I) Introduc
L’élection présidentielle qui vient de se dérouler au Mali, confirme bien, que la « stratégie du second » dont nos oppositions se font la « panacée», n’est pas seulement dangereuse pour le Président sortant, mais qu’elle peut aussi être fatale pour l’opposition dans sa quête pour une alternance démocratique par les urnes.
Confortée dans cette « stratégie du second tour » par une kyrielle de « Politologues » issus du milieu universitaire, d’organisations de la Société civile, et de « journalistes autoproclamés comme tels », l’opposition, dans nos pays, est tombée sous la coupe réglée de ce mythe, dans l’interprétation de causes de l’Avènement des « Alternances politiques démocratiques ».
C’est pourquoi, partout dans nos pays, la « dispersion des voix au premier tour », est perçue comme la voie royale pour amener le Candidat sortant au second tour pour le faire partir.
Ces « politologues » et cette opposition qu’ils influencent dans sa stratégie électorale, semblent oublier, qu’une élection présidentielle est avant tout, un tournant décisif dans « la lutte pour la prise du pouvoir », de la manière la plus pacifique et la plus démocratique possible.
C’est en cela que, « la lutte pour la prise du pouvoir » relève de « rapports de force » au sein de la société, qui sont forgés tout le long du mandat du Président sortant, que la campagne électorale cherche à orienter, le jour du scrutin, au profit de l’un des prétagonnistes.
Le vote, et les conditions de son déroulement sur le terrain, ne sont donc que la résultante de ces rapports de forces le jour du scrutin, et non pas seulement, l’existence des meilleurs textes possible de « Code électoral ».
En effet, ceux qui sont à l’œuvre, dans les bureaux et centres de vote, qu’ils soient membres du bureau, observateur de la société civile nationale, ou représentant de parti, de CENI ou de CENA, sont tous des électeurs qui participent à l’expression du suffrage pour traduire, en résultats électoraux, le niveau des rapports de force entre le candidat sortant et l’opposition.
Ainsi, aucun participant national au scrutin dans le bureau de vote, n’est « neutre électoralement », puisque tous participent, par leur suffrage, à conforter les rapports de force en faveur du pouvoir ou de l’opposition.
C’est pour cela que dans une élection présidentielle à deux tours, ce sont les résultats du premier tour qui déterminent l’avenir du second tour.
Le premier tour est donc le moment le plus stratégique dans l’élection présidentielle,puisque, celui qui le gagne peut supprimer le second tour s’il a un score de plus de 50%, ou, en cas de second tour, est automatiquement qualifié.
Par contre, pour l’opposition, en perdant le premier tour, l’impact de la « stratégie de dispersion des voix » peut lui être électoralement fatal.
En effet, l’analyse des situations de l’opposition en cas de deuxième tour, au Mali et au Sénégal, en donne une bonne illustration.
Au Mali, en 2013, la « stratégie du second tour » avec comme conséquence la « dispersion des voix », avait produit les résultats suivants au premier tour:
IBK : 39,4% ;
Ismaïla Cissé : 19,44% ;
Demba Dembélé : 9,56% ;
Mamadou Sidibé : 4,87%
Guindo
Ainsi, le deuxième n’avait pas atteint la barre fatidique des 20%, alors que le total de ses trois suivants faisait moins de 19% !
Même le total de voix des trois premiers de l’opposition qui est de 33,87% et inférieur à celui du gagnant du premier tour qui est de39,4% !
Donc, les rapports de force issus au premier tour ne pouvaient pas faire naître dans l’opinion, une quelconque chance pour Ismaïla Cissé, d’être perçu comme pouvant servir de locomotive pour sa victoire au second tour, victime qu’il a été de sa propre stratégie du « second tour ».
En 2018, avec la même stratégie, la même histoire s’est répétée.
En effet, là où IBK améliorait ses résultats par rapport à 2013, en obtenant 41,42% au premier tour, Ismaïla en perdait en ne récoltant que 17,6%, tandis que la « dispersion des voix » n’a permis au troisième que d’accrocher 7,95% et au quatrième, 7,46%.
Le total des voix des trois premiers de l’opposition n’est que de 33.01, contre41,42% du vainqueur du premier tour.
Encore une fois, le choix de la « dispersion des voix de l’opposition » a été fatal à Ismaïla, qui arrive toujours second, mais avec un score qui ne lui permet pas d’incarner la victoire au second tour.
