Dakarmidi – L’effet fait rage, ceux qui sont indexés d’être gâtés par le régime en place traitent les « alerteurs » de méchants, de persécuteurs, de lâches et de haineux.
Le Sénégal marche avec des béquilles depuis l’avènement de Macky Sall, c’est le moins que l’on puisse dire, la justice utilisée comme poison pour tout « rebelle », une situation devenue presque intolérable, qui choque tout un peuple, déçu de l’homme sur qui son choix fut porté un 25 mars 2012, ce même homme qui avait promis la rupture, avec une nouvelle République assise sur des fondements indéboulonnables, loin de tout acte discriminatoire, le peuple alors, devrait-il continuer de croire en l’homme ou tout simplement se méfier de son regard emprunté à l’iguane.
Les juges ne sont même plus à l’aise dans leur robe, cette robe sacrale témoin du serment qui devait être le sacerdoce de leur noble mission, la roue motrice de toute République correcte, connectée à la jurisprudence, en phase avec les droits les plus inaliénables. Nos juges sont mal à l’aise dans les relations que la chancellerie voudrait entretenir avec eux, une situation inélégante, déplorée très souvent dans les couloirs où basculent les plateaux de la balance. Une sorte de dichotomie et d’inconvenance étalées en balustrades teintées, qui empêchent de faire du droit, quand il est dit, une vérité. Les sénégalais du matin au soir osent affronter avec bravoure et dignité, les dures réalités du pays, ils se battent comme de vaillants guerriers pour survivre et faire vivre leur génie, en entreprenant de grandes choses, n’est-ce pas enlever Wade à la tête du pays, ne fut guère une petite entreprise!
Ils savent qu’oser est un capital loin de la peur et loin de tout handicap, en dépit du marasme économique qui sévit sur nos terres comme si y vivre était payant. Et à chaque fois qu’ils (les sénégalais) croient apercevoir le bout du tunnel, ils se heurtent au gigantesque mur de la camaraderie dressée pour les amis de l’Etat, du clan, et des périphéries circonstanciées. Un grand savant grec avait émis le souhait de repenser le mot oser pour le rattacher à entreprendre, dans la Grèce antique, il avait aussi fait appel aux mots morale, équité, intégrité, déontologie et élégance, mais il avait trébuché en voulant composer la phrase qui allait permettre de creuser l’herméneutique de « oser », car le sens qu’il allait lui coller malheureusement était inélégance, inconvenance, manigance, errance et aberrance.
Il était alors découragé de ce que sa société lui offrait comme solution ou alternative alors que les plus choyés restaient dans l’opulence à tout prix, utilisant des intellectuels qui avaient osé entreprendre et qui s’étaient finalement retrouvés dans le sillage des pénombres, comme leur couteau aiguisé, une forme vicieuse de dégrader la faculté première de l’homme, la raison consciencieuse. Alors le peuple qui aura tout essayé s’est tu, cela ne veut pas dire que tout marche pour lui, bien au contraire il encaisse les contrevérités et les classe en ordre loin de toute amnésie, il détecte les acteurs qui ont fécondé ces appâts factices et se prépare à les sanctionner au moment des comptes.
Le peuple a le droit et le devoir d’oser, d’essayer d’entreprendre mais le constat paralyse son élan, toutes les issues de la République sont barricadées, et derrière ces barricades agissent en toute sécurité et en toute aisance, les camarades dans un esprit de tactique fine, qui désobéit à toutes les règles de précellence et de morale adaptée à « l’imparfaitie » de l’homme. Le pays de Senghor a besoin d’un lifting car ses rides ont assiégé et déformé sa face, et cette situation a tendance à décrédibiliser l’image de notre pays ici et ailleurs.
Quand l’alerteur se lève et dénonce la misère du peuple, les « gâtés de la République » pleurnichent, vocifèrent, et oublient en même temps que les sénégalais souffrent, réclament des comptes et veulent une nouvelle alternance. Le Sénégal peut-il rejoindre ce monde meilleur que revendiquent ses enfants, alors que l’essence de ce meilleur Sénégal souhaité est seulement dispatchée dans les rangs des camarades, et personne n’ignore les rapports privilégiés entretenus dans les camps de faveurs pour rendre plus élastique les passions, les vices et les envies. Alors à la place d’oser entreprendre, le peuple trahi, accuse. À la place de se taire, il se lève, dénonce et se soulève. En attendant qu’un vent violent passe dans les parages pour emporter avec lui cette mascarade et cette parade qui auront trop duré sur les terres des « hommes de refus ».
La Rédaction
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