Chroniques du MIDI
By Gentle Mara
Depuis ce matin, je cherche les mots qu’il faut pour décrire l’image de mon pays au regard de l’opinion nationale et internationale suite à la libération du célèbre religieux Imam Aliou Ndao le 19 juillet passé.
L’affaire avait plongé le pays dans un contexte médiatique très corsé entre le pouvoir et les associations islamiques et citoyens soutenant Imam, scandant partout qu’il n’a rien fait et Oui finalement il est libre avec une peine d’un mois d’emprisonnement avec sursis pour détention d’arme de second degré.
Faut pas rire Gentle Mara c’est un dossier sérieux, hein !!!
Juste une interrogation, quelle lecture devrons-nous avoir face à ce dossier parmi tant d’autres avec la justice qui fait l’objet des Unes de la presse nationale et de la sous-région sur sa crédibilité dans le traitement des cas qui lui sont soumis ?
À titre de rappel, l’imam Ndao est ses coaccusés comparaissaient, depuis le 2 mai, pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », « blanchiment de capitaux dans le cadre d’activités terroristes » et « apologie du terrorisme ».
L’affaire avait éclaté en 2015. Une publication sur Facebook montrait des Sénégalais morts en Libye auprès de combattants islamistes et faisait l’apologie du terrorisme. Les investigations de la police criminelle sénégalaise permirent de remonter jusqu’à un certain Abou Diokhané, 31 ans, un Sénégalais arrêté en Libye pour terrorisme puis renvoyé au Sénégal. Celui-ci est proche de l’imam Aliou Ndao qui possède une école coranique à Kaolack, dans le centre du pays et qui prône l’instauration de la charia par un « djihad non violent ».
Décrit par le parquet comme « l’idéologue » du groupe, Diokhané a été reconnu coupable d’actes de terrorisme par association de malfaiteurs et condamné à 20 ans de travaux forcés, alors que le procureur avait requis contre lui la perpétuité, tout comme 10 autres prévenus. Au total 15 accusés ont été acquittés, trois condamnés à quinze ans de travaux forcés et six à des peines allant de 3 à dix ans.
Mais qui est cet homme qui faisait peur ?
Imam Alioune Badara NDAO est né le 06 mai 1960 à Ndalane Malick (arrondissement Gandiaye, département de Kaolack). Il est le fils de El hadji Ousmane NDAO qui était un des plus proches disciples de El Hadji Malick SY.
A l’âge de 6 ans son père l’envoie avec ses frères à koki, chez Mouhamad Sakhir LO où il mémorise le Saint Coran en trois ans.
De retour à Ndalane Malick, son père l’envoie encore une nouvelle fois à koki, mais cette fois-ci, ce sera pour enseigner les enfants débutants. Une manière de rendre la monnaie pendant deux ans.
Ainsi il retourne de nouveau à NDalane avant d’être renvoie, cette fois-ci, à Ndiaréme au Daara de Serigne Mor Mbaye CISSE où Il récrit intégralement deux versions du Saint Coran (Warse et Hafse).
Il s’engage, à l’âge quatorze ans, à étudier les sciences islamiques à travers la zone du Saloum : Diamal, Santhie Diamal, Makka, Gouye, Keur Bakary…
C’est après qu’il revienne à Ndalane pour intégrer ensuite l’Ecole Abdoulaye NIASS à Kaolack.
Sa première sortie du pays aura lieu après son admission au concours organisé par la Ligue Mondiale Islamique. Major de ce concours, Imam Alioune Badara NDAO part en Mauritanie pour y subir une formation de deux ans dont les meilleurs sont envoyés en Arabie Saoudite pour parachever leur formation. Il sort deuxième de cette promotion.
A son retour, il s’engage à suivre les pas de ses aïeux c’est -à- dire à enseigner la parole de DIEU. Il commence par prendre en main le Daara de son défunt papa.
Sur le plan matrimonial, il s’est marié depuis 1987. Actuellement, il a quatre épouses qui sont Nogoye NDAO, Aîssatou NDAO, Aïda NDAO et Socé SAMB. Elles vivent ensemble à la maison conjugale, à Ngane Alassane Extension. Il a seize enfants.
