Dakarmidi – C’est une nouvelle preuve que les criminels qui détiennent et maltraitent les migrants subsahariens en Libye sont sans scrupules. L’Organisation internationale des migrations dénonce la diffusion sur Facebook d’une vidéo dans laquelle on voit environ 260 migrants somaliens et éthiopiens retenus captifs dans le sud du pays.
Postées le 9 juin, ces images montrent une conversation entre ces réfugiés et un journaliste somalien basé en Turquie. Elle est utilisée par les criminels pour obtenir des rançons de la part des familles.
La vidéo dure une demi-heure. Et elle est pénible à voir. On y découvre, entassés sur le sol, des dizaines d’hommes ou d’enfants, amaigris, affaiblis. Ils disent ne pas recevoir de nourriture, être battus, torturés. Leurs dents ont été arrachées et leurs bras cassés. Devant la détresse de ses compatriotes, on entend même le journaliste pleurer.
Puis la caméra zoome sur un jeune allongé sur le ventre avec un parpaing sur le dos. « Je suis là depuis 11 mois, raconte le jeune. On m’a puni parce que je ne pouvais pas payer 8000 dollars pour partir. Ils m’ont cassé une dent et une main. On a mis cette pierre sur moi il y a trois jours. J’ai très mal ! »
Pour Léonard Doyle, porte-parole de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM), il ne faut pas se tromper sur le but de cette vidéo. « Les criminels utilisent depuis longtemps whatsapp pour cripter leurs conversations ou bien des pages facebook. Mais cette fois c’est encore plus macabre. Ils filment. C’est vraiment horrible ». La vidéo leur sert à extorquer de l’argent aux familles, explique Léonard Doylee : entre 8 et 10000 dollars par personne détenue sont exigés par les trafiquants.
« On essaie de savoir où sont ces gens et comment envoyer du secours. Mais c’est difficile. La Libye est un pays extrêmement dangereux. Ce n’est pas un camp officiel. Ce sont des taudis auxquels aucun humanitaire, aucun officiel n’a accès », nous Rfi.
Selon l’OIM, les migrants sont souvent enlevés autour de Raybana, dans le Sud, près du Soudan. Certains seraient détenus depuis six ans. Des centaines de migrants le long des routes de migration en Afrique du Nord sont achetés et vendus sur des « marchés d’esclaves » en Libye, ont raconté des survivants à l’agence des Nations unies sur les migrations et les témoignages se multiplient ces derniers mois.
La Rédaction