Dakarmidi -Yahya Jammeh, l’ex-président gambien, est certes parti de son pays, mais au vu des tractations qui ont conduit à son départ de la Gambie après 22ans de règne sans partage, il y a de quoi espérer que son sort est loin d’être scellé.
Il s’est exilé en Guinée Équatoriale après une escale à Conakry. Il est parti dans la nuit du samedi 14 au dimanche 15 janvier via Conakry où un avion du président Obiang l’attendait pour l’amener à Malabo. Ainsi, ça ne sera ni le Nigeria, ni le Maroc, encore moins la Guinée ou la Mauritanie, mais le pays du président Obiang Nguema qui va l’accueillir, ce pays d’Afrique centrale, qui n’a jusque-là jamais été évoqué dans cette histoire. Alors qu’est-ce qui motive un tel choix dernière minute?
Selon plusieurs sources proches des négociateurs, le Maroc, était prêt pour accueillir Yahya Jammeh et cette option était sérieusement envisagée jusqu’à vendredi. Le Maroc, et même le royaume chérifien a multiplié les offensives diplomatiques au moment où il souhaite réintégrer l’Union africaine. Le pays aurait notamment eu la préférence de l’épouse guinéo-marocaine de Yahya Jammeh.
Ce n’est que vendredi, au cours des ultimes négociations, que le président Obiang aurait offert l’asile à l’ex-chef d’Etat gambien, une offre qui aurait eu le double avantage de rassurer Yahya Jammeh face à d’éventuelles poursuites judiciaires, et de satisfaire la requête du camp de Barrow et de la Cédéao qui ont souhaité que Jammeh soit éloigné le plus géographiquement possible de Banjul ».
Toujours selon ces sources, l’option du Nigeria, proposée mi-janvier par le Parlement, aurait été écartée par Jammeh lui-même, d’une part parce que le Nigeria a été un des premiers pays à mobiliser ses troupes pour une intervention et d’autre part car Yahya Jammeh aurait craint d’être éventuellement rattrapé par la justice. En effet, du temps du président Obasanjo, Abuja avait offert l’asile au Libérien Charles Taylor, avant finalement de le livrer au Tribunal spécial pour la Sierra Léone.
De plus, le Nigeria est membre de la Cour pénale internationale, tout comme la Guinée. Conakry n’aurait d’ailleurs jamais été envisagée autrement que comme une étape, affirment nos sources.
L’opposition équato-guinéenne vent debout
Sauf que cet exil en Guinée-Equatoriale n’est du goût de tout le monde. La Convergence pour la démocratie sociale (CDPS), l’un des principaux partis d’opposition dans ce pays, a condamné dans un communiqué rendu public ce dimanche l’initiative du président Obiang d’accorder l’asile au dictateur gambien, Yahya Jammeh, en parlant d’une décision qui viole, selon lui, les lois en vigueur.
« Monsieur Obiang n’a consulté aucune institution, n’a consulté personne ici avant de prendre sa décision, c’est-à-dire que Monsieur Obiang ne respecte pas les institutions du pays, de la République, critique Andrés Esono, le secrétaire général de la CDPS. Il prend ses décisions comme il veut, et quand il veut. »
Et le CDPS ne veut pas d’un « dictateur » dans le pays. « Je crois que cet homme devrait faire face à la justice de son pays. Nous ne pouvons lui donner un exil d’or ici, quand il a commis beaucoup de crimes chez lui. »
Avec Rfi
Add A Comment