Donc, comme en 2013, au second tour, les maliens ont «voté utile » en confortant celui a avait gagné au premier tour, et une bonne partie de l’opposition, a « joué réalisme » en tournant le dos à Ismaïla, pour mieux se positionner dans le camp de la majorité issue du premier tour.
Ainsi, l’électorat malien et nombre de leaders de l’opposition se sont révélés politiquement rationnels dans leur choix au second tour, pour éviter de rendre leurs pays ingouvernable.
C’est une véritable preuve de maturité politique et de civisme de très haut niveau.
C’est avec l’expérience du Sénégal, que l’on comprend mieux les limites politiques et sociales de la « stratégie du second tour » à l’élection présidentielle.
III) Expérience du Sénégal
D’ailleurs, au PIT, nous avions toujours, dans l’opposition, été contre cette stratégie du « second tour» qui implique une politique de « dispersion des voix » au premier tour, de « dispersion des forces de l’opposition durant la campagne électorale », et de « positionnement politique individuel dans le champ politique », en proposant un rassemblement des forces de l’opposition le plus largement possible, pour influer, dès le premier tour, sur l’évolution des rapports de forces en mesure, sur les lieux et bureaux de vote, de garantir l’expression libre et démocratique du suffrage du peuple, le jour du scrutin, et de faire respecter son suffrage exprimé.
Malheureusement, nos « politologues » et « autres journalistes auto proclamés comme tels », pour conforter la « stratégie du second tour », n’ont trouvé rien d’autres pour nous contredire, que de carricaturer notre Parti en nous traitant de « cabine téléphonique », et notre stratégie, qualifiée de « yobaléma » !
Mais malgré tout, c’est notre stratégie de large rassemblement des forces de l’opposition dès le premier, qui a pris le dessous et qui a créé, les conditions de rapports de force entre pouvoir et opposition, ayant conduit à deux Alternances politiques démocratiques et pacifiques dans notre pays, comme l’illustrent les exemples de 2000, de 2007, et de 2012 au Sénégal.
C’est ainsi qu’en 2000, notre stratégie de large rassemblement avait permis l’avènement d’un « Pôle de Gauche »regroupant divers partis marxistes et socialiste-autogestionnaire » qui s’est retrouvé avec le PDS, parti libéral, pour créer une forte Coalition, la « CA2000 »,pour limiter au maximum la « dispersion des voix » au premier tour, malgré la persistance dans l’opposition du choix de la « stratégie du second tour ».
Au résultat, le Président sortant avait obtenu 41,3% des voix au premier tour, son second représenté par le Candidat de la CA.2000 obtenait 31,0%, suivi de Niasse avec 16,7% et de Djibo Ka avec 7,8%.
La CA.2000 avec Niasse comptaient à eux seuls, 47,78% des suffrages, qui sont nettement supérieurs au 41,3% du candidat sortant !
C’est ainsi que dès le premier tour, les conditions de confiance en l’avènement d’une Alternance pacifique étaient réunies au tour de Wade et ce Niasse.
C’est pourquoi, malgré le ralliement de de DJibo Ka à Diouf, l’électorat était acquis,dès le premier tour, à la défaite du candidat sortant, pour réaliser la première alternance démocratique depuis 1960.
Par contre en 2007, la « stratégie du second tour », avec dispersion des forces et des voix le jour du scrutin, au détriment de notre appel à un large rassemblement, a été catastrophique pour l’opposition.
Au résultat, le candidat sortant gagnait le premier tour avec un score de plus de 50%qui a éliminé le second tour, faisant mordre la poussière à tous ceux qui rêvaient d’un second tour.
C’est forte de cette raclée, que l’opposition est devenue plus ouverte à notre stratégie de large rassemblement qui s’est matérialisée par le succès du boycott des Législatives de juillet 2007, mené par un large front de l’opposition, le « Front SIGGIL SENEGAAL » (FSS), par la tenue des « Assises nationales du Sénégal » en 2008, sous l’égide d’un rassemblement citoyen plus vaste composé du FSS, d’Organisations de la Société civile ( CONGAD et le L’ONDH) et du monde rural, (CNCR) du Conseil National du Patronat , de l’UNACOIS, de la Presse avec le Sympics, et de Hauts Gradés, à la retraite de l’Armée, de la Gendarmerie, et de la Police, et des organisations de jeunes et de femmes.