Quant à sa célébrité croissante, elle vient de ses compétences pédagogiques avérées et de sa maitrise du Saint Coran. Ceci fait connaitre au Daara une expansion fulgurante. Mais les ressources agricoles n’étant plus suffisantes pour l’entretien du Daara à cause de la rareté des pluies, il décide alors de le transférer à Kaolack en 1991, au quartier de Passoir Ndorong. En 1994, il déménage à Touba Ndorong Ocas à cause de difficultés liées à l’hébergement. En 1998, il s’implante au faubourg de la ville de
Kaolack, dans les champs de la famille des NDOUR qui dirige ce quartier. C’est là où il demeure jusqu’à nos jours.
Son comportement exemplaire, son charisme et son amour pour l’agriculture amènent cette famille à l’octroyer des dizaines d’hectare de terre qu’il exploite avec ses talibés.
Son Daara peuplé de plus de cinq cent talibés entretient une partie du marché de Kaolack après les récoltes de pastèque et de manioc. Cependant il faut préciser que Imam NDAO travaille avec ses propres moyens qui sont très rudimentaires. Car il n’a jamais reçu de financement de la part du gouvernement ou d’une quelconque organisation.
Sur plan social, l’œuvre de Imam NDAO est immense : Grâce à ses démarches auprès de l’autorité scolaire compétente, l’ouverture d’une franco-arabe est effective dans son quartier. Et quand l’Etat s’était confronté à des problèmes d’espace pour la construction de cette école, il lui a cédé gratuitement un terrain de 3600 m2
Son expertise amène la Ligue des Imams et des Prédicateurs du Sénégal (LIPS) à mettre à jour un plan de développement local pour faire sortir les populations de la pauvreté. Ainsi, après chaque sinistre (inondation ou incendies), Imam NDAO rassemble ses paires pour récupérer des dons pour secourir les sinistrés. Comme exemple, citons l’incendie du grand
marché de Kaolack, les neuf villages brûlés dans le Saloum, d’importants dons, en nourriture et en espèces, distribués aux populations… ;
L’octroie gratuitement de plus de deux cent parcelles à de nécessiteux sénégalais qui sont devenus actuellement ses propres voisins ;
Il faut préciser aussi que depuis sa création, l’Ecole Franco-Arabe El Hadji Ousmane NDAO qui porte le nom du défunt père de Imam NDAO a toujours fait 100% de réussite à l’entrée en sixième et au CFEE.
Par rapport à son père El Hadji Ousmane NDAO, il faut dire qu’il était un grand érudit sénégalais qui dirigeait un très grand Daara.
Il est célèbre de par ses activités qui se résumaient à l’enseignement du Saint Coran et des sciences islamiques, à la culture d’immenses champs et à l’occupation d’affaires sociales.
Il était l’un des plus proches disciples de Elhadji Malick SY. C’était un ami intime de El hadji Oumar NDAO de Darou Salam et de El hadji Younouss DEME de Ndiaye Counda.
De son vivant, beaucoup d’autorités politiques et administratives du Sénégal le rendaient visite pour ses prières. Parmi eux, nous pouvons citer Maître Abdoulaye Wade, le Professeur Iba Der THIAM et tant d’autres.
La justice ? la justice, mais quelle justice, est-elle réellement indépendante ?
Cette question est au centre des débats, et si j’ai abordé le cas d’Imam qui fait Buzz c’est pour attirer l’attention de l’opinion publique sur notre système judiciaire, même je suis très mal placé pour le juger mais, c’est important d’ouvrir un débat là dessus pour rappeler à nos autorités notre souci dans notre lutte pour le Sénégal que nous rêvons d’être un état de droit et qui rend justice comme il se doit.
