Dakarmidi – comment apprendre à surmonter le bégaiement ?
- Les attitudes à éviter
Face à un enfant qui bégaie, le risque principal est en réalité d’accorder plus d’importance à ses difficultés qu’à sa parole elle-même. Et finalement, de ne plus être dans l’échange. « Il y a en la matière deux attitudes nocives, décrypte l’orthophoniste. La première, c’est une attitude interventionniste directe sur la parole, à travers de nombreux conseils : « respire », « prends ton temps »… Si cette réaction est compréhensible, elle n’en est pas moins nocive. Car elle met l’enfant dans l’idée que l’adulte, lui, sait ce qu’il doit faire pour sa parole à lui. Dans l’idée que l’autre sait mieux que lui ce qui se passe dans son corps. Ce n’est pas sain ! Il va être tenté de se demander : ‘quel est le bon geste que je dois trouver ? Que dois-je faire avec ce corps ? Dois-je me tendre plus ?’ Cela va pervertir le côté spontané de la parole. » Résultat : au lieu de parler parce qu’il a l’envie d’aller vers l’autre, il va se poser beaucoup de questions et se replier vers lui-même, vers son corps.
Quant à l’autre attitude à éviter, elle consiste, à l’inverse, à faire comme si de rien n’était. « C’est de la fausse indifférence. Et le risque, là, est que l’enfant se dise : ‘quand j’ai des difficultés, ça n’intéresse personne’, » met en garde Marie-Pierre Poulat.
- Rester dans l’échange
La bonne attitude est donc celle qui va, avant tout, apaiser et rassurer l’enfant. Ce qui demande de mettre des mots sur ce qu’il vit. « Par exemple, s’il n’arrive pas à parler, pourquoi ne pas lui dire : ‘Je vois que ta parole aujourd’hui est difficile. Si on faisait un dessin pour que tu me racontes ce qui s’est passé à la récré ?’ D’autres apprécieront qu’on leur souffle le mot sur lequel ils achoppent. D’autres encore se mettront en colère. L’important est que l’enfant sache que sa difficulté a été entendue mais qu’il soit aussi convaincu que l’on continue à s’occuper de ce qu’il dit, plutôt que de comment il le dit. »
Peut-on guérir le bégaiement ? Les très nombreuses solutions proposées aux personnes qui bégaient, notamment sur Internet, le laissent clairement entendre. Mais les professionnels de santé, dûment habilités à traiter ce problème, sont plus prudents. Bernadette Piérart, Professeur Extraordinaire à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de Louvain et spécialiste des troubles du langage, explique ainsi : « On ne guérit pas la personne bègue. On va réduire la source des problèmes qui déclenchent le bégaiement, notamment en diminuant le stress, les émotions mais aussi la charge sociale qui pèsent sur lui. » Des méthodes plurielles, qui reposent sur une large palette d’outils. Mais qui fonctionnent !
« Pendant un temps, les méthodes employées étaient uniquement correctrices, rappelle Marie-Pierre Poulat. Ces méthodes visent à faire disparaître les manifestations externes du bégaiement par des procédés régulateurs : contrôles par des mouvements accompagnateurs, par des contractions de certains muscles, par le ralentissement du débit de parole. Mais cela manque de spontanéité : certes, les personnes ne bégaient plus mais leur parole est lente et un peu robotisée. Au final, elles finissent souvent par abandonner. » Aujourd’hui, on leur préfère les thérapies de la parole et de la communication qui vont, au contraire, intervenir dans plusieurs domaines, notamment sur les aspects moteur, linguistique mais aussi relationnel.
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