Ce vaste rassemblement des forces vives de la Nation s’était traduite, au plan politique, par la création d’un rassemblement de forces politiques, encore plus large, « Benno SIGGIl SENEGAL », (BSS), faisant évoluer progressivement les rapports de force politique sur le terrain en défaveur du pouvoir lors des élections locales de Mars 2009.
Cette nouvelle coalition posait ouvertement la nécessité d’une Alternance démocratique au pouvoir libéral de Wade, en perspective de la Présidentielle de 2012.
Dès lors, les rapports de forces politiques se structurer autour de ces deux camps politiques, celui du pouvoir avec le PDS, et celui de l’opposition avec BSS.
C’est cette bipolarisation de la vie politique qui a servi de cadre de lutte pour la réforme du Code électoral, l’audit du fichier électoral, et les luttes pour la défense des libertés démocratiques, et le respect de la Constitution.
C’est une telle dynamique qui a abouti à lacélèbre journée du 23 juin 2011 qui a mis en échec le « projet de Wade de dévolu monarchique du pouvoir au profit de son fils », et son « projet d’élection du Président de la République avec 25% du suffrage exprimé dès le premier tour ».
Cette dynamique qui a créé, le « Mouvement dub 23 juin », qui s’est renforcée et s’est élargie, pour contrer ladécision de Wade de « briguer un troisième mandat inconstitutionnel » pour la Présidentielle de 2012.
La population voyait ainsi dans BSS et le M23, les deux moteurs pouvant, de concert, faire aboutir son aspiration à une nouvelle alternative démocratique et pacifique, pour créer les conditions d’édification d’une véritable « République Démocratique Laïque, Citoyenne » dans un « Etat de Droit » soucieux de Paix civile et de Justice sociale.
Mais cette bipolarisation qui imposait une« candidature unique de l’opposition au tour d’un « Programme Commun de Transition », n’a pas su se matérialiser lors du choix de candidatures au premier tour.
Malgré les mises en gardes du PIT et d’une majorité dans BSS, la tentation de la « stratégie du second tour » a pris le dessous, comme au Mali.
Mais contrairement au Mali, elle n’a pas produit une grande « dispersion des voix de l’opposition qui a receuilli autour de ses trois principales composantes, respectivement, 26,48% avec Macky Sall, suivi de Niasse avec 13,20% et de Tanor avec 11,3%, totalisant 51,8%
Des lors, les rapports de force issus du premier tour de la Présidentielle, indiquaient clairement la possibilité de battre le candidat sortant au second tour, en renouant avec la stratégie de large rassemblement préconisée par le PIT.
Ce qui fut fait à l’issu du second tour avec la création de « Benno Bokk Yakaar » (BBY).
C’est l’égide de BBY que le peuple Sénégalais venait de réaliser une « deuxième alternance démocratique et pacifique » portant aux yeux du monde, son estime et sa considération au firmament.
Ainsi, de ces expériences d’alternances démocratiques à l’élection présidentielle, au Mali et au Sénégal, il faudrait retenir que la « stratégie du second tour » est aussi mortelle pour le candidat sortant, que pour l’opposition.
L’éparpillement des forces de l’opposition durant la campagne électorale que cela implique, et « l’éparpillement des voix » au premier tour, constituent son tendon d’Achille dans sa quête pour une « alternance démocratique.
Cela peut lui faire perdre dès le premier tour comme en 2007 au Sénégal, et au deuxième tour en cas de « forte dispersion des voix » comme au Mali en 2013 et 2018.
Cette stratégie donc pose à l’opposition un défi majeur, celui franchir la barre des 25%dès le premier tour à l’un d’entre eux, et le total des 20% pour ces deux suivants, soit un score d’au moins de 45% pour ses trois premiers.
Seuls trois poids lourds dans l’opposition pourraient réaliser ensemble un tel score, mais cela est contraire avec « la stratégie du second tour ».
Cela est démontré au Sénégal où, en 2000, l’existence d’un Pôle de Gauche influent,d’un PDS et d’un AFP, mobilisateurs, et surtout après le regroupement Pôle de Gauche et PDS, dans le cadre de la CA2000, a pu limiter les dégâts électoraux du choix de l’opposition de la « dispersion des voix » au premier tour.
Le Candidat sortant fut battu dès le premier tour.
Cela s’est reproduit en 20212, autour de l’APR, de Nisasse et de Tanor.
Le candidat sortant a été battu dès le premier tour.
Ainsi l’expérience des luttes pour l’Alternances au Mali et au Sénégal, prouve sans aucun doute, que la stratégie de rassemblement dès le premier tour, est la seule qui puisse créer les conditions politiques de rapports de force pouvant la réaliser démocratiquement et pacifiquement.
