Dakarmidi – Dans le destin des créatures humaines, il y a des plaies qui ne se cicatrisent pas. Parce qu’elles sont si profondes dans la chair qu’elles demeurent indélébiles. C’est comme les blessures de l’âme qui vous suivent comme votre ombre et que même la tombe ne peut reléguer dans les ténèbres de l’oubli. J’ai été profondément meurtri lorsque que j’ai appris l’assassinat de la jeune et ravissante Lotaly Mollet, venue de son Congo natal pour chercher le savoir dans un pays longtemps considéré comme une terre de rencontres et d’échanges, mais également de germination des plus belles fraternités. Toutes celles et tous ceux qui l’ont connue, n’ont pas tari d’éloges à son endroit d’autant qu’elle était considérée comme modèle achevé d’une brillante jeunesse en devenir.
Intelligente, travailleuse acharnée et dotée de plusieurs dons, elle respirait la vie à plein poumons, ce qui faisait l’orgueil de ses parents qui ne cessaient d’investir sur elle. C’est alors qu’un vulgaire repris de justice bon pour la potence a pris sur lui la responsabilité d’abréger, avec une cruauté indescriptible, la vie de cette belle et ravissante jeune fille.
Mourir dans ces conditions à la fleur de l’âge et au moment de cueillir les fruits de son labeur est difficilement pardonnable ; même si Alfred de Musset nous demande à défaut du pardon, de laisser venir l’oubli. J’ai été totalement bouleversé lorsque j’ai lu la réaction de son père venu à Dakar pour récupérer la dépouille de sa fille. Un père doté d’un grand cœur et d’une sagesse rare de nos jours et surtout dans une circonstance où rares sont ceux qui sont capables de se maîtriser. Ce n’est pas hasard s’il est un officier Supérieur qui sait cacher sa douleur et qui sait en toute circonstance montrer sa dignité et son sens de l’honneur. Cet homme n’a jamais rompu, encore moins abdiqué devant la terrible épreuve qu’il vient de subir.
Musset nous dit dans « Nuit d’octobre », que : « l’homme est un apprenti, et la douleur est son maître et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert ».
Bravo mon colonel pour votre majestueux comportement devant une situation que très peu de gens sont capables de soutenir. Permettez moi de compatir à votre douleur cachée et surtout à celle de sa maman, difficilement consolable en de pareilles circonstances.
Soyez rassuré mon colonel, que justice sera rendue à celle que nous pleurons tous et à qui nous souhaitons le meilleur des repos, dans les splendides jardins du seigneur.
Majib Sène