Dakarmidi – Le Moringa que les Sénégalais appellent « Nébédaye » et les Français « Neverdier », de l’anglais « never die » c’est à dire « qui ne meurt jamais », est un alicament tout à fait surprenant.
Il est connu depuis la nuit des temps dans les pharmacopées indiennes et africaines pour les bienfaits de ses racines, ses graines, mais aussi son écorce, ses fleurs, ses fruits et ses feuilles.
Quelles sont ses vertus ? Comment l’utiliser ? Pour quoi l’employer ?
Originaire du nord de l’Inde et du Sri Lanka, le Moringa oleifera a été progressivement implanté partout où cela était possible, c’est à dire dans les zones équatoriales et tropicales.
Cet arbre à la vivacité surprenante qui peut atteindre plus de 10 mètres de haut en s’enracinant solidement sur les sols fertiles comme les plus pauvres, est si résistant à la sécheresse qu’il peut s’adapter aux régions les plus arides.
Et c’est tant mieux, parce que tout en lui est une bénédiction pour la santé :
→ ses fruits verts au goût sucré et épicé que l’on cuisine comme des légumes sont extrêmement nutritifs,
→ ses graines aux multiples vertus, produisent notamment une huile réputée pour être adoucissante et soulager les agressions du soleil ainsi que la sécheresse cutanée,
→ ses fleurs blanches à la saveur de champignon, ont une action tonique,
→ son écorce est traditionnellement mâchée ou ajoutée à la soupe pour soigner la toux,
→ ses racines sont utilisées comme condiment, en infusion ou cataplasme pour lutter contre le paludisme, l’asthme ou les douleurs articulaires,
→ quant à ses feuilles couleur émeraude, dont les usages sont gigantesques, elles ont de fabuleuses propriétés.
Elles présentent d’ailleurs un spectre thérapeutique si vaste que chaque culture les utilisant dans sa pharmacopée traditionnelle, en aura fait un usage différent.
Quelques exemples parmi tant d’autres :
→ remédier aux morsures de serpent,
→ désinfecter les plaies,
→ stimuler l’appétit,
→ réduire les inflammations,
→ ou encore débarrasser des parasites intestinaux…
Le pouvoir purificateur des graines de Moringa
Quand on sait que 10 % de la population mondiale n’a pas accès à l’eau potable, il semble évident que trouver des méthodes de traitement naturelles, efficaces, accessibles et moins onéreuses, devrait être une priorité planétaire.
Or, il a récemment été découvert au cours d’études menées en Suisse, en Tanzanie, en Namibie et au Botswana, que les graines de Moringa peuvent purifier l’eau grâce à un processus d’une simplicité enfantine.
Actuellement le traitement de l’eau brute est une tâche complexe nécessitant l’utilisation de produits chimiques dans le but de former une agrégation des particules en suspension dans l’eau.
Et en plus de ce processus de coagulation l’injection d’un floculant, lui aussi chimique, est indispensable pour agglutiner les colloïdes.
Ensuite, l’eau est décantée, filtrée et finalement désinfectée, chimiquement.
Pourtant la comparaison des études portant sur les deux procédés tendrait à prouver que les graines de Moringa sont plus efficaces que les produits chimiques, tout en étant absolument sans danger pour la santé.
Comment cela est-il possible ?
Grâce aux protéines qu’elles contiennent, elles sont en mesure de générer l’agrégat des particules en suspension rapidement et sans aucun ajout chimique.
Voici par exemple deux méthodes très simples pour assainir son eau avec des graines de Moringa :
1 – Ecraser 50 grammes de graines de Moringa oleifera pour un litre d’eau douce à traiter, laisser en contact 30 minutes en agitant de temps en temps puis filtrer.
2 – Préparer d’abord une suspension de 2 cuillerées à café de poudre de graines sèches de Moringa dans 1/4 de litre d’eau claire ou bouillie, bien homogénéiser et filtrer. Puis ajouter ce filtrat à 20 litres d’eau à traiter, en remuant pendant une dizaine de minutes et laisser reposer avant de filtrer à nouveau.