Pour le Pouvoir, comme pour l’Opposition, « ça passe ou ça casse » dès le premier tour.
Cette leçon d’expérience prouve le bien- fondé de la stratégie des forces au pouvoir de maintenir, de consolider, voir d’élargir le rassemblement des forces vives de la Nation autour de leur Candidat sortant, et en même temps, prouve le manque de pertinence et d’efficacité électorale de la « stratégie du second tour » dont raffole l’opposition, fortement appuyée par nos « politologues » et autres « journalistes auto-proclamés comme tels ».
Diouf, comme Wade, en 2000 et 2012, n’ont pas su conserver la « majorité » qui les ont porté au pouvoir, et l’ont payé par la perte de celui-ci, malgré la toute- puissance de l’Etat qu’ils contrôlent, et les moyens matériels et financiers à leurs dispositions.
Au Mali, IBK a échappé à ce syndrome, en faisant tout pour maintenir son alliance avec l’ A .DE.MA du Président Diacounda, ancien Président de la Transition au Mali, alliance qui l’a porté au pouvoir en 2013.
Cette Alliance a tenu bon, malgré la défection d’une minorité de l’ADEMA qui s’est avérée électoralement sans conséquence négative pour IBK.
Au Sénégal, Macky Sall a su conserver, contre vents et marrées, BBY qui l’a porté au pouvoir, et jette toutes ses forces pour sa cohésion et son élargissement, face à une opposition encore en prise avec la « stratégie du second tour ».
Le problème des adeptes « de la stratégie du second tour », c’est qu’ils ne prennent pas en compte suffisamment le fait, que l’élection présidentielle, est une « lutte pour le pouvoir », et, est l’expression pacifique des affrontements de classes et couches sociales pour le contrôle de la destinée des peuples.
Dans une telle lutte pour le pouvoir, un Code électoral, des normes et une éthique sont certes nécessaires, pour que cette lutte pour le pouvoir soit la plus pacifique possible, mais il serait erroné de croire une seule seconde, que les comportements des acteurs dans les bureaux et centres de votes vont être dictés par ces textes, quelque soient leur pertinence et leur valeur éthique et morale.
Personne, et dans aucun pays du monde, ne cède le pouvoir pour des valeurs éthiques et morales, mais, contraint et forcé par les rapports de force en vigueur.
Chaque camp se défendra pour le contrôle du pouvoir de manière légale ou illégale, s’il n’y a pas en face, des protagonistes aussi décidés qu’eux.
D’où l’impérieuse nécessité d’équilibre des forces en présence dans les bureaux et centres de vote le jour du scrutin, que ne favorise pas la « stratégie du second tour » de l’opposition.
C’est ce handicap congénital dans l’établissement des rapports de force, que l’opposition cache derrière des « dénonciations d’achats de conscience », de « corruption », et de « détournement de suffrage », pour expliquer sa défaite électorale.
Elle dénonce le rôle néfaste de l’argent dans l’expression du suffrage du citoyen, mais jamais le rôle de l’argent dans les systèmes politique et électoral du pays.
Elle exige même que les partis politiques soient financés par le budget, et ne récuse pas le cautionnement, qui ne permet qu’aux riches de briguer la Présidence de la République !
Cette introduction de l’argent dans les systèmes politique et électoral de nos pays, fortement appuyée par des ONG internationaux et des bailleurs de fonds, est à la base des perversions décriées dans les élections.
Mieux, personne d’entre eux ne se réchigne à limiter et à contrôler les dépenses de campagne électorale, ni à exiger une « Déclaration de patrimoine » à tout candidat à la Présidentielle, alors que le Candidat sortant y est soumis !
Donc pour eux, il faut de la transparence dans l’origine du patrimoine du candidat sortant, mais de l’opacité totale sur celle des candidats concurrents !
L’engagement politique et la campagne électorale sont devenus « des fonds de commerce » à des fins de perversion de notre vie politique, pour empêcher l’émergence d’une conscience nationale en mesure d’assumer l’Indépendance de nos peuples dans le choix de ses dirigeants pour prendre en main leur destin.
C’est ainsi qu’ils ont accepté un système politique et électoral, qui sécrète et entretient la corruption dans la recherche d’une clientèle politique, pour conserver ou accéder au pouvoir, tout en accusant ceux qui s’en sortent le mieux, puisque disposant de plus d’argent.
