Dakamidi –
Macky Sall n’est pas Wade. Mais il y a en lui du Wade. Un Wade ‘’light’’ ! Il est un silo de manèges politiques qu’il sait manier avec subtilité et habilité, en usant de l’appareil judiciaire ou de l’appareil d’Etat, pour mettre hors d’état de nuire ses contradicteurs et ses probables challengers. Il les soumet à un mutisme politique ou les fait entrer dans le ‘’Macky’’. Et c’est toujours l’hameçon financier qui lui sert d’astuces de pêche dans l’océan politique. L’épinglé finit par s’éclipser ou par se ranger.
Avec Macky Sall, personne ne peut deviner si la roue va tourner du côté sombre ou du côté apaisé. Il a terrassé Wade qui fut d’une unique ingéniosité politique. Sa génération ne l’ébranle pas. Deux ans après son accès à la Présidence de la République, il s’est retrouvé, à la veille du référendum de Mars 2016 comme des Législatives dont les résultats présageront la géopolitique pour la Présidentielle, dans un contexte où il doit se mettre en œuvre pour écraser, du dehors, les lions qui rugissent, et du dedans les mouches qui cochent.
Dans l’adversité, personne n’est, avec lui, trop grand pour déchoir, ni trop petit pour le rejoindre. Il connait la dimension sensible de l’argent au Sénégal, pays où les citoyens n’hésitent pas dans les marchés comme dans la rue publique à lyncher un pickpocket pris la main dans le sac. Et dans l’arène politique, quiconque est accusé de malversations financières avec des preuves tangibles et irréfutables subit la flétrissure qui attend les prédateurs.
La CREI fut le premier appareil institutionnel qu’il a eu le courage, mais aussi la ruse politique, de mettre en scelle. Il en sait trop sur les gens du PDS avec qui il a cheminé des années. Il sait aussi que l’enrichissement est combattu au Sénégal quand il est obtenu par des procédures illicites, immorales, corrompues et putrides. L’ayant bien compris, il fait sonner les étriers de la reddition des comptes.
Awa Ndiaye de la Génération du Concret, la femme aux célèbres cuillères, rejoignit illico presto sa famille marron beige. Abdoulaye Baldé et Pape Diop restent dans leur coin, mais modérèrent leur langage et actes et ne se permettant jamais d’attaquer la personne de Macky Sall.
Ousmane Ngom, l’ancien Ministre de l’Intérieur, rua sans hésiter à l’Avenue Senghor et fut l’un des premiers à brandir le drapeau blanc.
Karim Wade gommé
Le fils de son père était à deux pas du Pouvoir. Un destin présidentiel lui était présagé. Vice-président de fait, aussi puissant en pouvoir que son père sinon plus, une dévolution monarchique de la Présidence de la République par une acrobatie de la Loi fondamentale était formellement conçue à son bénéfice. Une reddition de comptes ne lui était point soumise. D’une fortune immense et incommensurable, un quota gouvernemental, dans les Institutions comme dans les Directions et Agences nationale fut à sa disposition. Mais le peuple dit Non dans l’ornière du Président de l’Assemblée nationale qui se dressa. Macky Sall est son nom. Elu en mars 2012, il mit en scelle la CREI.
Ce fut l’époque où, Karim Wade, ivre de splendeur, de triomphe et de rêve, se voyait tresser les lauriers d’un challenger. Mais ce que soupçonnait la Nation se confirma par des investigations amples et larges de comptes bancaires logés dans des paradis fiscaux. Son masque fut arraché et il tomba ! L’épilogue est un exil, une situation judiciaire de proscription et une image de prédateur de finances. Et du Qatar, nul n’entend de lui une voix politique que veulent faire entendre des égarés.
Khalifa Sall souillé
Il fut longtemps considéré comme un potentiel challenger, non seulement de Ousmane Tanor Dieng, mais aussi, et surtout, de Macky Sall. Redoutable socialiste, ancien Secrétaire national des Jeunesses socialistes, actuel Secrétaire national à la Vie politique, deux postes stratégiques dans un appareil politique, plusieurs fois ministres, Khalifa Sall a tissé une toile. Et est devenu une bête politique.
Mais veule dans le combat dont les coups sont reçus et donnés par ses ouailles, clair-obscur dans l’affrontement, il a mené une lutte par procuration et a fini par y être englouti. La témérité de ses lieutenants, la flagrance de ses moyens financiers et les coûteuses randonnées politiques qu’il mène ont fini par mettre l’IGE à ses trousses, sur instruction indubitable de Macky Sall.
Puissante institution de contrôle et de vérification, l’IGE a épié et trouvé un usage nébuleux de la Caisse d’avance de la Mairie et a mis en cause sa crédibilité politique en indexant sa responsabilité morale. La polémique et la controverse qui s’en suit desservent Khalifa et l’image d’un responsable politique pareil aux autres le suit. Malgré les apparences, il en a le cœur meurtri et la conscience troublée. Son nom est souillé. Son avenir politique est hypothéqué. Une accusation délicate de détournement est passée par là.
Et après Karim et les autres libéraux, Macky réussit ainsi à déplumer le socialiste Khalifa à qui il faut beaucoup de gymnastique et de temps pour reprendre des ailes triomphalistes, légitimer ses ambitions et se donner l’image d’un challenger crédible aux mains propres.
Le génie de Macky est ainsi un tueur politique financier. Le vol révolte les sénégalais, qu’il soit soupçonné ou prouvé. Et tout accusé, en politique, en subit des effets déstabilisateurs.
Madior Salla
Source Gawlo