Dakarmidi – « Si Dieu est le créateur de tout ce qui existe, le soleil, les arbres, la terre, alors…qui a créé Dieu ? » « Où est-ce que j’étais avant que Dieu ne me crée ? » Zaynab, ma fille de cinq ans, a commencé à me poser des questions de plus en plus fréquentes au sujet de la foi, de Dieu et de la raison de son existence sur terre. Elle a cet âge merveilleux et tendre, où son univers de possibilités s’étend à la vitesse de la lumière.
Comme tous les enfants de n’importe quelle religion, elle commence à apprécier les éléments d’un autre monde immatériel dans son expérience terrestre – se délectant, par exemple, dans la croyance musulmane qu’un ange est assis sur chacune de ses épaules, s’empressant de noter tout ce qu’elle fait de bien ou de mal. Elle aime l’idée que Dieu soit omniprésent, la protégeant des dangers dont elle ignore même l’existence. Elle aime le fait que tout, même la chose la plus insignifiante, s’inscrive dans un ensemble cohérent et chargé de signification.
En tant que parent, ma mission est de préserver cette innocence et de conserver son expérience de la foi aussi joyeuse et merveilleuse qu’elle l’est pour l’instant. Je réalise cependant à quel point cela va se révéler difficile. Je me souviens de quand j’avais son âge. C’était une période exaltante d’innocence et de vulnérabilité. Mais je me souviens également le moment où, pour moi, ces questions au sujet de la foi sont devenues plus confuses.
Je redoute le jour où Zaynab demandera, « Pourquoi nous haïssent-ils ? »
A la mi-décembre, des affiches dans le métro ont fait leur apparition représentant les tours du World Trade Center en flamme le 11 septembre 2001. Elles citaient, hors de son contexte, une phrase du Coran : « Bientôt Nous jetterons la terreur dans le cœur des infidèles. »
Ces publicités ont fait les gros titres et ont très rapidement gagné l’espace public – à laquelle nos enfants sont malheureusement facilement exposés. Cette rhétorique rend la vie des enfants musulmans américains comme Zaynab bien plus complexe que pour les générations précédentes dont je fais partie. Pourtant, lorsque je lui enseigne notre foi, mon point de départ est le même que celui que mes parents ont utilisé pour moi, et que les parents religieux utilisent partout dans le monde : une connaissance fermement ancrée dans la présence de Dieu – en tout temps et partout autour de nous.
Quand j’étais une adolescente, cette leçon fondamentale m’a permis d’éviter les tentations auxquelles mes contemporains ont succombé. D’ailleurs, dans les jours, les mois qui ont suivi le 11 septembre 2001, cette certitude de l’existence de Dieu m’a permis de dépasser ces moments. Je savais que les enseignements de l’islam avaient été pervertis par des terroristes, qui avaient tenu à les déformer afin de pouvoir servir leurs propres fins politiques.
L’omniprésence de Dieu est également la raison qui m’a permis de continuer à me sentir rassurée et confiante, même lorsque des étrangers me fixaient, soupçonneux du foulard que je portais à l’époque. Je souhaite que ma fille ait la même certitude.
En tant que parent musulman américain, j’ai à mener des luttes particulières dans le paysage post 11 septembre. Mais comme beaucoup d’autres parents de différentes religions, je souhaite que ma fille puisse trouver dans sa foi un lieu de réconfort et de sécurité, un refuge contre la rudesse.
Ce n’est pas un chemin que je parcours seule. J’ai appris aux côtés d’amis, de collègues appartenant à d’autres fois et qui partagent cette difficulté d’élever nos enfants dans un climat spirituel fertile. Chacun d’entre nous devons faire face à notre propre défi, mais en partageant l’un avec l’autre, et en apprenant de chacun, cela peut nous aider à créer ce refuge pour nos enfants.
Asma Uddin
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