Sous la domination de la dynastie des Déniyankés pendant plusieurs décennies, le Fouta aurait été libéré par la bande des douze érudits. Dont l’almamy Abdel Kader Kane.
Hausarbeit schreiben lassen Kosten können je nach Anbieter und Umfang der Arbeit variieren. Sous la domination de la dynastie des Déniyankés pendant plusieurs décennies, le Fouta aurait été libéré par la bande des douze érudits, dont l’almamy Abdel Kader Kane.
Son nom est connu au Fouta. Très connu même. Son patronyme a survécu à l’oubli du temps. Son œuvre en a traversé l’usure. Et à Kobilo, village situé à 43 kilomètres d’Ourossogui sur la Nationale 2 vers Podor, il est difficile de retrouver son véritable domicile. Dans cette bourgade, chacun se réclame de la descendance du premier roi du Fouta Toro. «Je suis la fille cadette de Almamy Abdel Kader Kane». Celle qui a osé, est une dame d’une soixantaine d’années ayant pignon sur rue. Vendeuse de légumes, la descendante du jour n’est, semble-t-il, ni calée en histoire, encore moins en calcul. Abdel Kader Kâne dont elle réclame fièrement la paternité, a été assassiné il y a plus de … 2 siècles. A Kobilo, la vigilance est de mise pour ne pas biaiser sur l’histoire. Le fait est qu’ici, l’honneur de partager l’arbre généalogique avec le premier Almamy du Fouta est d’autant plus tentant que tous les dignitaires de ce village sont de sa descendance. Qu’il s’agisse du chef de village ou de l’imam. Dont la mosquée trône fièrement au milieu du village. Un édifice qu’Abdel Kader Kane a fait construire. C’est à la demeure du chef de village, Mamoudou Abdoul Kane, arrière petit-fils du premier Almamy du Fouta Toro, qu’il faut se rendre pour trouver les réponses sur la vie et l’œuvre de ce chef religieux, chef de guerre et premier roi du Fouta Toro unifié. Les maisons des arrières petits-fils d’Abdel Kader Kane sont bien placées à Kobilo. Elles forment une ceinture autour de la mosquée de leur aïeul. La hiérarchie veut que la maison de Mamoudou Abdoul Kane, chef de village, soit celle qui reçoit les hôtes et autres curieux de l’histoire. En ballade autour du village, le maître des céans revient en catastrophe dès qu’il est informé de notre visite et surtout de son objet. Mine radieuse, le chef est visiblement fier et content de raconter l’histoire de son ancêtre. Un emballement qui ne lui fait pas pour autant perdre le sens de la mesure. Il prendra le temps de se ressourcer avec ses notes, avant de partir pour un long métrage sur la vie du premier Almamy du Fouta Toro. Lever de rideau !
De la Constitution du Fouta Toro
Les ascendants du roi Abdel Kader Kane étaient de grands marabouts. Ils avaient de grands cours avec plein de disciples et vivaient au village de Dimate, dans le département de Podor. Ils restent dans ce village jusqu’au jour où El Hadji Lamine Kane, le père de Abdel Kader, décide de partir pour la bourgade de Kobilo où régne un roi païen. Ce dernier et le marabout décident de l’entente cordiale. Pour réussir un pari aussi risqué, ils décident de mettre en place un pacte. Dans le document, les droits de tout le monde sont respectés. Ils vivent en harmonie jusqu’au jour où le marabout décide de faire une pérégrination vers le centre du pays. El Hadji Lamine Kane arrive dans le Saloum où il s’installe avec ses disciples. Ils sont plusieurs dizaines de personnes. Et c’est dans cette région du Sénégal que naquit, en 1726, son fils qu’il baptise Abdel Kader. Le marabout assure l’éducation de son fils. De cette école, le jeune Abdel Kader devient l’un des érudits de sa génération. Ce qui permet son admission à l’université de Pire avec 11 autres dignitaires torodos dont Souleymane Baal, Elimane Boubacar, Abdoul Karim Daff, Thierno Bayla Sow. Au cours de son séjour à Pire, il fait la connaissance de la mère du Damel du Cayor, Amary Ngoné Sobel. Une connaissance qui vaudra son pesant d’or dans son histoire. A l’époque, la loi du plus fort règne dans le Fouta avec la dynastie des Deniyanké. Sans compter le tribut que réclament les Maures qui traversent le fleuve au peuple Foutanké. Conscients qu’ils sont les mieux placés pour libérer le Fouta de cette emprise, les 12 étudiants se concertent sous la barrière de Souleymane Baal et mettent en place une stratégie pour libérer leur patrie et implanter un royaume musulman. Ils devaient à la fin de leurs études, mailler le territoire foutanké pour dispenser leurs sciences religieuses et apprendre ainsi, petit à petit, au peuple foutanké à prendre sa destinée en main.
