Dakarmidi – Pour beaucoup, le baume à lèvres est un produit indispensable contre les lèvres desséchées. Une application quotidienne peut apporter un soulagement, mais aussi un risque d’ingérer inévitablement une partie du produit. Or, la plupart d’entre eux contiennent des substances toxiques en raison de la présence d’huiles minérales.
Avec l’arrivée de l’hiver, lorsque les lèvres deviennent sèches, voire gercées, le bon réflexe consiste donc à choisir le baume à lèvres adéquat. Ce dernier doit contenir des agents hydratants et protecteurs, tout en étant exempts de composés toxiques. Mais après avoir mené des analyses, l’association Test Achats, l’équivalent belge de l’UFC-Que Choisir affirme que c’est loin d’être le cas puisque ces produits contiennent des substances nocives qui engendrent des composés toxiques en cas d’ingestion.
Des risques qui concernent tous les types de baume à lèvres (bio, naturel, conventionnel) sans compter que ce cosmétique est très souvent utilisé par toute la famille. Ainsi, sur 21 produits retenus pour le test, 15 d’entre eux ont été éliminés. Il s’agit notamment de baumes à lèvres des marques Avène, Eucerin, La Roche-Posay, Labello Original, Le Petit Marseillais, Neutrogena, Vichy et Yves Rocher. A l’inverse, les marques Weleda, Caudalie ou encore Nuxe tirent leur épingle du jeu.
C’est la présence d’huiles minérales que ces tests en laboratoire devaient révéler. Une matière première utilisée dans la fabrication de cosmétiques, dérivée des hydrocarbures, notamment pour leurs propriétés émollientes, mais dont l’intérêt réel pour la peau est de plus en plus remis en cause. S’il vaut mieux éviter leur utilisation, celle-ci n’est pas problématique en soi. Mais il en va tout autrement si le produit peut être ingéré, comme c’est le cas avec les baumes à lèvres.
Plus de réglementations pour les MOSH et les MOAH
En effet, les huiles minérales sont à l’origine de substances qui, une fois ingérées, sont potentiellement nocives. « Ces substances sont les MOSH (Mineral Oil Saturated Hydrocarbon ou hydrocarbures saturés) et les MOAH (Mineral Oil Aromatic Hydrocarbons ou hydrocarbures aromatiques). On soupçonne les MOAH d’être cancérogènes et les MOSH de s’accumuler dans les organes et d’entraîner la formation de tumeurs dans les glandes lymphatiques, le foie ou la rate », indique Test Achats.
Or, il n’est pas obligatoire que leur présence soit signalée sur les emballages ou la liste des ingrédients. « Test Achats déplore que l’instance européenne compétente tolère jusqu’ici l’utilisation de ces substances nocives, et ne fixe même pas de seuil de sécurité », ajoute l’association. Faute de limites de sécurité, cette dernière a du se référer aux recommandations d’institutions comme Cosmetic Europe et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
« Des normes limitant la présence de MOSH et de MOAH doivent être fixées d’urgence », conclut-elle, en faisant savoir qu’elle « exige, avec d’autres organisations, que des mesures soient prises au niveau européen. » Jusqu’ici, nombre d’études sur ces deux catégories d’huiles minérales se sont intéressées à leurs possibles effets toxiques liées à une ingestion. Car le risque d’exposition ne concerne pas seulement les cosmétiques, mais également l’alimentation.
Un risque d’exposition avec l’alimentation
Car les huiles minérales peuvent migrer dans les aliments par l’intermédiaire de plusieurs sources tout au long du processus de production. Le carton et les emballages sont notamment l’une des principales sources de migration des huiles minérales dans les aliments. En 2015, l’association Foodwatch a testé en laboratoire 120 produits alimentaires conditionnés dans des emballages carton afin de mesurer leur teneur en huiles minérales.
Les résultats de l’étude, menée conjointement en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, l’une des plus grandes à l’échelle européenne à ce jour, ont montré que des traces d’huiles minérales ont été retrouvées dans 83% des aliments testés. Près de la moitié des 120 produits analysés (43%) ont été contaminés par des huiles minérales potentiellement mutagènes (qui altèrent le patrimoine génétique) et cancérogènes. La plupart des substances toxiques ont migré à partir des matériaux d’emballage recyclés.
« Inquiétant : en France, 60% des produits testés présentent un taux de contamination par les hydrocarbures aromatiques d’huile minérale(MOAH), qui n’ont rien à faire dans nos aliments. Elle fait ainsi figure de mauvais élève, avec six produits sur dix testés présentant un risque grave pour la santé », indique l’association. Bien que le problème de la migration des huiles minérales soit connu, il n’existe pas non plus de réglementation européenne concernant les matériaux entrant en contact avec les denrées alimentaires.
Parallèlement à cette problématique de santé, cette analyse montre également qu’il est difficile de trouver des produits cosmétiques et d’hygiène sûrs pour la santé. Dans ce domaine, l’association l’UFC-Que Choisir a identifié 12 composés préoccupants (perturbateurs endocriniens, allergisants, irritants) et a publié une base de données des cosmétiques les contenant. En février, elle lançait un appel à alimenter cette base et en à peine 4 mois celle-ci a plus que doublé, avec une liste qui présente mille références à éviter.
Source : Santé Magazine