Dakarmidi – Trois jours après l’arbitrage des urnes de l’autre côté de l’Atlantique, l’effet Trump n’aura pas tardé à inspirer et libérer les plus noires pensées dans un lycée situé à Gwinnett, dans l’Etat de Géorgie, à la consternation d’une jeune professeure voilée, spécialisée en sciences du langage, à qui elles étaient directement adressées. Tel un sort maléfique qu’un sombre inconnu a voulu lui jeter (un lycéen, selon toute vraisemblance, non identifié à ce jour), exalté par le grand soir de celui qui aura soufflé sur les braises pour s’accaparer le pouvoir, le mot glaçant découvert vendredi, dans sa salle de classe, par Mairah Teli, 24 ans, lui est tombé des mains et pour cause !
« Votre foulard n’est plus toléré dorénavant. Pourquoi n’attachez-vous pas votre voile autour de votre cou, au lieu de le mettre sur la tête, et ne vous pendez-vous pas avec ?« , a-t-elle lu effarée, réalisant que ce message, signé « l’Amérique » et illustré par la bannière étoilée, sonnait comme une odieuse incitation au suicide.
En état de choc, Mairah Teli a pu heureusement compter sur le soutien sans faille et la sollicitude de ses collègues, tous partageant sa stupeur teintée d’indignation, tandis que la direction de son établissement scolaire s’est immédiatement fendue d’un communiqué assurant que tout « sera mis en oeuvre pour retrouver et sanctionner l’auteur de cette note. » Cette linguiste chevronnée, et pédagogue dans l’âme, ne pouvait que tenter de dépasser son immense émotion pour mettre des mots sur la violence de l’islamophobie, quand elle se traduit par des paroles qui frappent et blessent cruellement.
Sur l’estrade, devant ses élèves, elle s’est tenue debout face à ce racisme ravageur et avivé à dessein pour mieux le désamorcer au cours d’un débat riche d’enseignements, favorisant la confrontation des points de vue de manière dépassionnée, intelligente et constructive. « Nous vivons à une époque où il y a beaucoup de désaccords, beaucoup de conflits. Il est important de leur enseigner comment être en désaccord avec autrui, dans la compréhension et le respect mutuels », a insisté la courageuse enseignante du lycée de Gwinnett qui a choisi Facebook pour éclairer les esprits obscurcis par les ténèbres « trumpiennes ». « Répandre la haine ne contribuera pas à la grandeur de l’Amérique », a-t-elle avertit sans animosité, ni rancoeur, mais avec gravité.
Oumma