Après avoir quitté l’université de Pire, Abdel Kader s’implante dans le Boundou, au village de Diamwélé où il met sur pied son premier daara. Le chef religieux fait plus qu’apprendre à ses disciples le Coran et les préceptes de l’Islam. Il commence sa propagande contre le règne des Déniyankés et fait le tour des villages pour inciter ses concitoyens à refuser l’oppression. De leur côté, les 11 autres érudits font la même chose. De la propagande auprès des populations Foutankés. Par la suite, la bande des douze se donnent rendez-vous à Oréfondé pour une grande assemblée générale à l’issue de laquelle une constitution est mise sur pied. Dans la charte suprême, il était envisagé que le roi qui serait élu devrait être un bon musulman, un homme cultivé et honnête. Il devait aussi être un grand guerrier. Après son élection, s’il faisait régner l’injustice, le peuple Foutanké avait l’obligation de le destituer, le tuer s’il le faut. Enfin, il a été décidé que le pouvoir n’allait pas se transmettre de père en fils. Que c’est le peuple du Fouta Toro souverain d’élire le roi son almamy, titre donné au roi dans la constitution. Une bataille contre les forces impérialistes maures est aussitôt envisagée. Souleymane Baal, le chef des 12 dignitaires torodos, y sera tué. Cela n’empêche pas le Fouta d’obtenir son indépendance. Ainsi débute le règne des Almamy.
Mais les choses ne sont pas aussi simples qu’elles le paraissent. La démocratie étant un nouvel exercice pour le peuple foutanké. Il fallait donc élire un Almamy de la façon la plus démocratique. Tout le Fouta Toro devait se prononcer pour désigner son souverain. Pour réussir le coup, une commission électorale parcourt le Fouta à la recherche d’un homme qui remplit toutes les conditions posées dans la Constitution. Le candidat est vite trouvé en la personne de Abdel Kader Kane. Les membres de la commission désignent le chef religieux comme le roi du Fouta Toro. Surpris par cette décision, l’érudit refuse de s’asseoir sur le trône. Abdel Kader estime que d’autres fils du Fouta sont autant dignes que lui d’occuper cette place suprême. Mais la commission est bien déterminée à faire respecter sa volonté. Comble de l’ironie, le futur Almamy est jugé et condamné par le tribunal de l’époque à accepter son rôle de dirigeant, s’il ne veut pas être tué. Dos au mur, Abdel Kader Kâne finit par accepter… sous quelques conditions. D’abord, il impose l’application de la Charia. Le nouvel Almamy prescrit l’égalité des Foutankés devant la Constitution. Une autre charte impose à tout le monde, sauf les femmes, les enfants et les vieillards, à prendre part aux guerres saintes. Les quatre frontières du Fouta doivent aussi être gardées en permanence. En 1776, Abdel Kader Kâne est officiellement intronisé Almamy du Fouta Toro. Il s’installe à Thilogne qui devient la capitale. Ca le restera 20 ans, avant d’être déplacé à Kobilo, la terre des aïeuls du souverain.
l’OBS
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