Dakarmidi- Selon les témoignages de survivants, des « chasseurs dogons » ont incendié le village et poursuivi ses habitants jusque dans leur maison pour les tuer.
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a promis, lundi 25 mars, la sécurité et la justice à Ogossagou, village du centre du pays où quelque 160 Peuls ont été tués samedi par de présumés chasseurs dogons, devant des habitants encore hantés par les atrocités.
Cette tuerie, dans la zone de Bankass, près de la frontière avec le Burkina Faso, est la plus sanglante au Mali depuis la fin des principaux combats de l’opération lancée en 2013, à l’initiative de la France, pour chasser les groupes djihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du pays.
Le bilan a atteint 160 morts et pourrait encore s’alourdir, ont affirmé lundi soir un conseiller municipal de Bankass et une source de sécurité malienne.
« Justice sera faite »
« Il faut la sécurité ici, c’est votre mission », a déclaré M. Keïta à l’intention du nouveau chef d’état-major, le général Aboulaye Coulibaly, qui l’accompagnait.
Le général Coulibaly a été nommé dimanche à la suite du limogeage des principaux chefs de l’armée, lors d’un conseil des ministres extraordinaire au cours duquel le gouvernement a prononcé la dissolution du groupe de chasseurs dogons Dan Nan Ambassagou, considéré comme une milice.
« Justice sera faite », a promis le chef de l’Etat, qui s’est recueilli devant les fosses communes creusées pour enterrer les victimes.
La désolation régnait lundi dans le village aux maisons calcinées et au sol jonché de cadavres d’animaux. « Je n’ai jamais vu ça. Ils sont venus, ils ont tiré sur les gens, ont brûlé des maisons, tué les bébés », raconte à l’AFP Ali Diallo, un vieillard de 75 ans dont les propos sont traduits en français par un proche.
Depuis l’attaque, de nombreuses photos circulent sur les réseaux sociaux, dont certaines ont été authentifiées par la principale association peule du Mali, Tabital Pulaaku.
On y voit notamment l’intérieur d’une case brûlée avec les corps d’enfants totalement calcinés et, à l’entrée, un homme tué à coups de machette, gisant dans une mare de sang.
Selon les témoignages d’habitants et d’élus locaux, les assaillants, en tenue de chasseurs, ont d’abord attaqué une position où étaient cantonnés des combattants peuls dans le cadre du processus de « désarmement, démobilisation et réinsertion » (DDR) de membres de groupes armés.
avec lemonde.fr