Les graines de Moringa pourraient ainsi remplacer les floculants chimiques avec le double avantage de nettoyer l’eau sans l’empoisonner à nouveau.
A cela viennent s’ajouter leurs propriétés antibactériennes, qui élimineront la présence :
→ de staphylocoques,
→ de streptocoques,
→ ou d’autres micro-organismes pathogènes.
Une solution qui semble pour le moins prometteuse en cas de pénurie d’eau potable.
Au cœur de l’arbre, la feuilleVertus du Moringa : graines, écorce, feuilles, racines
La médecine ayurvédique prétend que les feuilles de Moringa permettraient de soigner plus de 300 maladies, dont :
→ l’hypertension,
→ le diabète,
→ l’artériosclérose,
→ certains cancers…
Tout en améliorant globalement :
→ les défenses immunitaires,
→ les troubles de l’érection,
→ la libido,
→ la détoxification…
Bien que ses 300 propriétés n’aient pas toutes été scientifiquement vérifiées à ce jour, la recherche valide petit à petit les anciens usages médicinaux du Moringa.
Mais si toutes les parties de l’arbre se consomment, ce sont vraiment les feuilles qui captivent le plus l’attention par leur potentiel nutritionnel et thérapeutique hors du commun.
Tout d’abord, elles apportent d’importantes quantités de vitamines :
→ alpha et bêta-carotène,
→ vitamine C (plus que l’orange),
→ vitamine A (plus que la carotte),
→ vitamine E,
→ vitamine K,
→ vitamines du groupe B (B1, B2, B3, B5, B6, B12),
→ et vitamine D.
Puis dix-huit acides aminés, dont neuf essentiels :
→ l’isoleucine,
→ la leucine,
→ la lysine,
→ la méthionine,
→ la phénylalanine,
→ la thréonine,
→ l’histidine,
→ le tryptophane,
→ la valine,
→ l’arginine,
→ l’alanine,
→ l’acide aspartique,
→ la cystine,
→ la glutamine,
→ la glycine,
→ la proline,
→ la sérine,
→ la tyrosine.
Enfin, elles recèlent une grande quantité de protéines extrêmement bien assimilables, ainsi que certains minéraux et oligo-éléments dont le :
→ fer (autant que la viande de bœuf ou les lentilles),
→ potassium (plus que la banane),
→ calcium (plus que le lait de vache),
→ magnésium,
→ phosphore,
→ sodium,
→ soufre,
→ chrome,
→ cuivre,
→ manganèse,
→ zinc…
Mais ce n’est pas tout, puisqu’elles regorgent aussi de :
→ chlorophylle, pour l’oxygénation des cellules,
→ caroténoïdes, flavonoïdes et polyphénols aux fonctions antioxydantes bien connues,
→ cytokines, assurant la bonne connexion entre les cellules,
→ omégas (3, 6 et 9), participant à la constitution et l’intégrité des membranes cellulaires, au fonctionnement des systèmes cardiovasculaire, cérébral, hormonal et inflammatoire,
→ stérols végétaux, limitant le passage du cholestérol dans le sang,
→ lutéine, prévenant la dégénérescence maculaire et la cataracte,
→ xanthine, aux effets stimulants,
→ et de rutine, aux propriétés vasoprotectrice et antithrombotique.
Autant de substances à l’action antioxydante qui, ainsi regroupées, permettent de combattre les troubles et maladies les plus variés, et en particulier :
→ l’Alzheimer,
→ la maladie de Parkinson,
→ l’athérosclérose,
→ les problèmes de cataracte,
→ la faiblesse immunitaire,
→ l’hypertension,
→ les maladies cardio-vasculaires,
→ le diabète,
→ la dégénérescence maculaire,
→ le vieillissement prématuré du derme et de l’épiderme.
Par ailleurs, les feuilles de Moringa sont prisées pour leur action purificatrice et détoxicante, puisqu’elles sont à la fois :
→ bactéricides,
→ antiseptiques,
→ anti-inflammatoires,
→ drainantes,
→ et antibiotiques.
Utilisées en Ayurveda contre l’hypertension artérielle et les crises d’anxiété, elles le sont aussi pour soigner :
→ les maux de tête,
→ l’inflammation glandulaire,
→ la bronchite,
→ les infections O.R.L.,
→ et le scorbut.
