Dakarmidi – Le général Gregorio « Goyo » Alvarez, qui dirigea l’Uruguay de 1981 à 1985 et fut le dernier dictateur issu du coup d’Etat de 1973, est décédé mercredi à l’âge de 91 ans d’un problème cardiaque.
Détenu depuis 2007 pour des crimes commis contre des opposants, il fut condamné en 2009 à 25 ans de prison pour la disparition de 40 personnes transférées depuis l’Argentine à l’époque où il dirigeait l’armée.
Le général Alvarez accéda à la présidence en septembre 1981, pour un mandat marqué par de fortes tensions au sein de l’appareil militaire, et des accusations lui reprochant de chercher à torpiller des négociations avec les politiques en vue d’un retour à un pouvoir civil. Cette période fut également marquée par des manifestations de rue de l’opposition.
« Sa mort ne résout rien, dans tous les cas on pourra dire qu’il est mort comme il a vécu, comme un dictateur, même si dans son cas, justice avait été rendue, estime sur RFI Lilian Celiberti, militante détenue sous la dictature. Les enquêtes sur ce qui s’est passé sont encore en cours, la responsabilité d’une dizaine de personnes a été établie. Ce pays a encore une dette envers la justice. »
« Une plaie ouverte »
En 1984, le général Alvarez préféra renoncer à ses fonctions plutôt que de passer le pouvoir à Julio Maria Sanguinetti, le chef du parti Colorado vainqueur des élections de novembre 1984 qui marquèrent le retour à la démocratie. Il quitta le pouvoir le 12 février 1985, deux semaines avant l’arrivée au pouvoir de Sanguinetti.Issu d’une famille de militaires, il avait gravi rapidement les échelons des forces armées pour devenir général à 45 ans. Il fut impliqué dans la préparation du coup d’Etat de juin 1973, dans un pays en proie à la violence politique et confronté à la guérilla urbaine de gauche des Tupamaros, dont José Mujica, président de l’Uruguay de 2010 à 2015, fut membre.
En tant que chef de la sécurité, il fut responsable d’actions contre les militants de gauche, marquées par des tortures, des assassinats et des disparitions perpétrés dans le cadre du « plan Condor » destiné à coordonner la répression dans les dictatures sud-américaines « cône sud ».
« En réalité, la mort d’Alvarez, même s’il était en prison, n’ouvre pas non plus la possibilité de récupérer sa mémoire. Je crois que malgré tout, il reste une plaie ouverte dans ce pays, celle d’une justice qui n’a pas été rendue complètement », juge Lilian Celiberti.
Avec RFI