Dakarmidi – Le sapin. L’utilisation de branchages verts, symbole d’une nature persistante, est liée depuis très longtemps aux célébrations païennes qui accompagnent l’arrivée du solstice d’hiver. Durant les fêtes des Saturnales, les Romains décoraient ainsi leurs maisons ou leurs banquets avec des tresses de lierre ou des branches de résineux… La tradition du sapin est également très ancienne chez les peuples du Nord. Pendant la Réforme, les protestants préfèrent plutôt le sapin à la crèche – on fait déjà des arbres de Noël en Alsace au XVIe siècle –, et il faut attendre le XIXe siècle pour que son usage se généralise dans les familles fortunées, vite imitées par les bourgeois. Aujourd’hui, on en écoule un peu plus de 6 millions en France, à l’occasion des fêtes.
Les boules multicolores. Les premiers arbres de Noël ne connaissaient pas les ornements surchargés que l’on voit aujourd’hui. On y accrochait notamment des bougies, des pommes – symboles du jardin d’Éden –, des figurines de bois et des biscuits faits maison que les enfants dégustaient lors des fêtes de Noël ou le 1er janvier. Les pommes rouges sont devenues peu à peu des boules de verres magnifiquement décorées, et les figurines ou autres symboles ont ensuite été fabriqués en série.
La bûche. Elle est concrètement liée à la veillée que l’on passait autour du feu, alimenté par de grosses bûches sèches. Dès le Moyen-Âge, le chef de famille choisissait la plus belle bûche, capable de se consumer longtemps, au moins pendant trois jours, pour symboliser l’arrivée d’un nouveau cycle et la promesse de bonnes récoltes. Après l’avoir décorée avec un ruban ou du feuillage, il la bénissait et le plus jeune du clan – ou le plus âgé – était chargé de l’allumer avec du feu ramené de l’église. Avec l’arrivée du chauffage, on en fit une friandise à déguster en famille…
L’étoile. Elle brille en haut du sapin et rappelle celle qui guida les mages « venus d’Orient » à la crèche, selon l’évangile de Matthieu. Le phénomène a dû être assez impressionnant pour pousser des prêtres ou des intellectuels perses à faire le chemin jusqu’en Judée. Or, les astrophysiciens savent aujourd’hui qu’une formidable conjonction de planètes a eu lieu en l’an 7 avant J.-C. dans la région : Jupiter et Saturne se sont rapprochés trois fois de suite dans l’année, avec un bouquet final au début de l’an 6, la Lune et Mars venant renforcer des deux autres astres au soleil couchant. Serait-ce la fameuse étoile ? On sait aujourd’hui que Jésus serait né entre l’an 8 et l’an 4 de notre ère. Tout concorde…
La crèche. Il semblerait que des petits spectacles liturgiques autour de la nativité aient été organisés depuis déjà le XIe siècle dans certaines églises, autour d’un décor reconstitué. Mais la tradition veut que la première crèche ait été inventée par Saint-François-d’Assise, en 1223, pour mieux expliquer la naissance du Christ aux paysans de la bourgade de Greccio, en Italie. On célébra ce soir-là la messe sur la mangeoire, entre un bœuf et un âne amenés pour l’occasion, ainsi que des figurants. Le succès de cette représentation fut tel que l’idée se répandit rapidement. Naples inventa des décors fastueux au XVIIIe siècle, tandis que la tradition s’enracina en Provence, autour des fameux « santoun », les « petits saints ». La crèche, née dans les églises, s’invita dans l’intimité des familles dès la Révolution française puis connut son essor au XIXe siècle.
Le père Noël. À l’origine, il y a Saint-Nicolas, un évêque d’Asie mineure devenu le protecteur des enfants, très populaire en Europe du Nord et dans l’est de la France, où il est fêté le 6 décembre avec un homme déguisé en rouge, avec une barbe et une crosse – signe distinctif des évêques – qui distribue des friandises aux enfants. Les Hollandais vont l’importer aux États-Unis en fondant New York, où les Américains le rebaptisent Santa Claus, dérivé de Saint-Nicolas. Le personnage légendaire se laïcise, il est toujours en rouge, mais sans la mitre et la crosse. Coca-Cola finit de le transformer en bonhomme débonnaire dans les années 1930, pour des raisons marketing. Une silhouette qui s’imposera en Europe dans les années 1950, face à une église parfois récalcitrante.
Il est né le divin enfant. Le tube de la nativité, chanté à chaque messe de Noël, n’est pas le plus vieux des cantiques traditionnels : il date du XIXe siècle et la musique proviendrait d’un ancien air de chasse. Mais sa mélodie entraînante l’a rapidement imposé dans toutes les célébrations lors de la procession de l’Enfant Jésus porté dans la crèche. D’autres chansons sont plus anciennes, comme « Entre le bœuf et l’âne gris » (XIIIe siècle) ou « Adeste Fideles » (XVIIe siècle), d’origine anglaise.
Les treize desserts. Il s’agit d’une tradition provençale liée au souper que l’on prend lors de la veillée de Noël. Les convives pouvaient picorer différentes sucreries festives comme le nougat blanc et noir, des fruits confits, des dates, des pommes… Le nombre symbolique fait écho aux douze apôtres attablés autour du Christ lors de son dernier repas, la fameuse Cène. Parmi ces desserts, on compte les mendiants, des fruits secs qui rappellent les quatre ordres religieux consacrés aux pauvres : amandes pour les Carmes, figues sèches pour les Franciscains, raisins secs pour les Dominicains et noix ou noisettes pour les Augustins.
Le 25 décembre. Il s’agit d’une date plus symbolique qu’authentique, car Jésus n’est sûrement pas né ce jour-là… Cette période correspond à celle du solstice d’hiver, c’est-à-dire le moment où on entre dans la froide saison en attendant le printemps, l’époque également où les jours recommencent à s’allonger : tout un symbole. Dans l’Antiquité, elle correspond à la fête des Saturnales, grande période festive où les banquets succèdent aux fêtes. Le 25 décembre, les Romains célébraient également Sol Invictus, le « Soleil invaincu », pour marquer la renaissance du soleil, fortement associé à l’image de l’Empereur. Après la conversion de l’Empire au christianisme, au IVe siècle, la date du 25 décembre devient progressivement celle de la naissance du Christ, considéré par les chrétiens comme leur véritable soleil. On intègre alors les rituels païens aux célébrations chrétiennes.
Les cadeaux. Les Romains s’offraient déjà des présents pour les Saturnales… Mais les cadeaux de Noël rappellent surtout ceux des mages d’Orient, venus adorer le Christ, les mains pleines d’offrandes. Dans certains pays, comme en Espagne, ils sont d’ailleurs distribués le jour de l’épiphanie, début janvier. La pratique se généralise surtout dans les familles aisées au XIXe siècle : on offre des présents aux enfants, les adultes attendent le nouvel an pour partager des étrennes. Aujourd’hui, la pratique s’est étendue à toute la famille…
Marc Fourny
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