Dakarmidi – Le vote musulman pèsera-t-il de tout son poids dans la balance électorale américaine et la fera-t-il pencher plutôt du côté d’Hillary Clinton que de Donald Trump ?
La question, brûlante d’actualité, donne lieu à toutes les spéculations, à l’heure où une certitude se fait jour : les musulmans américains ne bouderont pas les isoloirs, comme l’atteste le nombre record d’inscriptions sur les listes électorales qui a doublé par rapport à la présidentielle de 2012.
En effet, plus d’un million d’électeurs de confession musulmane sur les quelque 3 millions qui vivent aux Etats-Unis sont désireux d’accomplir leur devoir civique, notamment dans les Etats où leur forte concentration pourrait influer sur l’arbitrage des urnes.
Faut-il voir derrière cette mobilisation sans précédent l’effet Trump, hautement toxique, qui a infecté le débat public de sa rhétorique venimeuse et foncièrement islamophobe ? Si le plus populiste des Républicains avait voulu stimuler l’électorat musulman et le pousser irrésistiblement vers les bureaux de vote, il ne s’y serait pas mieux pris qu’en exhortant à stopper net l’immigration musulmane et à refouler les réfugiés à l’entrée de la première puissance mondiale…
« Habituellement, je suis avare de compliments envers les candidats, mais là, je tiens à remercier Trump pour avoir provoqué un véritable électrochoc au sein de la communauté musulmane. Les musulmans, comme rarement auparavant, ont pris conscience de l’importance que revêt leur vote le 8 novembre prochain, dans le climat inflammable ambiant », a déclaré, non sans une pointe d’ironie, Nihad Awad, directeur général du Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR).
Trump, le démagogue de la pire espèce, dans le rôle de l’arroseur arrosé ? La scène, presque gagesque, ne manquerait assurément pas de piquant, et pour qu’elle devienne réalité, des associations musulmanes ont investi le terrain tout au long de l’année, installant des kiosques pour inciter leurs coreligionnaires à s’inscrire sur les listes électorales aux abords de plus de 2 500 mosquées, de 500 établissements scolaires et d’une kyrielle de centres communautaires disséminés à travers le pays.
Les imams, très impliqués également, se sont chargés d’éclairer les fidèles sur la nécessité de voter pour prendre leur destin en main, d’autant plus que l’arène politique ne se prive pas de les pointer du doigt, sans pour autant que leurs sermons aient des accents de meetings politiques…
Selon le récent sondage réalisé par le CAIR, les premières tendances du vote musulman confirmeraient ce que l’on pouvait aisément subodorer : 72% des électeurs de confession musulmane glisseraient le bulletin Clinton dans les urnes, contre seulement 4% en faveur de son rival, Trump.
Cela étant, la réelle influence du vote musulman sur l’issue finale de la présidentielle demeure des plus incertaines, tant le nombre d’électeurs musulmans est infime dans certains Etats considérés comme clés, tels que la Floride, le Michigan, l’Ohio, la Pennsylvanie et la Virginie, là où les deux ennemis jurés de l’Amérique sont non seulement à couteaux tirés, mais au coude-à-coude dans leur course effrénée à la Maison Blanche.