Au Sénégal, cette situation est plus grave qu’au Mali pour ce qui est de la cautionqui est de 65 millions, contre 25 millions, mais, elle est plus pernicieuse au Mali,avec le financement des Partis politiques, auquel aspirent ceux du Sénégal.
En tentant de limiter l’effet pervers de l’argent sur les candidatures à la Présidence de la République, le Mali a opté pour coupler la caution avec un parrainage par un nombre d’élus retenu dans la moitié des régions du pays, mais sans mettre en place un dispositif de traque et de sanction des « fraudeurs ».
C’est ainsi qu’une culture « d’achats de parrains » non sanctionnés pénalement ou politiquement s’est développée, amplifiant le rôle pervers de l’argent dans le système électoral du Mali, suscitant une très vive indignation dans les médias.
C’est pour éviter ces travers, que le Sénégal a opté de diminuer substantiellement la caution, et a instauré un « parrainage citoyen » encadré par une série de sanctions « du parrain et du parrainé » en cas de « fraude ».
Ce faisant, le Sénégal mit fin à la« location de récépissé de parti » à des candidats de la société civile qui étaient seuls soumis à un « parrainage citoyen », pour contourner leurs obligations légales pour être candidat à la Présidence.
La levée de bouclier de notre opposition et d’une partie d’organisations de la société civile, contre ces mesures d’assainissement de notre système politique et de notre système électoral, démontre à quel degré l’argent a perverti la vie politique au Sénégal.
Il s’est même dégage une grande majorité d’opinions pour augmenter le pouvoir d’argent par l’instauration d’une forte caution qui élimine les moins nantis, la suppression du parrainage pour faire des élections un « fonds de commerce », pour le financement des partis politiques dans le Budget de l’Etat pour renforcer leurs poids financiers, et pour l’impunité de tout responsable politique de l’opposition pour ne pas répondre de leurs violations des lois de la Républiques!
Et, paradoxalement, ce sont eux-mêmes qui qui dénoncent avec plus de véhémence, les « achats de conscience »,et la corruption dans notre système électorale, comme si ces phénomènes néfastes et dévastateurs pour notre société, ne sont pas le produit de la place qu’occupent les puissances d’argent dans notre vie politique et notre système électoral !
Ce qui est extraordinaire chez notre opposition, c’est qu’elle ne se rend même pas compte que le « parrainage citoyen »pour tous, limite la dispersion excessive des voix qu’implique leur « stratégie de second tour », et leur donne l’opportunité de se regrouper pour dégager deux à trois fortes coalition en mesure de canaliser au moins 45% des voix au premier tour, pour leur permettre de créer les conditions d’une victoire au deuxième tour !
Cette attitude de notre opposition laisse croire que chacun d’entre eux est rentré en politique pour réaliser son «propre destin », et non « un idéal de société » qu’il a en partage avec elle ou telle partie de la société.
Chacun d’entre eux veut se faire un« Capital » avec le soutien d’un puissant partenaire, à l’intérieur du pays ou à l’extérieur, à investir en politique pour se faire une « clientèle », afin d’accéder au pouvoir et aux ressources du pays, comme d’autres investissent dans les « affaires »pour tirer profit du travail de leurs employés !
C’est cette mentalité qui rend vulnérable aux puissances d’argent, qu’ils exploitent afin d’accéder à nos ressources naturelles et à nos marchés publics.
C’est pourquoi, ils sont réfractaires à toute« déclaration de patrimoine » à la candidature pour l’opposition, et qu’ils sont contre toute « reddition des comptes » pour un opposant ayant géré des ressources publiques, mais tout juste, pour ceux qui sont encore avec le pouvoir.
Ainsi, les « entrepreneurs politiques » ont de beaux jours devant nous, et se recouvrent souvent du manteau de « preux chevaliers » imbus de vertu et d’humanisme, pour gagner le cœur des plus vulnérables de nos populations.
Les républicains et démocrates de notre pays et de la sous-région, devraient se ressaisir pour se libérer de ce mythe de « sauveur suprême du peuple » que les puissances d’argent inculquent dans le subconscient de chacun d’entre nous pris individuellement, pour perpétuer leur domination de nos peuples.
C’est ce mythe qu’entretient pernicieusement la « stratégie de second tour » à l’élection présidentielle, puisque chacun, pris individuellement, s’y voit en face du candidat sortant, et s’y trouve une opportunité de réaliser son rêve de devenir « Président de la République »!
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL