Dakarmidi – Sidy Lamine Niass ne compte pas lâcher du leste et a décidé de mener son combat jusqu’au bout. La cause, un contentieux entre le groupe Walf et la société française, Sonatel qui commence à prendre une autre tournure. Le patron de Walf accuse l’opérateur téléphonique Orange de vouloir « museler les populations« , à travers la suspension des serveurs vocaux de Walf-FM Dakar et, auparavant, ceux des stations régionales de Kaolack, Touba, Mbacké et Kaolack.
Il annonce une manifestation le jour même de l’inauguration, ce 7 décembre, de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), renseigne Walf Quotidien. Dans un entretien avec le canard, M. Niass n’y va pas du dos de la cuillère et accuse Orange d’être le cheval de Troie du pouvoir en place.
Les bisbilles avec la Sonatel ont débuté en fin 2016« , selon le boss de Walf qui poursuit: « le problème de la dette qu’on payait régulièrement a été posé par cet opérateur, au sujet des antennes régionales. On a demandé à la Sonatel de trouver un moyen d’échange de marchandises pour épurer la dette, comme ils le font avec d’autres organes. Nous sommes dans la communication et Sonatel en a besoin, via nos différents supports. Mais ils n’ont pas répondu favorablement à notre proposition.
Après négociations, Sonatel décide d’injecter seulement 50 millions de publicité par an à Walf. Et c’était la première fois depuis 2011. En même temps, elle a réclamé 144 millions que Walf doit payer. Malgré tout, on a fait une proposition de paiement qui doit prendre en compte le poids de Walf dans le champ médiatique sénégalais, sa position suivant les sondages ainsi que l’importance du groupe de presse qui compte une télévision, une radio, le journal et le site internet. Mais rien.
« Qu’est-ce qui amène à sanctionner le grand public ? Est-ce pour des raisons politiques pour régler des problèmes à caractère économique ? La Sonatel ne se positionne-t-elle pas comme bras armé de l’Artp ou le cheval de Troie du pouvoir pour sanctionner des organes de presse ? Sommes-nous dans une République ou dans une jungle où des parties prenantes se permettent de violer les termes d’un contrat à leur guise ?« , autant de questions qui taraudent l’esprit de Sidy Lamine Niass qui veut « être éclairés sur toutes ces interrogations« .
« Tout est parti du discours que je tiens, en tant que citoyen et intellectuel, sur Orange que je qualifie d’élément colonial qui continue d’accaparer les biens des Sénégalais comme à l’époque coloniale. Mon opinion sur ce point et l’argumentaire que j’émets dérangent Orange et les autorités sénégalaises. A plusieurs rencontres avec les responsables de Orange, on n’a même tenté de me faire croire le contraire, comme quoi Orange est un moyen économique pour mieux travailler en Afrique. Je n’y crois pas.
Je continue à croire que le problème du Sénégal est celui de la décolonisation qui n’est toujours pas effective, surtout sur le plan économique. Ce discours que j’exprime sous forme de prêche, n’a rien à voir avec la gestion. Les organes du groupe WalFadjri ne se sont jamais acharnés sur Orange. Ils sont tenus par des professionnels qui ne reçoivent d’orientation ni de directives dans le traitement de l’information.
Je n’assiste même pas à leur réunion de rédaction. Les journalistes de Walf travaillent en toute indépendance et en toute impartialité et aucune ingérence n’est tolérée dans l’exercice de leur métier.Les responsables d’Orange ne veulent pas faire le distinguo entre le Pdg que je suis et le travail bien fait par les professionnels. Mes positions vis-à-vis de la France, c’est ma conviction que je continuerai à défendre. Nous avons un problème d’indépendance. C’est le point de vue de Sidy Lamine Niass et pas la ligne éditoriale de Walf« , explique-t-il.
Une volonté « de museler les populations, à travers les émissions Wax sa xalat« , car, selon Sidy Lamine, « ces émissions dérangent car plusieurs responsables politiques l’ont dit à plusieurs reprises. Il en a été ainsi durant le régime de Wade et celui de Macky ne fait pas exception à la règle. Quand les citoyens dénoncent les errements du pouvoir, cela influe sur les décisions des bailleurs de fonds. Ce qui se passe à Walf depuis une semaine, avec l’arrêt du serveur, n’est rien d’autre qu’une forme de musellement des populations. Et ce n’est pas la première fois d’ailleurs« .
« Il aura fallu qu’une bande annonce soit diffusée sur Walf-Tv, annonçant une émission consacrée à la question, pour que les responsables de la Sonatel réagissent. (…) L’émission Diiné ak Diamono de ce jeudi consacrée au cas Sonatel aura bel et bien lieu à 21 heures, sur Walf-Tv. Une invitation en bonne et due forme a été adressée à la Sonatel, pour leur permettre de prendre part au débat et de faire valoir ses arguments s’il en a.
On ne cherche pas à tirer sur les responsables de Sonatel ni à amener des gens qui vont profiter de l’occasion pour se défouler sur eux. On veut un débat équilibré et clair pour le bien de tout le monde et pour que l’opinion publique soit éclairée. Il ne sera pas question de se défouler sur qui ce soit. S’ils brillent par leur absence, nous le ferons constater par le public. C’est pourquoi prendront aussi part aux échanges un économiste, un juriste, entre autres« , prévient-il.
Ainsi, si les serveurs vocaux des stations régionales de Walf-FM ne sont pas rétablis jusqu’au 7 décembre prochain, date de l’ouverture de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd), Sidy Lamine annonce l’organisation de « protestations dans toutes les régions du pays« , pour dire non à « cette forme de musellement« . « Et même au niveau de Orange Kaolack, Mbacké, Thiès et Louga« , annonce le boss du groupe Walf.