Dakarmidi – Colonisation israélienne, visite du Premier ministre japonais à Pearl Harbor et maintenant expulsion de diplomates russes : les derniers actes de Barack Obama sont autant de messages envoyés à son successeur, Donald Trump. Le président élu s’en est vivement agacé cette semaine, avant de modérer son propos.
C’est, au choix selon les médias, un « baroud d’honneur » de Barack Obama et des « bâtons dans les roues » voire des « peaux de banane » laissées à Donald Trump. A trois semaines de donner les clés de la Maison-Blanche au milliardaire, Barack Obama ne fait aucun cadeau à son successeur. Les dernières décisions du démocrate, en plus d’être évidemment des réponses à ceux à qui elles s’adressent (Israël, la Russie…), sont autant de messages envoyés au futur président des Etats-Unis.
Dernier exemple jeudi avec l’annonce par Barack Obama de l’expulsion de 35 agents des services de renseignement russes et la fermeture de deux de leurs sites, à New York et près de Washington dans le Maryland. Une réaction forte sur le plan diplomatique, bien qu’essentiellement symbolique, aux soupçons d’ingérence de Moscou dans la campagne présidentielle américaine. Un rapport de la CIA qui a fuité dans la presse affirmait que la Russie avait mené des opérations de piratages informatiques dans le but de faire gagner Donald Trump.
Obama joue sur les divisions chez les républicains
Ces annonces font figure d’obstacles au rapprochement entre Etats-Unis et Russie voulu par le prochain président américain. Elles visent aussi à appuyer sur l’isolement politique de ce dernier sur l’échiquier interne. Barack Obama sait en effet que de nombreux républicains étaient favorables à de telles sanctions contre Moscou, alors que Donald Trump a rejeté toute responsabilité russe. Le président républicain de la Chambre des représentants Paul Ryan s’est félicité parmi d’autres de ces mesures annoncées estimant qu’elles « n’avaient que trop tardé ».
Donald Trump n’a d’ailleurs pas surréagi jeudi aux décisions de Barack Obama, estimant qu’il était « temps de passer à d’autres choses plus importantes ». Il a également déclaré qu’il rencontrerait les chefs du renseignement américain « la semaine prochaine » pour faire le point sur cette affaire. Outre la CIA, avec qui le futur président s’est brouillé, le FBI est lui aussi convaincu que Moscou est intervenu dans la campagne américaine.
Trump contre les « déclarations incendiaires »
La modération de Donald Trump tranche avec son attitude de ces derniers jours. Mercredi, il s’était justement emporté contre Barack Obama via son compte Twitter. « Je fais de mon mieux pour ignorer les nombreux obstacles et déclarations incendiaires du président O. Je pensais que la transition se ferait en douceur. MAIS NON! », a-t-il écrit. Interrogé par des journalistes, il a ensuite été plus conciliant en assurant avoir eu une « très bonne conversation » téléphonique avec le président sortant.
Ces derniers jours, le républicain a également vivement critiqué la position de la Maison-Blanche – et la responsabilité de Barack Obama – dans le vote d’une résolution à l’ONU contre la colonisation israélienne. Washington n’avait pas mis son veto pour la première fois depuis 1979, permettant son adoption. Le président démocrate a ainsi voulu régler ses comptes avec Benjamin Netanyahou et marquer sa différence avec les positions très pro-israéliennes de Trump.
Les autres pierres d’Obama dans le jardin de Trump
En fait, depuis l’élection présidentielle, Barack Obama ne cesse de jeter des pierres dans le jardin de son successeur. La participation historique cette semaine du Premier ministre japonais Shinzo Abe aux commémorations de Pearl Harbor en était une illustration supplémentaire. Donald Trump avait publiquement remis en question les termes de cette relation bilatérale, laissant par exemple entendre que le Japon devrait davantage contribuer au financement de sa défense s’il voulait conserver la protection américaine. Barack Obama avait, avant cela, également lancé une mise en garde à Donald Trump sur l’avenir des rapports des Etats-Unis avec la Chine.
Le président sortant des Etats-Unis a également pris des mesures en faveur de l’environnement, en interdisant notamment tout nouveau forage en Arctique et bloquant une éventuelle remise en cause de cette décision par son successeur. Lors de son allocution pour Noël, le démocrate avait là encore envoyé, entre deux plaisanteries, quelques signaux, en défendant son bilan ou en s’adressant « aux juifs américains, Américains musulmans, non croyants et Américains de tous profils et de toutes origines ». Enfin, lundi, il s’est dit « sûr » qu’il aurait remporté un troisième mandat si la Constitution lui avait permis d’être une nouvelle fois candidat. Un commentaire qui a pu déplaire à son successeur… Une chose est certaine : la tradition américaine qui veut que la transition présidentielle se fasse cordialement (du moins en apparence) a déjà connu de sérieux accrocs.
LeJJD.fr
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