L’Ethiopie a discrètement changé sa politique envers les 170 000 réfugiés érythréens qui vivent sur son sol. Ils obtenaient jusque-là une protection automatique, dès lors qu’ils avaient fui leur pays. Tel n’est plus le cas aujourd’hui, satisfaisant ainsi une ancienne revendication du régime érythréen.
Dans les camps le long de la frontière érythréenne, c’est l’inquiétude. Sans déclaration officielle, désormais l’agence éthiopienne des réfugiés n’accorde plus de protection systématique aux fugitifs qui arrivent d’Erythrée. Certains nouveaux arrivants sont dûment enregistrés, mais d’autres, comme les mineurs, sont simplement écartés, selon de nombreux témoignages.
Un réfugié du camp de Hitsas où vivent plus de 10 000 Erythréens explique par ailleurs que les autorités leur ont annoncé en mars que le camp serait bientôt fermé. Il dit qu’il ne sait pas quoi faire, sinon tenter sa chance vers la Libye.
« Il y a peut-être un millier d’enfants seuls dans le camp, déplore en outre un humanitaire sur place. Les chasser revient à les offrir aux trafiquants. »
Une vieille revendication de l’Erythrée
Selon un porte-parole de l’agence éthiopienne des réfugiés cité par Associated Press, la protection se fera désormais au cas par cas, pour toutes les nationalités. Selon lui, l’ancienne pratique était « incontrôlée » et entraînait des abus.
Le HCR comme l’organisationHuman Rights Watch ont dénoncé ce changement de politique, lequel satisfait une vieille revendication de l’Erythrée, qui considère l’exode de ses citoyens comme un complot pour déstabiliser son régime, avec le soutien des organisations internationales.