Dakarmidi – Incroyable mais vrai ! À l’issue de l’élection américaine de ce mardi 8 novembre, ce sont le repli sur soi, le populisme, la xénophobie et l’islamophobie qui l’emportent. S’affranchissant de son parti et déjouant tous les pronostics, Donald Trump, tombé dans l’arène politique comme un cheveu dans la soupe il y a un an, succède à Barack Obama.
Incarnant un nationalisme revanchard, jouant sur les peurs d’une Amérique encore traumatisée par la crise économique de 2008 et ne digérant toujours pas les deux mandats du premier président noir du pays, il s’impose à la surprise générale. Les Américains, quant à eux, prenant tout le monde à contre-pied, offrent le paradoxe de priver les États-Unis de leur première présidente, contre le candidat qui aura été le plus désagréable avec la gent féminine. Le monde entier, ayant suivi avec une inquiétude certaine la campagne du candidat républicain, est déçu et désemparé. L’Afrique, quant à elle, ne sachant quoi faire de ce président dont elle appréhendait la victoire, est sous le choc.
Heureux les dictateurs
Cependant, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, on a l’impression que Joseph Kabila a de quoi sourire avec les résultats de cette élection américaine. En effet, même si on n’a pratiquement aucune indication quant à la politique africaine que mettrait en place l’administration Trump, on peut cependant imaginer que le président congolais, dont la volonté de tripatouiller la Constitution s’est, ces derniers mois, heurtée à une opposition farouche des États-Unis, peut souffler avec l’arrivée de Donald Trump. D’autant que ce dernier a déjà clairement laissé entendre que les préoccupations économiques intérieures aux États-Unis demeurent sa priorité. Généralisant ce raisonnement, on peut penser que les petits dictateurs du continent auront moins de soucis à se faire avec le nouveau président que les Américains se sont choisi : un président fan de Vladimir Poutine et qui promet de normaliser les rapports avec la Corée du Nord.
Inquiétude et incertitude
Par contre, pour l’Afrique des peuples, l’inquiétude et l’incertitude sont grandes. Surtout par rapport à la politique migratoire du nouveau président qui a tendance à non seulement restreindre la venue des migrants sur le sol américain, mais aussi à en chasser quelques-uns qui y sont déjà. Pour la communauté noire américaine, cette perspective est tout naturellement des plus sombres. Mais pour les parents africains des émigrés aussi cette éventualité est source d’angoisse, dans la mesure où bien des familles sur le continent vivent grâce à l’apport et au soutien de la diaspora africaine aux États-Unis. Cette espèce de xénophobie se doublant d’une certaine islamophobie, l’élection du milliardaire américain traduit le scénario du pire.
Quid de l’aide au développement ?
Autre motif d’inquiétude pour les Africains, c’est le trait isolationniste de Donald Trump. En effet, s’étant fait élire avec l’engagement de redonner à la classe moyenne américaine blanche sa prospérité perdue, il entend restituer les richesses du pays sur le sol américain. En d’autres termes, fini les délocalisations des entreprises américaines. Ce qui sonne comme une éventuelle suppression d’emplois dans les pays où sont présentes des sociétés américaines. Et dans la même optique, on peut même se demander si les aides américaines via les agences humanitaires et de développement ne seront pas rabotées. Pour le continent africain, où les défis en matière de santé, d’éducation, d’énergie, bref de développement socio-économique sont immenses, cette perspective-là aussi a de quoi faire peur.
La realpolitik, ultime espoir
Pour autant, quelques observateurs, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, se consolent avec l’idée que le nouveau président, confronté à la dure réalité de l’exercice du pouvoir, réalisera très vite qu’il lui est impossible de traduire en actes toutes ces funestes promesses. On évoque notamment l’idée qu’il comprendra sous peu de temps qu’aussi puissants que soient les États-Unis, ils ne sauraient se passer du monde. Qui plus est avec l’arrogance et la désinvolture dont fait montre le nouveau président américain. Mais on imagine que c’est là une dérobade, pour ne pas avoir à faire face à une réalité insupportable.