Dakarmidi – Ancienne pensionnaire de l’ensemble lyrique traditionnel du Théâtre national Daniel Sorano, Madiodio Gningue, décédée à l’âge de 66 ans, laisse derrière elle une famille éplorée et un monde de l’art gagné par la tristesse. Ses anciennes compagnes de Sorano et non moins collègues comme Soda Mama Fall et Kiné Lam sont d’ailleurs toujours inconsolables ; cette dernière avait d’ailleurs l’habitude de dire que « c’est grâce à Madiodio qu’elles ont su comment s’habiller correctement. Car, elle était la plus coquette que toutes ».
Madiodio a fait les beaux jours de l’Ensemble lyrique traditionnel du Théâtre national Daniel Sorano. Ayant pris sa retraite depuis octobre 2007, elle continuait à vivre de son art et avait tenu à relever un dernier défi, rendre hommage à son bienfaiteur, le président Abdoulaye Wade dans une chanson.
Etant issue d’une famille de griots, Madiodio a commencé a chanté dès l’âge de 7 ans. Cette grande dame de la musique traditionnelle sénégalaise a été honorée durant sa carrière artistique par deux distinctions nationales : Chevalier de l’Ordre du Mérite et Officier de l’Ordre du Mérite. Distinctions qu’elle avait reçues respectivement en 1996 et 1998 et qu’elle aimait montrer avec fierté. Estimant qu’on ne peut pas payer un artiste, compte tenu du bonheur qu’il apporte à son peuple, elle se félicitait souvent de la volonté politique du gouvernement d’aider les artistes. « Le gouvernement a bien fait en pensant à la protection sociale des artistes. C’est très important pour les artistes », disait-elle dans une interview.
Selon son entourage c’était une femme très gentille, disponible et très généreuse. Décédée le mardi 02 juillet 2013 à Dakar dés suites d’une longue maladie, l’ancienne divas de Sorano a chanté dans tous les registres avec des thèmes très éducatifs allant de l’amour à la famille, en passant par la vie sociale. Mais c’est avec le morceau «Louyass», titre éponyme au début des années 90, pour dénoncer la cherté de la location au Sénégal, qu’elle a surtout marqué les esprits. Madiodio aimait s’inspirer de la vie quotidienne des populations. Car 20 ans après «Louyass», la location est tout aussi chère au Sénégal, sinon plus encore.
Madiodio Gningue était en phase avec ce dicton de feu Ndiaga Mbaye qui disait que «Way bu diglewul, yetewul ay naxatela» (une chanson qui n’enseigne pas ou n’éduque pas, n’est que tromperie). Selon les témoignages elle était une fervente musulmane et avait un sens de l’honneur. Rappelons simplement que ses amis et collègues artistes lui rendent un hommage à la hauteur de sa carrière musicale, ce samedi 21 juillet 2018 au théâtre national Daniel Sorano.
La rédaction