Dakarmidi – L’émotion était à son comble et la tristesse à son paroxysme, les larmes ont coulé sur les visages, mais l’espoir avait pris le dessus sur tout, ce lundi lors de l’inhumation de Yoni Rassoul Diongue. Partie très tôt, « la petite Yoni » a pourtant eu une vie de sage remplie d’œuvres colossales et d’enseignements qu’elle a finis de léguer à tous ceux qui la côtoyaient.
15 H 30, la mosquée d’Ouest Foiré a refusé du monde. Parents, amis sympathisants, tous venus accompagner celle qui a réussi une prouesse avant de s’envoler vers son ultime voyage : peindre avec la bouche des centaines de tableaux abstraits comme pour dire que chez elle, tout était possible et merveilleux. « Non ! Elle ne pouvait pas rester longtemps dans ce monde sensible », témoignent plusieurs personnes. Parmi ce beau monde qui a fait le déplacement on pouvait distinguer la présence du ministre Amadou Tidiane Wone, du Docteur Massamba Diop, et de tant d’autres personnalités célèbres et anonymes, qui ont tenu à témoigner leur affection à la défunte, partie des suites d’un malaise, Dimanche vers les coups de 22h.
Il était là en tant que guide spirituel de Yoni pour diriger la prière mortuaire, mais comme Sheikh Alassane Sène puis que c’est de lui qu’il s’agit, tenait tant à sa fille Yoni, qu’il surnommait d’ailleurs affectueusement «Yoni Rassoul », Tarëe Yallah a voulu lui-même, rendre la cérémonie funéraire exceptionnelle. C’est ainsi qu’il a ordonné de faire quelques témoignages sur Yoni avant de regagner le cimetière. Le représentant de la famille, l’imam et le Sheikh lui-même se sont passés la parole et chacun en voix autorisée, a tenu à rappeler qui était réellement cet artiste hors pair, aux qualités humaines inégalées, peignant de la bouche les mystères de la vie et la miséricorde dans ses demeures célestes. Et Sheikh Alassane Sène de magnifier l’amour incommensurable de Yoni pour le prophète Muhammad (psl), ce qui pour lui, suffit comme garantie pour la mener directement dans les plus hauts paradis. Un sermon de trois quarts d’heures empreint d’émotion et de sentiment de goût inachevé. Mais les signaux laissés par Yoni, dira le Sheikh, donnent droit à un grand espoir d’une meilleure vie que celle qu’elle a connue sur terre.
Le cortège pouvait d’ores et déjà s’ébranler vers le cimetière de Yoff. Sur le chemin, certains passants qui par miracle ont su comprendre que c’est Yoni Rassoul, cette artiste tétraplégique d’un talent hors du commun, cette « fleur fraiche », qui a tant donné du baume au cœur aux autres, et rappeler, aux créatures le vrai sens de la vie, qui était en train de se donner un dernier bain de foule, n’ont pas pu retenir leurs larmes, pendant que d’autres, priaient pour elle. Une scène d’émotion indescriptible qui a secoué les cœurs jusqu’au cimetière musulman de Yoff. Il était alors 16h passées de quelques minutes, ses portes etaient ouvertes à Yoni Rassoul. À son entrée à gauche, est désormais érigée l’ultime demeure de la petite princesse du pinceau, dont les 21 bougies parleront éternellement à l’histoire et au temps. Il est encore là, pour accompagner son talibé, à sa dernière demeure, le Sheikh s’est lui-même chargé de diriger l’inhumation. Il s’est déshabillé et entré dans la tombe pour poser tranquillement le corps de Yoni au fond y mettant toutes les invocations et recommandations divines nécessaires.
Chose faite, illustrées par d’intenses prières, au profit de tous les autres disparus qui reposent sous terre. La foule a ensuite regagné la maison mortuaire à Ouest-foire pour de nouveaux témoignages à l’endroit de Yoni. Sa mère Sokhna Bintou et son père Omar Diongue, un autre génie du pinceau, sont restés dignes dans cette épreuve, restant concentrés dans leur foi en Dieu. Il était alors 17h passées de quelques graines. Garçons et filles, jeunes et vieux, tous ont aimé être bercés par les belles paroles sur Yoni Rassoul qui fusaient de partout. Même les handicapés ont tenu à dire la tristesse qu’ils ressentaient en perdant une des leurs, qui était pour eux, une grande fierté par cette dose d’espoir qu’elle ne cessait d’incarner durant toute son existence.
Les qualités de Yoni Rassoul étaient passées en revue et des prières formulées à son endroit pour le repos en paix de son âme. Oui, ainsi a vécu Yoni Rassoul, elle s’est battu dignement, sans jamais être prise en charge par l’Etat, mais elle avait compris que se réfugier auprès du Seigneur était la meilleure des choses qui peut arriver à un esclave, aussi éminent soit-il.
Adieu princesse!
La Rédaction
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