Pour la consommer on peut se procurer de la poudre de feuilles ou, si l’on en trouve, extraire le jus des feuilles fraîches, que l’on pourra appliquer sur les zones sensibles afin de lutter contre les rhumatismes.
La pâte de feuilles quant à elle peut être posée en cataplasme sur les plaies pour désinfecter et cicatriser.
Cependant au Sénégal, où l’on souffre moins volontiers de rhumatismes qu’en Occident, on se sert de la poudre de feuilles pour guérir :
→ diarrhée,
→ gonococcie,
→ dysenterie,
→ et colite.
Ensuite, comme nous l’avons vu, le large spectre thérapeutique du Moringa le rend célèbre pour des raisons très différentes en fonction des pays :
→ en Malaisie on l’utilise contre les vers intestinaux,
→ au Nicaragua pour nettoyer les plaies,
→ et dans beaucoup d’autres régions pour favoriser la lactation et prévenir l’anémie chez la femme.
Une étude japonaise de 2007 rapporte que la consommation de feuilles de Moringa améliorerait le diabète des rats grâce à sa teneur en acide chlorogénique, régulant le niveau de sucre dans le sang au moment de la digestion.
Il apparaît donc clairement que les phytomicronutriments contenus dans les feuilles de Moringa réduisent la glycémie, ce qui confirmerait l’un des nombreux usages qu’en fait l’Ayurveda.
Qui plus est, les feuilles et les graines de Moringa sont employées traditionnellement pour augmenter l’endurance sexuelle et la libido, traiter les troubles de l’érection et rendre davantage disponible au plaisir.
Sachant que chimiothérapie, toxines, pollution de l’environnement, apport insuffisant en vitamines et minéraux… sont susceptibles d’interférer avec la spermatogenèse, les feuilles de Moringa par leur apport nutritif et leur capacité à évacuer les toxines semblent effectivement tout indiquées pour la fertilité et la vitalité masculine.
Mais que les humains ne soient pas les seuls à en profiter !
Les feuilles fraîches ou séchées sont un délice pour les animaux domestiques ou d’élevage, leur assurant santé et vitalité.
Attention à la qualité !
Tout comme j’en ai parlé récemment au sujet des baies de goji, les feuilles de Moringa sont si populaires qu’elles n’ont pas manqué d’éveiller l’intérêt d’industriels peu scrupuleux n’hésitant pas à les imiter et les dénaturer, vidées de leur vitalité, voire récoltées industriellement sur des sols contaminés avant d’être mises sur le marché dans un joli paquet à la mode.
Une fois de plus, il est donc très important de savoir reconnaître les bonnes, pour éviter les mauvaises.
Aussi, avant de vous procurer du Moringa, veillez à plusieurs points :
1- Qu’il contienne 100% de Moringa oleifera.
2- Que l’origine géographique soit indiquée, et éloignée de toute zone de pollution ou autre nuisance.
3- Qu’il soit aussi frais que possible, et même séchées les feuilles doivent avoir été stockées un minimum de temps.
4- Que la méthode de séchage soit naturelle, toute déshydratation artificielle altérant nettement la qualité.
5- Et que l’emballage soit hermétique et opaque, les nutriments et phytonutriments étant particulièrement fragiles.
Comme toujours, attention aux gélules que vous ne connaissez pas, qu’elles soient en gélatine porcine, marine ou végétale, pensez aux risques de présence de pesticides, O.G.M., métaux lourds ou nanoparticules.
Concernant la conservation, il peut être utile de savoir que pendant leur stockage, les protéines et minéraux contenus dans les feuilles ne seront stables que pendant environ six mois, tandis que jusqu’à 50% des vitamines pourront disparaître dans le même laps de temps.
Une fois l’emballage ouvert, il faudra veiller à consommer rapidement son contenu afin d’éviter l’augmentation de la teneur en eau et l’exposition à d’éventuelles contaminations microbiennes.
C’est pourquoi il est souvent préférable de se procurer ses feuilles de Moringa dans des emballages de petite cont