, par le ministre des Affaires étrangères sénégalais, Madické Niang, de l’ambassadeur Lewis Lukens. Le gouvernement sénégalais n’avait pas apprécié sa sortie sur la candidature de Wade qui risquerait de mettre le Sénégal dans une situation difficile. Par cette convocation l’Etat sénégalais a voulu dénoncer «l’ingérence incessante des autorités américaines dans la politique intérieure sénégalaise». Que le Pape du Sopi qui retourne dans l’opposition et reçoive le diplomate américain, beaucoup d’eau a coulé sous le pont.