Gentle Mara tient vraiment à son Sénégal de ses rêves et plaide haut et fort l’image d’une justice qui loin d’être parfaite évite certaines erreurs, à ce titre je rappelle le Discours d’Emmanuel Macron sur la Justice, loin d’être notre référence du fait qu’à peuple ses réalités judiciaires mais quand même mérite une méditation profonde quand il dit :
Alors, au fond, la finalité sociale de la justice, sa grandeur aussi, c’est de remplacer la violence économique, physique ou symbolique, par une décision légitime et partagée. Il ne faut jamais oublier cela. Parce qu’à chaque fois qu’on critique la justice, parce qu’à chaque fois qu’on menace son indépendance, parce qu’à chaque fois qu’on remet en cause son efficacité, que propose-t-on d’autre ? De revenir à une forme d’état de nature ou d’état de guerre. C’est-à-dire à la conflictualité dans la société, c’est-à-dire à la loi du plus fort, bien souvent, c’est-à-dire à la violence de fait.
Le juge, et c’est son office, il tranche, ici et maintenant, en se référant à un cadre légal qui lui est assigné par le législateur. Mais il ne se borne pas à répéter comme un automate ce que la loi lui dit. C’est cela, ce à quoi vous vous préparez, vous, étudiants, à ce processus organisé par nos institutions, par nos lois, qui consiste à faire le droit et rendre le droit. A l’enseigner, pour les uns, à l’apprendre, pour les autres, et puis, par l’avocature, cher Président, par, Maîtres, au pluriel, par la capacité à juger, et le rôle du juge, par la capacité à exécuter, cher Président, à faire de la justice une réalité concrète, qui est toujours humaine, avec sa part de modestie partagée, qui fait vivre le droit dans la société, qui le fait aussi avancer, et c’est tout le rôle de la jurisprudence, parce que le droit qui se dit et qui se fait n’est jamais un droit figé. C’est un droit que les professionnels font constamment vivre, au contact, justement, à la fois des évolutions du monde, mais également de la réalité du quotidien. »
Interpellé sur la question, le ministre de la justice, Ismaila Madior Fall, a certes reconnu les problèmes qui existent dans le système judiciaire mais constate aussi que des efforts importants ont été faits pour assurer une indépendance de la justice. « Nous reconnaissons les problèmes et nous assurons à ce qu’il ait une bonne gestion de carrière des professionnels dans le respect et l’égalité des chances » argue-t-il.
Pour ailleurs, pour ce qui est relatif à la question de l’indépendance de la justice, Ismaila Madior Fall estime que c’est une œuvre à améliorer et que les citoyens peuvent nourrir d’un sentiment de confiance à l’endroit des juges. « Il s’agit d’une d’œuvre à consolider. Il y a une indépendance qui restera toujours du sort de l’avocat » a-t-il confié à la presse, « il faut une observation scrupuleuse de l’éthique et de la déontologie du juge».
Pour le renforcement de la famille judiciaire, le ministre de la justice annonce le recrutement pour chaque année de 30 magistrats et 35 greffiers. En plus de la construction d’une école d’avocats et celle de magistrats, autre que l’accompagnement des acteurs pour une bonne gestion de leurs carrières
Bonne idée Monsieur le Ministre mais l’heure est grave et on tarde à réagir, et Babaly Konaté, Enseignant – Chercheur et Membre du Mouvement Citoyen Aar Sa Reew d’ajouter ceci :
»Cristallisant les espoirs de toute une nation et gérant sa sécurité voire sa survie, le combat pour une justice impartiale et indépendante devrait nécessiter une bataille ardue, un combat de tous les instants mobilisant tous les citoyens. Etant l’affaire de tous, la question devrait être traitée selon une approche globale et participative avec l’adhésion de tous. Autant dire s’appuyer sur la qualité de notre capital humain, déjà très enviable, quoique largement perfectible, devrait nous fournir les armes pour relever le défi de l’indépendance de la justice et partant la réconcilier avec sa vocation première : rendre le droit en toute équité et en toute impartialité. »
Vraiment !!! il est temps car Il faut permettre au Sénégal d’avoir un pouvoir judiciaire indépendant. La justice ne doit plus être un outil au service du règlement des affaires personnelles dans la sphère publique.
Last but not least, La justice sait casser les gens, briser les carrières, rompre les unions. Mais elle est incapable, lorsqu’elle s’est trompée, de recoller les morceaux.
De Philippe Bouvard ; Mille et une pensées (2005)