Dakarmidi -Si aujourd’hui Muhammad est un prénom de choix au sein de la Umma, de la communauté des croyants, il n’en a pas toujours été ainsi.
Les ulémas des premiers siècles de l’islam ont longtemps usé de leur autorité morale pour empêcher qu’il ne devienne un prénom courant. Ils voulaient éviter qu’il ne soit employé dans des phrases exprimant un blâme, telles que «Muhammad a menti» ou «Muhammad a volé.»
L’usage l’aura emporté, aussi bien pour le prénom original (et ses formes locales : Mehmet, Mohand, Mamadou, etc.) que pour tous ceux qui lui sont formellement apparentés. Citons notamment Mahmûd, Hamda, Hamâda, Hamdân, Hammâdî, Hâmid, Humayd, Hammûda, – et Ahmad, «le plus digne de louanges». Ce dernier prénom a un statut particulier.
D’abord parce qu’il est, dans le Coran, l’autre nom du Prophète : «Ô fils d’Israël [dit Jésus], je suis le messager de Dieu envoyé vers vous. Je viens confirmer le Pentateuque qui m’a précédé, et vous annoncer la venue après moi d’un Prophète du nom d’Ahmad» (51:6).
Ensuite, du fait de l’identification à laquelle a conduit ce verset, dès le deuxième siècle de l’Hégire (Ibn Hishâm, 150) : Muhammad/Ahmad serait le Paraclet annoncé par Jésus dans l’Évangile. «Et moi, je prierai le Père et il vous donnera un autre paraclet pour qu’il soit toujours avec vous» (Jean, 14:16).
Le prénom Muhammad existait avant l’islam
Le mot est généralement traduit par «intercesseur» ou «consolateur», qui correspond au grec parakletos. Les exégètes musulmans considèrent quant à eux la forme periklutos, qui se traduit par «loué», – autrement dit, «muhammad» en arabe.
Les noms de Muhammad et de Ahmad existaient avant l’islam, mais étaient relativement rares. Le Livre des Himyarites (VIe s.) mentionne même une forme féminine – Muhammada –, aujourd’hui disparue.
Avant la prophétie, Muhammad était connu sous le nom d’al-Amîn, «le Probe», un surnom, nous dit Ibn Hishâm, qui lui aurait été attribué eu égard à la droiture dont il faisait montre en toute chose, et spécialement dans le cadre de ses activités commerciales.
Après la prophétie, et devenu père d’un premier garçon, il deviendra Abû al-Qâsim, «père de Qâsim», un technonyme qui viendra enrichir la longue suite onomastique qui le désigne : Abû al-Qâsim Muhammad ibn ‘Abd Allâh ibn ‘Abd al-Muttalib ibn Hâshim ibn ‘Abd Manâf ibn Qusay al-Qurashî Rasûl Allâh.
Cette dernière épithète, – «Messager de Dieu» – figure rien moins que dans la shahâda, la profession de foi. Elle s’inscrit dans une lignée prestigieuse, chacun des grands prophètes en ayant reçu une de même forme : Abraham est ainsi Khalîl Allâh, «l’Ami de Dieu», Moïse, Kalîm Allâh, «l’Interlocuteur de Dieu», et Jésus Rûh Allâh, «l’Esprit de Dieu».
Jusqu’à mille noms prophétiques
Les noms du Prophète ont fait l’objet d’une abondante littérature, les ulémas tardifs ayant rivalisé de traités sur la question : Ibn Dihya al-Kalbî (XIIIe s.), al-Qurtubî (XIIIe s.), as-Sakhâwî (XVe s.) et as-Suyûtî (XVe s.), notamment. Ce dernier, auteur d’un Les beaux jardins : explication des noms du Meilleur de la Création, prie Dieu dans l’avant-propos que ce soit là le «sceau de son œuvre».
Le nombre de noms attribués au Prophète varie d’un savant à l’autre, certains en répertoriant jusqu’à mille.
Cinq parmi les plus importants sont cités dans un hadith authentique : «Je suis Muhammad [le Béni], Ahmad [le plus digne de louanges], al-Mâhî [l’Effaceur] à travers lequel disparaît l’incroyance, al-Hâshir [le Rassembleur], aux pieds duquel se rassembleront les hommes au jour du Jugement dernier, et al-‘Âqib [l’Ultime] auquel personne ne succédera.»
Zamanfrance
NB: le titre est de la Rédaction
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